Le groupe
Biographie :

KMFDM (abréviation de Kein Mehrheit Für Die Mitleid, que l'on pourrait traduire par "pas de pitié pour la compassion"ou plus simplement "pas de pitié pour la pitié") est un groupe de rock / metal industriel dirigé par le multi-instrumentiste Sascha Konietzko, qui a fondé le groupe en 1984 comme un projet de performance artistique. KMFDM a sorti dix-neuf albums studio et deux douzaines de singles avec plus de deux millions d'albums vendus rien qu'aux États-Unis. Le groupe a subi de nombreux changements de personnel et a accueilli des dizaines de musiciens. Sa première formation comportait le batteur allemand En Esch et le chanteur britannique Raymond Watts ; ce dernier a quitté et réintégré le groupe à plusieurs reprises au cours de son histoire. Le guitariste Günter Schulz rejoint le groupe en 1990, jusqu'à la disparition du groupe en 1999. Konietzko ressuscite KMFDM en 2002 (Esch et Schulz ont refusé de rejoindre le groupe), et en 2005 forme un nouveau groupe incluant la chanteuse italienne Lucia Cifarelli, les guitaristes Jules Hodgson et Steve White et le batteur britannique Andy Selway. KMFDM est considéré comme l'un des premiers groupes à faire connaître la musique industrielle à un public traditionnel. Alors que le groupe a toujours utilisé beaucoup de guitares, l'ajout de riffs de Schulz a déplacé le groupe vers un son plus metal industriel. Le groupe intègre des riffs de guitare lourds, de la musique électronique, des samples, et des voix souvent féminines dans sa musique.

Discographie :

1984 : "Opium"
1986 : "What Do You Know, Deutschland?"
1988 : "Don't Blow Your Top"
1989 : "UAIOE"
1990 : "Naïve"
1992 : "Money"
1993 : "Angst"
1995 : "Nihil"
1996 : "Xtort"
1997 : "Symbols"
1999 : "Adios"
2002 : "Attak"
2003 : "WWIII"
2005 : "Hau Ruck"
2007 : "Tohuvabohu"
2009 : "Blitz"
2011 : "WTF?!"
2013 : "Kunst"
2014 : "Our Time Will Come"
2017 : "Hell Yeah"
2019 : "Paradise"
2022 : "Hyëna"


Les chroniques


"Hyëna"
Note : 14/20

Bien qu’il soit parfois ardu de placer les lettres de son nom dans le bon ordre, KMFDM s'est imposé comme un acteur majeur dans l'univers industriel, poussant souvent les limites du genre avec un son agressif et percutant (ou parfois complètement plus dansant). Le groupe allemand revient avec "Hyëna", une hyène (avec un tréma) qui promettait une explosion sonore sans précédent. Cependant, on ne va pas mentir plus que certains : cet album suscite des réactions mitigées, bousculant les attentes des fans et ouvrant le débat sur la direction artistique de KMFDM mais en laissant quand même le goût de déjà-entendu...

"Hyëna" présente une facette résolument turbulente de KMFDM. Les morceaux tels que "Rock 'N' Roll Monster" et "Blindface" sont des décharges d'énergie sauvage, avec des rythmes industriels implacables et des riffs incisifs. On retrouve également la voix caractéristique de Sascha Konietzko, délivrant ses paroles percutantes avec un mélange de colère et de cynisme. Cependant, certains auditeurs pourraient trouver que cette agressivité constante manque de nuances et d'évolution, donnant l'impression d'une certaine redondance au fil de l'album. L'exploration de territoires sombres et hypnotiques est également présente sur "Hyëna". Des morceaux comme "Black Hole" et "Immortally Yours" créent une atmosphère oppressante et ténébreuse, mêlant des sons industriels à des mélodies envoûtantes. Cependant, cette ambiance peut parfois sembler un peu forcée et prévisible, ne parvenant pas à surprendre pleinement l'auditeur.

Il est indéniable que KMFDM maîtrise l'art de créer une musique industrielle puissante et abrasive. Tout comme les compétences techniques des membres du groupe d’ailleurs. Et, comme toujours dans la discographie des germains, l'album présente des moments de pure intensité. Néanmoins, et comme d’habitude finalement, certains auditeurs pourraient souhaiter une plus grande exploration sonore et des expérimentations plus audacieuses, afin d'éviter une certaine monotonie.

