"This Consequence"
Note : 17/20
Killswitch Engage prend ses responsabilités avec un neuvième album. Près de six ans après leur dernier effort studio, Adam Dutkiewicz (guitare / chant, Serpentine Dominion, Times Of Grace), Mike D'Antonio (basse, Death Ray Vision), Joel Stroetzel (guitare, Times of Grace en live), Jesse Leach (chant, Times Of Grace) et Justin Foley (batterie, ex-Red Tide) dévoilent "This Consequence", toujours chez Metal Blade Records.
"Abandon Us" démarre à toute allure, nous faisant retrouver le metalcore saccadé du groupe qui fait immédiatement mouche, laissant la rythmique accrocheuse nous conquérir avant que le refrain n’adoucisse le tout à coup de chant clair et de mélodies entêtantes. Le titre passe tout seul, puis rejoint "Discordant Nation" où la voix puissante de Jesse est parfois soutenue par celle d’Adam pendant que la section rythmique s’enflamme, restant à peine plus sage sur le break mélodieux. "Aftermath" nous propose un court instant de répit avant de retrouver sa saturation énergique, que ce soit pour les couplets violents ou le refrain fédérateur, puis "Forever Aligned" nous propose un son plus lourd fait de soubresauts qui n’annoncent que du bon pour les futurs lives.
On notera également la fureur du chant saturé avant de revenir à des touches de heavy modernes sur "I Believe" qui fera office de balade un peu énervée mais toujours accessible, puis "Where It Dies" revient aux racines du style avec ses leads perçants et son groove brut, couplé à des parties vocales puissantes avec un petit écho de nostalgie aux premiers albums. Le groupe accélère à nouveau avec "Collusion", composition qui reste dans cette dynamique vive parfois doublée par des leads entêtants avant de revenir à sa fureur épaisse, mais on constate un véritable déchaînement de violence avec "The Fall Of Us", qui place également des touches virulentes plus complexes dans ses éruptions de rage. Le break sera particulièrement sombre et étouffant, mais "Broken Glass" prend la suite en alignant ses propres riffs lourds en suivant le blast sauvage, mais le morceau est court, et il laisse rapidement place à "Requiem", dernière composition avec laquelle le groupe nous rassure à coups de riffs bien sentis qu’ils sont toujours en pleine forme !
La recette de Killswitch Engage ne change pas, et elle fait visiblement toujours mouche ! Que vous soyez amateurs de gros break ou de riffs furieux, "This Consequence" saura vous contenter en revenant même parfois aux bases de la violence du groupe.
"Atonement"
Note : 18/20
A la suite d’une impressionnante tournée européenne, Killswitch Engage revient nous
présenter "Atonement", son huitième album. Formé en 1999 (suite à la dissolution de deux
groupes) par Adam Dutkiewicz (batteur puis guitariste / choriste), Mike D’Antonio (basse) et
Joel Stroetzel (guitare), ils recrutent le chanteur Jesse Leach. Quelques changements de
line-up plus tard (dont le passage d’Adam à la guitare), Howard Jones (Light The Torch)
prend le micro et Justin Foley s’installe au poste de batteur. Le groupe gagne en popularité,
mais en 2012 coup de théâtre, Howard Jones quitte le groupe, permettant ainsi à Jesse
Leach de réintégrer la formation. Et depuis, les Américains roulent littéralement sur les
scènes mondiales, offrant un spectacle d’exception à chaque fois.
L’album démarre en trombe avec "Unleashed", un morceau qui ne mettra pas longtemps à
révéler sa puissance. Des riffs rapides, efficaces et saccadés comme on les aime, avec la
voix de Jesse combinée aux choeurs d’Adam qui font mouche. Les Américains savent
toujours faire du metalcore (bien qu’ils n’aiment pas ce terme), et ils vont à nouveau le
prouver avec une déferlante nommée "The Signal Fire", qui verra l’apparition d’Howard
Jones aux côtés du frontman de la formation ! Et si en lui-même le morceau est vraiment
bon, pour toute un pan des fans du groupe ce morceau établit la connexion entre les deux
époques de Killswitch Engage. Symbolique donc. Mais loin de s’arrêter en si bon chemin,
on continue avec "Us Against The World", un titre qui peut se montrer lourd mais également
plein d’émotion comme en témoigne le chant clair ainsi que la partie lead parfois dissonante.
