Le groupe
Biographie :

King Witch se forme à Edinbourg en 2015 avec la volonté de mêler le doom old school avec les sonorités psychédéliques du rock classique des années 70’s. Mené par la voix de Laura Donnelly, le groupe sort son premier EP quelques mois après sa création. Pour compléter la formation, Laura Donnelly s’entoure de Jamie Gilchrist à la guitare, de Lyle Brown à la batterie et de Joe Turner à la basse. Après une signature avec Listenable Records, le groupe sort son premier album, "Under The Mountain", dans le courant de l’année 2018, et Rory Lee remplace Joe Turner. Le deuxième album, "Body Of Light", sort en Avril 2020.

Discographie :

2015 : "Shoulders Of Giants" (EP)
2018 : "Under The Mountain"
2020 : "Body Of Light"


Les chroniques


"Body Of Light"
Note : 17/20

Le metal moderne, le gros son bien propre, ça vous plaît ? C'est dommage, King Witch qui sort son deuxième album "Body Of Light" ne jure que par le old school et en particulier les années 70. Le groupe balance une musique à cheval entre le doom traditionnel et le rock et se fout totalement de ce qui se fait de nos jours.

C'est le morceau-titre qui ouvre l'album et après une entame très mélodique et presque psychée, le morceau démarre avec des mélodies qui évoque quelques influences orientales pour déboucher sun rythme plus enlevé qui montre d'entrée de jeu un groove des plus efficaces. Laura Donnelly donne tout ce qu'elle a au micro sans perdre de temps avec ses parties de chant on ne peut plus impliquées, presque possédées par moments et à fond en permanence. Une voix rauque, puissante, grave qui colle très bien à ce doom rock axé seventies aussi sombre et occulte que groovy. Impossible de ne pas headbanguer ou taper du pied sur ce premier morceau qui envoie du bois sans détour malgré une durée de près de six minutes. La plupart des morceaux sont d'ailleurs assez longs et plusieurs d'entre eux atteignent les huit ou dix minutes alternant régulièrement le doom et le rock de façon plutôt équilibrée et naturelle. On sent que ces influences font vraiment partie de l'ADN du groupe et que King Witch ne s'amuse pas à surfer sur une vague revival, il y a un véritable amour de cette scène seventies et "Body Of Light" balance des mélodies très efficaces et des riffs qui devraient faire swinger dans les chaumières. Comme je le disais, le chant de Laura Donnelly contribue beaucoup à créer cette ambiance particulière et ne laisse aucun doute sur l'authenticité de la bête. On sent une influence Candlemass dans les moments les plus doom qui est quasiment inévitable dès que l'on parle de doom de toute façon, cela s'entend particulièrement sur un morceau comme "Call Of The Hunter" par exemple. Pour autant, King Witch a sa patte et propose une mixture intéressante de doom et de rock avec des ambiances assez fortes et plus occultes que déprimantes.

Si le feeling est occulte, la musique du groupe n'est absolument pas hermétique et présente même au contraire un visage assez accrocheur grâce justement à ce côté très rock et groovy. Cela compense et contraste parfaitement le côté plus doom, lourd ou psyché et contribue à produire cette ambiance spéciale qui se dégage de "Body Of Light" à cheval entre des mélodies sombres et des riffs à décorner un buffle. Cela permet aussi d'éviter de s'enfoncer dans un tempo lent et répétitif et donne pas mal de patate à l'ensemble, sur une bonne heure de musique ce n'est pas négligeable. Sur "Solstice I – She Burns", cela donne même une montée en puissance dévastatrice puisque le passage bien rock et bien nerveux qui débarque après huit minutes de doom bien pesant met un bon coup de pied au cul et booste un morceau qui était bien planant jusque là, un contraste d'autant plus efficace qu'on ne le voit pas arriver. "Witches Mark" qui le suit en devient même limite punk tant il rue dans les brancards ! Les différentes influences se marient bien dans les morceaux mais le tracklisting est en plus suffisamment travaillé pour mettre le bon coup de fouet au bon moment. Listenable Records a une fois de plus eu le nez creux en dénichant ce groupe complètement possédé par son art qui ne connaît pas la demi-mesure ! Pour du doom, "Body Of Light" dégage une énergie étonnante et mon petit doigt me dit qu'en live ça doit être quelque chose !

Nouvel album toujours aussi habité et prenant pour King Witch qui prouve sa maîtrise du doom et du rock typé seventies avec des morceaux aussi énergiques que planant. Si vous ajoutez à ça un feeling mi-psyché mi-occulte et un groove de tous les diables, vous n'avez plus aucune raison de passer à coté de "Body Of Light" !


