Le groupe
Biographie :

Killer Be Killed est un supergroupe de metal fondé en 2011 par le chanteur de The Dillinger Escape Plan, Greg Puciato, et par le leader de Soulfly et ex-Sepultura, Max Cavalera. Ils sont ensuite rejoints par Troy Sander, bassiste de Mastodon, et Dave Elitch, batteur de The Mars Volta. Ils signent avec Nuclear Blast en Octobre 2013 et publient un premier album le 13 Mai 2014. En 2015, le départ d'Elitch est annoncé à la suite d'un conflit entre lui et les membres et managers (Ryan J. Downey, Nick Jon, Gloria Cavalera). Le batteur de Converge, Ben Koller, le remplace pour l'apparition du groupe au Soundwave Festival puis devient membre officiel. Le 20 Novembre 2020 paraît le second album de Killer Be Killed, intitulé "Reluctant Hero", sur le label Nuclear Blast

Discographie :

2014 : "Killer Be Killed"
2020 : "Reluctant Hero"


Les chroniques


"Reluctant Hero"
Note : 16/20

Quand Killer Be Killed a sorti son premier album en 2014, nous avons été nombreux à nous ruer sur ce supergroupe qui réunit des personnalités toutes plus attrayantes les unes que les autres. L'excitation se mêlait à la curiosité de savoir ce que des univers assez distincts les uns des autres pouvaient donner une fois réunis. L'album éponyme avait réussi le pari d'associer les trois voix de Cavalera, Sanders et Puciato aux antipodes les uns des autres et de créer une harmonie tout à fait inattendue. Dotés de plusieurs titres hyper accrocheurs tels que "Wings Of Feather and Wax", "Melting Of My Marrow" ou encore "Snakes Of Jehovah", l'album qui versait presque exclusivement dans le thrash avec une forte influence de l'univers artistique de Cavalera, avait tendance à s'essouffler un peu sur la longueur. Le manque de diversité dans les compositions ayant malheureusement contribué à cette impression. "Killer Be Killed" est malgré tout un album que l'on a plaisir à écouter pour se défouler et se gorger d'énergie brute.

"Reluctant Hero" est un album qui a su conserver l'énergie de "Killer Be Killer" mais qui marque un tournant notoire dans la direction artistique. On remarque d'ores et déjà que l'empreinte de Max Cavalera est moins présente cette fois, que ce soit en matière de style ou de présence vocale. "Reluctant Hero" n'est pas un album de thrash avec un trio de voix éclectiques. Cette fois c’est la vraie confrontation de quatre univers musicaux. La brutalité primitive de Max Cavalera. L'univers psychédélique et atmosphérique de Troy Sanders. L'agressivité à fleur de peau de Greg Puciato. Et enfin, l'énergie metalcore chaotique de Ben Koller. Un album donc où l'univers de chacun converge de façon harmonieuse permettant d'établir une réelle complémentarité. Ainsi, si vous vous attendez à un mélange de Soulfly, Mastadon, Converge et The Dillinger Escape plan, c'est exactement ce que vous aurez.

"Reluctant Hero" propose 11 onze titres qui s’équilibrent à merveille. Avec des morceaux comme "Dream Gone Bad" et "Left Of Center", on plonge dans l’univers de Mastodon et The Dillinger Escape Plan. On est séduit par les belles harmoniques de guitares, les mélodies planantes et l'adéquation parfaite des voix de Troy Sanders et Greg Puciato. A contrario "Animus" et "Filthy Vagabond" sont de la pure agressivité presque animale qui éclatent comme une bombe metalcore parmi les autres titres. Rythmique incisive, chœurs hardcore : brutal et efficace. Mais c’est sûrement "Inner Calm From Outer Storms", "From A Crowded Wound" ou encore "The Great Purge" qui sont les pépites de cet album. "Inner Calm From Outer Storms" crée la première cassure de style dans l'album. Plus lent, plus sombre avec un je-ne-sais-quoi de NIN quand Greg Pucciato prend le lead. Cassée d'un coup par un retour à la brutalité avec Max Cavalera pour finir en beauté sur l'agressivité du chant de Puciato et une rythmique metalcore tout à fait jouissive. On retrouve d’ailleurs le côté le plus "sensuel" si l'on peut dire de Trent Reznor sur le dernier titre, "Reluctant Hero", qui clôture l'opus dans un registre particulièrement élégant. "From A Crowed Wound" prend ses marques dans le metal sludge, progressif, lent et lourd. Quant à "The Great Purge", ce morceau est surprenant par ses sonorités électroniques avec une progression singulière qui fait écho à l'univers de The Dillinger Escape Plan.