Avec "Hyëna", KMFDM livre un album qui personnellement me divise (oui, c’est possible). Bien qu'il présente des moments d'agressivité brute et des ambiances sombres captivantes, il présente une redondance apparente et un manque de surprises flagrant. Cependant, il ne faut pas nier la maîtrise technique du groupe et l'impact de leur son industriel. "Hyëna" reste un album qui saura trouver son public parmi les amateurs de musique industrielle sans compromis, mais qui pourrait laisser certains auditeurs sur leur faim, en espérant plus d'innovation et de diversité dans la musique de KMFDM (ce qui est un tantinet absent sur les derniers albums du groupe).


Rm.RCZ
Septembre 2023




"Paradise"
Note : 14/20

On ne présente plus KMFDM, ce groupe que j’écoutais à fond il y a encore une dizaine d’années et qui a su donner ses lettres de noblesse au rock / metal industriel. Oui mais ça, c’était avant. Je dois avouer que j’avais totalement perdu de vue les vieux papys allemands car honnêtement, je trouvais que ça partait trop en couilles. À force de vouloir faire plaisir à tout le monde et de partir dans tous les délires qui leur passaient par la tête, KMFDM m’avait un peu saoulé… Mais nous sommes en 2019, et j’ai su mettre ma rancœur de côté pour tester leur nouvel opus : "Paradise", sorti sur Metropolis Records.

On ne va pas tortiller du cul pour chier droit : cet album est un pot-pourri regroupant à peu près tout ce que sait faire la formation allemande. On débute avec "K.M.F.", mélange futuriste de musique électronique aux notes hip-hop… Pourquoi pas. "No Regret" sonne plus rock, toujours avec un fond de musique électronique derrière. On dirait un peu The Prodigy, en plus old school et surtout beaucoup moins pêchu. Dommage. "Oh My Goth" laisse place à une voix féminine intéressante, mais qui malheureusement n’est pas accompagnée par une instru' de qualité (malgré quelques p’tits coups de basse sympathiques).

Et puis on arrive au titre éponyme. Huit minutes de KMFDM qui fait du KMFDM. Là, on discute entre gens sérieux. Du gros riff bien indus, ça sonne très Rammstein, malgré une certaine répétitivité (comment ça "justement" ?). La voix pose enfin ses couilles sur la table, avec un ton qui m’a fait penser à Murderdolls, dans un style complètement différent. On a également droit à un solo de guitare plutôt réussi, bien qu’assez surprenant sur ce type de morceau.

"WDYWB" part un peu trop dans tous les sens, on y trouve des mélodies sympa mais on a l’impression qu’elle ne décolle jamais (à part pour se mettre en mode disco…). "Piggy" fait penser au générique d’un James Bond… Admettons. "Disturb The Peace" sonne plus EBM, j’aime bien. "Automaton" offre un cocktail electro appréciable, malgré une voix trop retouchée. "Binge Boil & Blow" est là pour nous rappeler qu’on écoute du rock industriel, heureusement. "Megalo" part dans un délire synthwave, alors que l’on termine cet album sur "No God", morceau très dub. Ouf ! Fini.

Que retenir de cet album ? Pas grand-chose. Trop déséquilibré, on trouve de tout, pas forcément dans un ordre logique d’ailleurs. Alors certes, KMFDM possède un putain de talent qui leur permet de toucher à tout avec beaucoup d’aisance, mais franchement, je ne les écoute pas pour avoir du dub. Idem, si je veux de l’electro, je vais voir ailleurs. Enfin, je me console avec quelques titres qui sauvent l’ensemble, à commencer par "Paradise", et des textes toujours aussi engagés.


Grouge
Octobre 2019




"Hell Yeah"
Note : 14/20

KMFDM officie depuis maintenant plus de trente ans et sort rien que son vingtième album "Hell Yeah" (on aura vu mieux comme titre d’accroche). Le groupe américo-allemand a toujours évolué entre une EBM agressive et un metal indus édulcoré. Inclassable, il navigue entre ces deux mondes pas si éloignés que ça au final, représentés pour l’un par D.A.F., Front 242, Die Krupps… et pour l’autre Nine Inch Nails, Ministry et autres comparses.