Plus directe, "The Crownless King" est une composition qui a clairement été taillée pour la
scène. On imagine sans mal un wall of death partir dès ce “Go !”. Et un nouvel invité est
présent pour apporter cette dose de hargne, en la personne et la voix reconnaissable entre
mille de Chuck Billy (Testament). Avec un tel niveau de rage, impossible de ne pas être
séduit ! Plus douce et assumant pleinement ce côté plus metal alternatif / radio, "I Am Broken
Too" joue à nouveau sur cette corde émotionnelle que le groupe a su cultiver au fil des
années. Et le morceau reste efficace ! On accélère le tempo avec "As Sure As The Sun Will
Rise", qui peut passer d’un rouleau de double pédale accompagné de hurlements à un break
doux et atmosphérique nous amenant à un refrain qui mélange les deux. On reste dans un
style efficace et sans surprise pour "Know Your Enemy" avec une guitare lead qui instaure
une progression intéressante dans ce refrain motivant, alors que le final redouble
littéralement de puissance.
Quelques riffs dissonants annoncent le début de "Take Control", un morceau un peu plus lent
mais non moins énergique qui exploite à la fois le chant clair et les hurlements du frontman.
Plus de violence ? D’accord, "Ravenous" va s’en charger. Des riffs ravageurs, une énergie qui
ne descend pas d’un poil du début à la fin, des hurlements puissants et des choeurs qui
viennent apporter une double dose de rage, c’est la recette qu’a choisi le groupe pour nous
faire remuer la tête. Changement total d’univers avec "I Can’t Be The Only One", un morceau
qui revient sur une rythmique un peu plus édulcorée, mais toujours avec ces parties hurlées
qui donnent leur intensité aux paroles. Dernier titre de l’album, la groovy et saccadée "Bite
The Hand That Feeds" qui nous offre une dernière occasion de headbanguer pendant que la
guitare lead prend des accents death metal, se superposant à des riffs motivants et qui ne
s’arrêtent que pour repartir de plus belle !
Avec "Atonement", Killswitch Engage prouve deux choses. La première, la formation n’est
pas à court d’idée, et sait parfaitement alterner les deux facettes de son identité sonore.
La deuxième, ils ne sont pas prêts de s’arrêter et vont continuer d’écraser le public sous leur
son lourd ! Même s’il n’y a rien de réellement révolutionnaire dans cet album qui s’est
presque fait attendre, il fait parfaitement suite à "Incarnate", sorti il y a trois ans. Et les
quelques déboires soucis de santé du chanteur ne sont plus qu’un mauvais souvenir !
"Incarnate"
Note : 16/20
Les créateurs du metalcore, Killswitch Engage, sont de retour avec leur septième album, "Incarnate". Avant tout, c’est le deuxième album en compagnie de Jesse Leach, le premier chanteur d’origine, ayant fait son grand retour en 2012 et chanté sur "Disarm The Descent" (2013). Le chanteur porte évidemment en lui l’époque de "Alive Or Just Breathing" (2002) véritable monument du metalcore ayant influencé d’innombrables groupes. Hier comme aujourd’hui, Killswitch Engage ne fait qu’une seule chose : peaufiner sa recette-maison mille fois imitée, mais rarement égalée.
"Incarnate" est objectivement meilleur que son prédécesseur "Disarm The Descent" qui était en pleine période transitoire et en phase de réappropriation de son nouveau / ancien chanteur. Cela étant fait, Jean Leach a su réaliser une performance tout bonnement passionnante et excellente sur "Incarnate" et prouve qu’il pouvait surpasser Howard Jones.
"Incarnate" est en soi une usine à riffs et ce n’est pas une surprise. Le Duo Adam D. et Joel Stroetzel a toujours été une référence de précision et d’efficacité dans le groove comme dans la mélodie. Cet album se hisse sans problème parmi les meilleures compositions et les plus heavy du groupe. Par exemple, "Strenght Of The Mind" est LE single de cette nouvelle galette et regorge du meilleur de Killswitch Engage. Le refrain est dantesque. Petite innovation notable dans le style très reconnaissable des Américains et l’introduction d’éléments heavy metal à l’ancienne, type Iron Maiden, comme sur "Until The Day". Rassurez-vous, l’ensemble de l’album est globalement très lourd et bien plus brutal que l’accoutumé.
A ce niveau, Killswitch Engage est largement passé au rang de maître dans son style. On peut, peut-être, reprocher le manque d’innovation et de nouveauté, mais on ne peut contester le savoir-faire et la maîtrise. Cette conclusion était prévisible avant même d’avoir commencé à écouter l’album, car Killswitch Engage déçoit rarement, et sa recette est inébranlable. Un must du metal américain.