Côté chant, on le sait, l'atout majeur de Killer Be Killed c'est l'association de trois voix qui comptent dans le panorama de la musique metal et dans des registres totalement différents. Et étonnamment géniales quand elles se partagent la vedette. "Reluctant Hero" ne déroge pas à la règle. On ne regrette pas trop les interventions moins nombreuses de Cavalera. Le côté brut et roots - sans mauvais jeu de mots - de Cavalera et totalement à l'opposé de la profondeur et de la singularité du timbre de Sanders et Puciato, aurait sûrement desservi "Reluctant Hero" s'il eût été plus présent. Malgré tout, ses interventions sont bien choisies et permettent d’apporter le côté abrupt et groovy du thrash à l’album. Le duo Sanders / Puciato est quant à lui magique. Il se suffit à lui-même tellement il est parfait. La voix de l'un sublime la voix de l'autre, et inversement. Mais incontestablement, c'est Greg Puciato qui brille particulièrement sur cet album et retient toute l'attention. Il est bluffant et fait preuve, comme d'habitude, d'un talent incontestable dans ses interprétations toujours excellentes et la diversité de sa palette vocale. Sûrement l’un des meilleurs chanteurs de sa génération.

On retiendra donc de ce second opus une richesse d’ambiances, de styles et d’interprétations vocales qui manquaient à Killer Be Killed 2014. "Reluctant Hero" a relevé le défi, non pas d'égaler son prédécesseur, mais de le surpasser.


Miss Bungle
Décembre 2020




"Killer Be Killed"
Note : 17/20

A l'annonce du supergroupe Killer Be Killed, regroupant Max Cavalera (ex-Sepultura, Soulfly), Greg Puciato (The Dillinger Escape Plan), Troy Sanders (Mastodon) et Dave Elitch (ex-The Mars Volta), j'ai été, comme beaucoup de monde, je pense, assez surprise et impatiente d'entendre le résultat. En effet, c'est pas tous les jours qu'une formation d'une telle qualité voit le jour ! Après l'écoute des deux premiers extraits, je me suis retrouvée un peu perplexe, pourtant. En effet ces deux derniers, même en étant un concentré de bonnes idées et de choses plutôt efficaces, m'ont semblé un peu décousus, ce qui a d'autant plus attisé ma curiosité concernant le premier album de cette formation composée de musicien de renommée. L'album commence justement par les deux premiers morceaux à avoir été mis en écoute, à savoir, "Wing Of Feather And Wax" et "Face Down".

Comme je le dis plus haut, la première écoute m'a laissé un peu perplexe de part le côté un peu flou que dégage ces deux morceaux, me poussant même à me demander s'il ne s'agit pas des premiers morceaux composés par le groupe, ce constat ne se retrouvant pas sur le reste de l'album. Heureusement, il s'avère qu'après un certain nombre d'écoutes, on s'y habitue. Au final, il y a de très bonnes idées dans ces deux morceaux, mais je pense que c'est le genre de titres qui demandent plusieurs écoutes pour être assimilés. Le troisième titre de l'album "Melting Of My Marrow" offre donc, une composition plus cohérente, avec quand même un côté décalé, qui est assez agréable. Les trois voix du groupe y sont, je pense, pour beaucoup. En effet, Max Cavalera, Greg Puciato et Troy Sanders ont chacun une signature vocale qui apporte quelque chose. Le titre se balade entre un côté assez planant et des passages plus rentre-dedans apportés par Max Cavalera ."Snake Of Jehova" profite également de la diversité vocale des trois chanteurs, le chant crié de Greg Puciato et celui de Max Cavalera étant très différents, et la voix puissante de Troy Sanders apportant un côté plus mélodique. "Curb Crusher" démarre sur une intro batterie énervée qui s’enchaîne à un riff très Cavalerien (le genre de riff lourd qui fait jumper !). L'instru du morceau elle-même est, d'ailleurs, très Cavalerienne, sans pour autant faire "pompé" de Soulfly, notamment grâce aux différents

