Les groupes entièrement féminins ne sont pas légion dans le metal, mais les groupes de doom / death le sont encore moins ! On en tient pourtant un avec Konvent qui sort son deuxième album, "Call Down The Sun", deux ans après l'écrasant et poisseux "Puritan Masochism" qui avait déjà broyé quelques vertèbres.

Sans perdre de temps dans une quelconque introduction, le groupe démarre directement avec "Into The Distance" avec ces guitares et cette basse bourdonnantes et les growls profonds de Rikke Emilie List qui annoncent la couleur instantanément. Le tempo est évidemment écrasant, les riffs bien sales et l'ambiance générale évoque une petite promenade rampante dans les égoûts, le nez plongé dans la fange avec en bonus des fragrances de cadavres non identifiés directement dans les narines. Une légère accélération en fin de morceau donne des airs de mastodonte menaçant marchant droit sur nous et rend le tout encore plus malsain. Parce qu'il faut préciser pour les rares qui n'auraient pas encore compris que ces Danoises ne sont pas là pour plaisanter, Konvent vous veut du mal et va vite vous le faire savoir. D'ailleurs, un sample au début de "Sand Is King" nous fait clairement entendre "There will be no peace", la note d'intention est claire comme du sang frais ! Là encore, le tempo se fait parfois à peine plus rapide, juste de quoi donner l'occasion à la double grosse caisse de se faire entendre. Konvent prend des airs de char d'assaut qui avance lentement mais sûrement vers vos os fragiles dans ces moments-là et si le poids ne suffit pas à vous écraser, ce sont les ambiances qui vont s'en charger. Ces demoiselles ne font pas dans la doom teinté de romantisme noir à l'anglaise, mais bien du doom / death sale et poisseux qui couple la puissance écrasante d'un Bolt Thrower à l'ambiance putride d'un Asphyx qui aurait viré misanthrope sociopathe. "Grains" adopte un rythme qui rend le morceau presque accrocheur malgré une ambiance toujours aussi noire mais avec un petit peu plus mélancolique cette fois.

En tout cas, ces quarante-cinq minutes sont pesantes, crasseuses et "Call Down The Sun" nous fait faire un tour de montagnes russes entre ambiances désespérées, noirceur nihiliste et rares moments de colère rentrée. C'est certes assez classique dans le genre mais l'authenticité ne fait aucune doute et les ambiances vous prennent à la gorge quand les riffs ne sont pas en train de vous broyer les os. Konvent donne volontairement à sa musique un caractère monolithique et hypnotique, le tempo ne varie que rarement et les ambiances ne passent que de la mélancolie à la noirceur totale. Il en ressort un climat apocalyptique qui annonce le déclin inexorable, la mort qui s'approche lentement mais sûrement de tout. "Call Down The Sun" a par conséquent une allure de bloc de charbon, c'est un monolithe qui se dresse sur votre chemin et dont la surface polie reflète tout ce que vous ne voulez pas voir. Comme l'exige la tradition, les morceaux sont assez longs et naviguent en gros entre cinq et sept minutes, ce qui permet d'appuyer l'aspect hypnotique sans trop s'étirer non plus. L'équilibre est suffisamment bien dosé pour que ce type d'ambiance fasse son effet sans rendre les quarante-cinq minutes trop longues. La production puissante mais doté de la dose de crasse et de fuzz nécessaire appuie encore cette impression d'être submergé par ce torrent de boue. Il n'y a que "Harena" pour amener quelque chose de plus mélodique et poignant en clôture d'album, avec des passages d'une beauté saisissante. Une ambiance qui tranche franchement avec le reste de l'album et qui apporte quelques rayons de lumière pour une fin d'album d'autant plus marquante.

Un nouvel album dans la lignée de son prédécesseur pour Konvent qui continue avec "Call Down The Sun" de nous écraser avec son doom / death sale, putride, noir et monolithique. Si l'ensemble ne bouscule pas les habitudes, le groupe a sa patte et l'ambiance qu'il délivre sur ce nouvel album est toujours aussi saisissante. Tout est là pour qui aime le genre et ce dernier morceau à la beauté tragique enfonce le clou et nous laisse espèrer d'autres bonnes surprises à l'avenir.