Murderworks
Août 2020




"Under The Mountain"
Note : 13/20

Je n’ai jamais vraiment compris cet attachement indéniable des groupes doom-psyché à choisir des blases en rapport avec les sorcières, les rois et les montagnes (par exemple Black Wizard ou Electric Wizard pour ne citer qu’eux...). Manque de bol ou ironie, la formation que nous étudierons aujourd’hui fait référence aux trois, puisqu’il s’agit de King Witch et de son "Under The Mountain"... Quoi de bien plus cliché qu’un roi sorcier ? Peut-être son escapade près d’une montagne pour y affronter on ne sait trop quoi. Et c’est bien ce à quoi nous aurons droit aujourd’hui : à une sorte de feux de l’amour de l’ensorceleur et des gravissements de la montagne par un régent sous fond de décibels hypnotiques au tempo haletant puis ralentissant. Aparté de mauvaise langue fini, essayons de résumer tout cela en musique, sans trop déblatérer de conneries et sans trop déborder de nos propos...

Précisément dans la lignée d’un Death Penalty, d’un Firebrand Super Rock ou encore d’un Witch Moutain, King Witch propose un trip musical sous acides qui se plaira à passer du heavy psyché au doom rock puis encore à un autre truc mélangeant doom, heavy et psyché. Quoi qu’il en soit, ce premier album des Ecossais de King Witch (après un EP, "Shoulders Of Giants", en 2015), "Under The Mountain", fait faire le grand saut du premier LP au quatuor. C’est donc à peine trois ans après sa fondation que King Witch présente, via neuf compositions, quarante-trois minutes de son univers. Musicalement, cela se traduit par un son imbibé de sonorités doom ou heavy galopant dans des paysages psychédéliques. Le roi sorcier propose donc des pistes aux allures d’escapades ("Solitary", "Beneath The Waves") mais également des titres avec une patate non négligeable pour contrebalancer ses envies les plus posées ("Carnal Sacrifice"). Le véritable plus de cette galette réside ici dans la voix de Laura Donnelly qui, à elle seule, tient l’ensemble de l’instrumental en donnant bien plus de profondeur et de maturité aux décibels de King Witch ("Ancients", "Under The Mountain").

Toutefois, si la première moitié du disque s’avale relativement facilement, la seconde est plus indigeste. D’ailleurs, pour contredire l’adage qui veut que "les épinards c’est comme la sodomie, ça passe plus facilement avec du beurre", il n’en ira pas de même sous la montagne King Witch (contrairement à celle de Brokeback). En effet, malgré des compositions relativement agréables dans sa première moitié, "Under The Mountain" semble tomber dans la facilité du "déjà-vu", "déjà-entendu" et surtout "déjà-mal fait" sans réellement se réinventer dans sa seconde moitié ni même que tout ce faux-semblant est un réel intérêt. Ce qui est fort dommage car jusque là l’album était plutôt plaisant... Sans rendre l’album totalement inintéressant à l’envoyer au bûcher, cette baisse de régime se répercute sur la qualité du disque mais surtout à l’attention portée aux titres. Ne le cachons pas, sur certains passages tombant clairement dans le cliché dénué de toute âme ou contenance, l’oreille à tendance à souffler d’impatience quand elle voit qu’il lui reste encore plusieurs minutes à tirer sur la composition en cours d’écoute (pas vrai "Approaching The End" ou "Ancients" ?). Peut-être donc aurait-il été plus judicieux ici de restreindre le nombre de pistes plutôt que de s’inscrire inutilement dans la longueur...

Finalement, si "Under The Mountain" ne rechigne pas de bonnes idées, ce premier jet a plutôt tendance (sur certains passages) à faire décrocher le tympan en dépit de l’univers aguicheur de King Witch et surtout de la voix de Laura Donnelly. Dans son ensemble, "Under The Mountain" n’est pas un mauvais album, regrettons simplement que King Witch n’aille pas plus loin en dehors des sentiers battus et qu’il en vienne vite à singer ce qui l’a certainement inspiré. Si l’écoute de "Under The Mountain" est aisée, il est, paradoxalement, tout aussi aisé d’en décrocher. Constat relativement mitigé amenant directement au fait qu’il est ardu de finir autrement cette chronique qu’en attribuant un 13 à ce premier album. "13" un chiffre qui peut, à la fois, porter la poisse comme porter la chance. Seul l’avenir le dira, seul l’avenir le verra et seul l’avenir nous le rendra (ou pas)...


Rm.RCZ
Octobre 2018


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/kingwitch