Une des forces principales du metal est bien souvent la durée de vie des groupes. En effet, que l’on pense en particulier à Iron Maiden par exemple, certains groupes semblent indestructibles. Cependant, il arrive parfois que pour plusieurs raisons, certaines formations finissent par s’éteindre. Kittie fait partie du lot, et pourtant, treize ans après la sortie de leur dernier album, les revoici en pleine forme sur la scène metal.

Les retours de "vieilles formations" ne sont pas toujours garants de succès, alors qu’en est-il de ce "Fire", septième album du groupe ? Le tout peut se répondre en deux temps. D’abord, en termes "Kittie", je crois que les anciens amateurs du groupe seront comblés puisque le groupe se maintient en terrain connu. Pour ce qui est des nouveaux auditeurs, il se pourrait bien qu’au niveau "originalité" "Fire" déçoive un peu. À défaut d’originalité, justement, la véritable force derrière ce nouvel album est l’expérience. Leur mélange de metalcore, heavy metal et nu metal à l’époque fut la bougie d’allumage pour bon nombre de formations qui allaient suivre leurs pas. De les voir à nouveau en tête d’affiche, en pleine forme, est une excellente nouvelle pour la communauté metal.

Bien qu’il ne reste que Morgan Lander (voix, guitare) et Mercedes Lander (batterie) de la formation originale de 1996, il est facile d’entendre toute l’étendue et la profondeur des compétences et du talent du groupe. Si je laissais mon côté amateur du groupe prendre le dessus, je dirais simplement que c’est comme si la formation ne s’était jamais arrêtée. Kittie reprend exactement la même recette que par le passé, avec peut-être une petite touche plus moderne dans la production.

Durer dans le temps, c’est aussi savoir parfois s’effacer pour mieux revenir. Kittie le démontre de main de maître avec "Fire", leur flamme ravivée pour le bonheur de tous.

Voici une galette pleine de surprises et qui ne sera pas sans décevoir les aficionados de Kittie malgré la tournure musicale que prend Kittie depuis "In The Black". Premier morceau éponyme "I’ve Failed You", débordant d’énergie, de bons riffs agressifs aux guitares, le tout dans un ensemble qui nous emporte très vite, Kittie lance très bien ce nouvel opus très prometteur. Suivi de "We Are The Lamb", au jeu de batterie de Mercedes plus qu’appréciable, voici une composition de haut vol, Morgan au chant a toujours cette maîtrise incroyable sur du hurlé qui passe sans aller dans l’excès et colle parfaitement à l’ensemble musicale, le tout agrémenté d’un solo qui a du mordant, la bête est lancée et "I’ve Failed You" ne fera que nous surprendre dans cet état d’esprit.

Morgan au chant clair c’est toujours aussi bon à entendre, bien que "Whisper Of Death" et "Time Never Heals", sonnent un peu trop copier-coller dans les vocalises. "Empires (Part I)" à l’acoustique douce et mélancolique, le tout très progressif, avec un son brut, on ressent les glissés de manche, ça ne sonne pas comme la production parfaite et donne un aspect très humain à l’enregistrement qui n’est vraiment pas pour me déplaire, morceau entièrement instrumental acoustique qui lancera "Empires (Part II)" qui, lui, se voudra bien plus ravageur, le tout aurait pu être accolé afin de faire un long morceau sur cette galette de morceaux courts mais très efficaces. "Empires (Part II)" est une belle vague de technicité, un chant très entraînant, sous des riffs de guitares très accrocheurs et tranchants, une basse en peu trop en deçà de l’ensemble car quand on s’y penche de plus près, le jeu de Ivy est excellent.

Kittie saura s'énerver un grand coup à l’image de "Come Undone" et "Already Dead," deux morceaux très complémentaires, bourrés d’énergie, ça jongle entre passages hurlés et clairs, avec riffs agressifs et mélodiques, des changements de rythme très bien gérés pour des compositions de qualité, de bons saccadés, de beaux soli, mais l’ensemble sonne quelquefois un peu mou et répétitif sur ces deux morceaux qui, comme je l’avais dit, sont complémentaires mais un peu trop sur le coup, Kittie aurait pu se passer de faire deux morceaux courts et regrouper les deux pour n’en faire qu’un. Le tout donne cependant une très belle montée en puissance sur cet album touchant bientôt à sa fin.

Je ne me lasse clairement pas de du chant clair comme sur "Never Come Home", morceau au chant calme et posé en contradiction avec un ensemble musical tranchant et rageur, un très beau travail de composition sur ce morceau que je classerais sans conteste parmi les meilleurs de "I’ve Failed You". "Ugly" se voudra le morceau le plus thrashy présent ici, et ce ne sera pas déplaisant bien au contraire, Kittie restera sur ses acquis avec ses variations de tempo, jouant sur les vocalises de Morgan, avec une basse qui frappe fort et sec ici, dommage que cet équilibre musical ne fut pas présent sur l’ensemble des morceaux où je trouve qu'Ivy est bien trop basse, bon passage bien lourd, une batterie qui s’enflamme totalement, pour ma part j’aurais mis ce morceau en dernier histoire de ne pas finir sur "Time Never Heals", sonnant bien trop calme à mon goût.

Kittie nous aura fourni une galette dans la suite logique de "In The Black" et qui donc ne décevra pas les fans des trois derniers opus où le groupe a beaucoup changé les horizons musicaux d’à ses débuts. "I’ve Failed You" est un album que je recommanderai sans problème.