Pour ce nouvel opus, KMFDM réunit l’équipe Konietzko, Lucia Cifarelli aux voix et synthé, Jules Hodgson à la guitare / basse, Andy Selway à la batterie, and Steve White à la guitare. La pochette à l'artwork très reconnaissable signe le retour de l’artiste Aidan “Brute” Hughes et met en avant la critique du système actuel où le digital gouverne l’esprit de ce monde. En effet, KMFDM a toujours été un groupe engagé et il ne déroge pas à la règle avec "Hell Yeah" dans lequel il y fait une critique plus que jamais politique : "RIP The System", "Total State Machine", "Glam, Glitz, Guts And Gore" etc. "Hell Yeah" n’est pas l’album qui va révolutionner la carrière du groupe, ceci étant, KMFDM a instauré un son qui lui est totalement propre et aux premières notes on l’identifie immédiatement. Ce qui, en soi, est une réussite. L’album présente des titres tout à fait variés qui permettent de ne jamais s’ennuyer. Ici l’EBM est savamment mélangée à de d’electro pop ("Murder My Head"), du reggae ("Opression ½ 2/2") , du dubstep, de l’indus saturé proche de Ministry sur les titres "Total State Machine" et surtout "Glam, Glitz, Guts And Gore", ou encore le rageux groove de "Rx 4 The Damned". Il donne inévitablement envie de taper du poing sur un imaginaire baril métallique dans une usine désaffectée (allez, avouez, on l’a tous fait en écoutant de l’indus !).

KMFDM réussit le pari de garder sa patte et son son très reconnaissable, sans surprise réelle mais tout en étant agréable à écouter grâce à des compositions bien travaillées et accrocheuses. Cet album séduira les fans, tout comme ceux qui ont aimé le projet parallèle d’Al Jourgensen, Surgical Meth Machine, sorti en Avril 2016.


Grouge
Octobre 2017




"Kunst"
Note : 15/20

Un mois après la sortie du dernier Combichrist, un autre monument de l’electro rock nous offre à son tour un nouvel album ; mais contrairement à un LaPlegua désireux de renouer avec un son plus metal indus, sa reconnaissance internationale l’ayant quelque peu ramolli ces derniers temps ; KMFDM, probablement le groupe qui possède le plus imposant background de la scène electro rock, a étrangement décidé d’œuvrer dans un EBM traditionnel. Non pas que l’album soit mauvais, bien au contraire, mais il risque de déstabiliser sérieusement les fans de la première heure, qui l’accuseront probablement de perdre son âme.

N’étant pas un puriste de ce groupe que j’ai découvert sur le tard, j’avoue avoir trouvé mon compte à l’écoute de "Kunst". A commencer par le titre éponyme en guise d’ouverture, voix distordue et mélodie synthétique, ultra beat, riffs de guitares intéressantes et bien sûr Sascha Konietzko, père fondateur du combo il y a presque trente ans, mais a-t-on besoin de le rappeler. Un titre très KMFDM, fédérateur en live, classique mais efficace. La très mignonne Lucia Cifarelli, vient poser sa voix pleine de reverb, sur le très étrange "Ave Maria", Sascha lui donnant la réplique dans un vocal très étouffé nasillard. Un drôle d’objet qui devient vitre très hypnotisant. "Quake", en revanche, était plus dispensable avec ses samples un peu trop techno, ses riffs trop "Guitar Hero" (le jeux hein !) et ses pseudo-"houra", fun mais pas très rock. "Hello" débute sur des riffs chargés et une double caisse électronique puis débouche sur la voix de Lucia, mélodique et susurrante, qui n’est pas sans rappeler celle de Shirley Manson, débouchant sur une explosion, blast (certes une boîte à rythmes) / voix hurlées, c'est pêchu. "Next Big Thing" alterne voix robotique à la Kraftwerk et chant catchy, assez linéaire mais plaisant. "Pussy Riot", comme son nom l’indique… mais y a-t-il besoin de préciser ? Un hymne electro punk, voix féminines à la texture clairement revendicative appuyée, anecdotique mais sympathique. "Pseudocide" est le titre le plus Ministryien avec son refrain à circle pit, on s’imagine déjà les projos d’images en live. "Animal Out" retombe dans un electro classique tendance EBM féminin, dansant mais pas essentiel. "The Mess You Made" ouvre sur une longue intro débouchant sur un son limite trance avec des samples mécaniques qui ne sont pas sans rappeler Orbital ou Autechre. I ♥ Not débute sur des pleurs et une voix d’enfant se poursuit par une voix grave et sinistre, ajoutant au nihilisme du titre. L’absence de guitare, remplacée par une très belle mélodie au synthé envoûte et désamorce ce qui aurait pu rendre ce titre morbide.

Un album plaisant, malgré l’abus d’electro blasts pas toujours judicieusement placés, des riffs de guitare moins incisifs et placés en second plan. Les beats ultra lourds sont malgré tout présents et contribuent au design punshy de l’album. A écouter impérativement pour se faire sa propre opinion.


Braindead
Mars 2013


Conclusion
Le site officiel : www.kmfdm.net