"Disarm The Descent"
Note : 15/20
Grand moment dans la carrière d’un fan lorsqu’un nouvel album du groupe sort avec le retour de l’ancien chanteur. C’est le cas aujourd’hui avec ma chronique du dernier Killswitch Engage qui signe le grand retour de Jesse Leach, le chanteur original du combo, et donc le départ d’Howard Jones, la diva de concours qui a donné au combo sa notoriété en seulement deux albums. "Disarm The Descent", titre de ce nouvel opus (comprenne qui pourra pour l’origine du nom), est donc leur cinquième album et le troisième avec le père Leach au micro, un choc pour ceux qui, comme moi, préféraient la puissance vocale de Jones et le côté mélodique des compos qui le servait si bien. Peu importe, ayant vu des vidéos de Jesse dans d’autres formations avant son retour dans le groupe, je craignais sincèrement le pire, mais une fois n’est pas coutume, je me suis trompé, enfin presque.
Il y a un bon mois de cela, Roadrunner, maison de haute couture de la msuqiue que l’on ne présente plus, mettait en ligne le titre phare de ce nouvel album, le bien nommé "In Due Time". Première surprise (bonne celle-ci), la musique est excellente, reprenant les fondamentaux de KSE, à savoir des riffs speed et harmoniques à souhait joués à deux guitares (souvent à la tierce ou à la quinte, grande spécialité des deux potes Adam et Joe), un style inimitable, et, plus curieusement, un chant excellent. L’ami Jesse semble être revenu à son meilleur niveau vocal, que ce soit en scream mais aussi en chant clair, élément qui lui faisait clairement défaut il y a 12 ans, et qui l’avait d’office enterré face à Howard Jones et sa voix énorme de choriste gospel. Chose étonnante mais qui n’est pas pour me déplaire, la présence de solo dans le morceau, ce qui signe un virage chez KSE car cet élément n’a jamais été le point d’orgue des gratteux (on se rappelle que sur le dernier album seul deux vrais solos figuraient dans l’album, dont un pour la reprise de "Holy Diver" de Dio, dommage car ceux-si étaient vraiment énormes. N’est pas donné à qui le veut de pouvoir réinventer Vivian Campbell avec brio). Pour conclure sur le chapitre du clip qui à lui seul nous donne clairement envie d’acheter la galette, on constate que l’ambiance est au beau fixe, tout le monde rigole, tout le monde s’enlace… Dois-je en déduire que cela est un "Fuck" poli à Jones et son caractère de diva (cet homme qui arrête ses interviews en plein milieu et retourne dans son tour bus en disant qu’il ne reviendra que quand il aura eu son massage…).
Attaquons-nous à la galette en elle-même ! "The Hell In Me" ouvre le bal avec une ambiance en demi-teinte, clairement plus proche des deux premiers albums du combo (niveau agressivité), en n’omettant surtout pas pour les refrains des gros passages mélodiques calibrés pour Howard mais qui ont fait la réputation du groupe (donc obligé de garder ces éléments). Même si le chant clair de Jesse est clairement au rendez-vous, et certainement à son meilleur niveau, il n’égale pas du tout le timbre chaud et puissant de Jones… Il va falloir faire avec, le groupe a délaissé sa capricieuse Ferrari au profit d’une Mercedes moins rapide mais plus fiable. La suite avec "New Awakening", clairement "Killswith Engage" (le deuxième album éponyme, donc l’avant-dernier, vous suivez ?), avec de l’harmonie et de la double pédale un peu partout ; un titre qui passe bien mais sans plus. "The Call" est un morceau tout à fait étranger, aussi insipide dans ses couplets que monumental dans son refrain calibré pour un chœur entier !
Le reste de l‘album, excepté "In Due Time" évidemment, est un enchaînement de demi-teintes niveau qualité, avec des passages speed et mélodiques à souhait, signant les grandes heures de ce combo, malheureusement entrecoupés de rythmiques hors sujets, trop agressives, et surtout de solos nouvellement présents dans le combo mais clairement mauvais, trop shred, bien loin du feeling que l’on avait pu apprécier sur l’album précédent. Cela s’explique-t-il par le fait que les gars avaient déjà commencé à enregistrer les instrus avant le départ de Jones et l’arrivée de Leach et que, de ce fait, ils ont dû "temporiser" les parties dévolues au chant pour laisser une chance à Jesse ? Qui sait… En tout cas cet album est clairement une transition entre deux chanteurs à identités fortes mais il ne peut se vanter d’être un "masterpiece" du groupe.