"Et Le Diable Rit Avec Nous"
Note : 17,5/20
Vous vous demandez comment il est possible de sublimer le nauséabond, le pessimisme et la torture ? La réponse la plus plausible s’agite dans mes oreilles depuis deux jours maintenant "Et Le Diable Rit Avec Nous". Mis en jambe par "Sorption" qui porte sur ses épaules le ton des trente six minutes à venir, le dernier album de Kickback vous promet une violence bien plus mentale (morale ?) que physique. Dès "Triumph And Disgust" on réalise qu’il ne faut pas attendre de cet opus un quelconque rapport avec un hardcore plus classique. Kickback pisse, sur tout ceci, une musique dégueulasse dans ce qu’elle dégage mais pas dans sa manière de le faire, comme dans "We Prowl, They Crowl" également. Les tempos sont assez variés, même au sein des morceaux ("Cavalcare La Tigre") avec une légère dominance de tempos rapides. On arrive au "tube" de l’album qui réunit des ingrédients de premier choix et "Le Chant Du Diable". On rencontre même le psychédélisme chaotique de "Weltanschauung", un titre instrumental d’un peu plus de deux minutes planté au milieu de l’album comme une oasis dans un désert. L’album commence à se faire sentir comme éprouvant (je n’ai pas dis lassant !) quand on attaque "Stained I", suivi de près par son frère siamois "Stained II", qui, après une nouvelle mise en avant de la réelle valeur ajoutée issue du travail sur la gratte compensant largement une batterie relativement basique, nous abandonne à un silence avant de nous balancer deux reprises plutôt surprenantes. La première est de Brainbombs un groupe de rock Suédois et la seconde de Geto Boys. Le choix des morceaux, même s’il reste discutable, s’avère judicieux dans le sens où Kickback se les approprie à merveille. Les Parisiens n’ont jamais déçus depuis leurs débuts (qui remontent déjà à pas mal de temps !) et cet album ne dérogera pas à la règle. Cependant l’accueil risque d’être un tantinet mitigé entre ceux qui attendaient un "No Surrender" 2, fans de la première heure, et un public nouveau, susceptible d’être conquis par ce nouveau tournant.
"No Surrender"
Note : 19/20
On l’a attendu cet album, impatiemment, fiévreux sans savoir trop ce qui allait s’abattre sur nous, et ce pouvoir de vie et de mort sur l’auditeur, Stephen Bessac le maîtrise à la perfection, tout comme le pouvoir d’aller toujours plus loin dans l’audace, l’intelligente provocation. Il est élémentaire de souligner l’intelligence de cette provocation dans le milieu stupidement controversé qu’est celui du metal. Dès le départ influencé par le film Seul contre Tous de Gaspard Noé, Stephen Bessac continue à revendiquer cette inspiration en ouvrant l’album "No Surrender" par un sample de ce film. Forcément, c’est glauque, froid, pour ceux qui aiment ca, ça donne directement du sens à l’album, surtout de la violence et de la colère.
"No Surrender" s’avère brillant dès la première écoute même si on constate un fort changement dans le chant de Bessac, qui peut être ou non apprécié des fans (personnellement j’accroche moins même si le leader se déchaîne, toujours de plus en plus), musicalement par contre, Kickback envoie du très lourd sur cet album. A noter que le nouveau line-up joue fortement en la faveur de compositions violentes et sans failles : Damien d’Arkhon Infaustus et Waner de Right 4 Life à la guitare, ça fait forcément très mal. Au final le principal sample de l’album résume parfaitement le nouveau cru Kickback : "Je vous le répéterai sur tous les tons, le monde n’est habitable qu’à la condition que rien n y soit respecté" (Georges Bataille, écrivain Français)… ça pourrait devenir le nouveau slogan de tellement d’auditeurs dont moi-même que ç’en est flippant. En effet, la colère, l’irrespect, la haine transmises dans des morceaux tels que "deathlust", "Still On The Prowl" est tellement loin de nos fades combos Français soi-disant misanthropes que Kickback vient de marteler une fois de plus les esprits, et reste sans conteste, devant, loin devant. A noter aussi le packaging de l’album, sexuellement, idéologiquement sale comme l’a toujours revendiqué Bessac, ainsi les photos de prostituées, les symboles controversés ne choqueront même plus les fans, forcément, on s’y attendait.
Tout au long de "No Surrender", les guitares dégoulinent, Bessac gueule sa haine sans pour autant en faire trop, toujours dans le juste sans jamais aller trop loin, c’est la force du groupe, même si Francis Caste a fait un bon boulot sur cet album, la base reste un leader intelligent, torturé, influencé qui reste un de mes grands maîtres. Et en plus, je suis une femme… Bref, Kickback est revenu en 2009, et il a vaincu, avec une touche black metal beaucoup plus présente pour des titres démentiels "If I Die Tonight", "Warpath"... j’en reviens pas d’une telle tuerie, on avait peur d’être déçus, mais non, cet album nous a juste tués et maintenant tout parait tout fade à côté…
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