Une voix mécanique pour l'intro de "Save The Robots", ça semble plutôt approprié. Le morceau a un côté assez lascif, entrecoupé de passages plus brutaux. La voix puissante de Troy Sanders fait ici de petites merveilles. "Fire To Your Flag" démarre sans fioriture. C'est assez étrange et plaisant à la fois d'entendre Greg Puciato s'énerver sur ce type d'instru. Le titre, assez pêchu, vient se casser sur un riff d'une lourdeur imparable avant d'exploser sur un final énervé. "I.E.D" démarre par une intro sombre. Le morceau a un côté déstructuré plutôt plaisant, entre passages rentre-dedans et passages plus calmes à l'ambiance malsaine. "Dust Into Darkness" calme un peu le jeu, et fait la part belle aux voix de Troy Sanders et Greg Pucciato. Le titre a un côté assez posé tout en restant énergique. Nous voici à l'avant-dernier titre de l'album, "Twelve Labors". Une fois de plus le mélange des trois voix apporte vraiment quelque chose de spécial. Le morceau a un côté très tempéré, avec des impulsions brutales entremêlées de passages très calmes, le tout porté par un refrain puissant. Le dernier morceau, "Forbidden Fire" clôture l'album sur une note assez envoûtante. C''est certainement un des meilleurs titres de l'album. Le couplet calme est assez hypnotique, du coup quand ça s'énerve, on s'en prend plein la face. La fin est très calme et mélodique, et termine l'album sur une belle tonalité.

Pour conclure, que dire de ce premier album de Killer Be Killed ? Un des premiers mots qui me vient est "efficace". Car ce qui me marque sur cet album, c'est le concentré d'efficacité. Que ce soit au niveau de l'instru ou des parties voix. Les voix, parlons- en d'ailleurs. Je pense qu'au premier abord, la majorité des morceaux peut sembler un peu décousue, car on n'a pas l'habitude d'entendre trois voix bien distinctes se partager le chant. En l’occurrence, j'estime que, outre les qualités indéniables des membres du groupe en tant que musiciens, les trois voix apportent vraiment quelque chose de spécial, dans le bon sens. Elles ont toutes une signature vocale qui fait qu'on ne peut pas les confondre, mais au final le tout devient étrangement cohérent. Au niveau de l'instru, ça envoie du lourd, évidemment, et c'est vrai que c'est assez marrant et plaisant d'entendre un riff et de se dire : "Ça, c'est Max Cavalera !". On reconnaît sa patte sur certains riffs et pourtant ils se fondent quand même dans ce nouvel univers musical. Mais, n'oublions pas Dave Elitch, surtout connu pour avoir joué dans le groupe de rock progressif / psychédélique The Mars Volta, dans un registre pas vraiment metal, donc. J'ai été agréablement surprise par son jeu, technique sans trop en faire, il met ce qu'il faut où il faut, et ses parties batterie participent vraiment à l'efficacité des morceaux. Pour finir, je dirais que ce premier album de Killer Be Killed a un côté assez expérimental tout en restant très efficace. Je suis vraiment curieuse de voir ce que peut produire le groupe à l'avenir !


So Faya
Juin 2014


Conclusion
Le site officiel : www.killerbekilled.com