Le groupe
Biographie :

Khonsu est à la base un one-man band de black metal moderne norvégien, dans lequel on retrouve S. Grønbech, frère du guitariste de Keep Of Kalessin, Obsidian C. Grønbech. Le premier album, "Anomalia", voit le jour en Août 2012 chez Season Of Mist. On y retrouve donc Obsidian C. Grønbech (guitare), Thebon (chant), Shandy Mckay (basse) et Kenneth Kapstad (batterie). En 2014, S. Grønbech est rejoint par T'ol (chant / Killing For Company, ex-Eternal Silence, ex-Chton, ex-Hemnur). Le deuxième album, "The Xun Protectorate", sort en Novembre 2016 chez Jhator Recordings.

Discographie :

2012 : "Anomalia"
2016 : "The Xun Protectorate"


Les chroniques


"Omega"
Note : 17/20

Après "Anomalia" en 2012, Khonsu revient avec "The Xun Protectorate" et sa musique est visiblement toujours aussi riche et surprenante. Vous savez donc d'ores et déjà que si vous n'avez pas l'esprit musical ouvert, vous risquez de tomber sur un os avec ce deuxième album.

Après une intro de trois minutes aussi electro-glaque que cinématographique, le groupe nous plonge dans le vif du sujet avec "A Jhator Ascension" et on se rend compte que Khonsu n'a pas perdu sa patte et propose toujours ce mélange complètement fou d'à peu près tout ce que le metal extrême compte comme styles avec des sonorités non metal en plus ! La complexité et la richesse de cette musique n'empêche pas le groupe de proposer des morceaux mélodiques et accrocheurs, et ce premier titre en est un bon exemple. On passe d'une ambiance à l'autre pendant ces cinq minutes mais on ne se perd jamais en route malgré le dédale dans lequel Khonsu nous emmène dès le départ. Tout s'enchaîne parfaitement, que ce soit les passages black, les sonorités electro, les passages en chant clair, les sonorités indus, l'acoustique, tout passe sans problème tant on sent que rien n'a été laissé au hasard. Ce n'est finalement pas étonnant sachant que Khonsu a construit tout un univers autour de sa musique, ses albums donnant l'impression d'être adaptés de livres ou de films, bref des albums conceptuels. Notons tout de même un changement, ce n'est plus le chanteur de Keep Of Kalessin qui assure au micro mais Terje Olsen. D'ailleurs, ce dernier nous balance un hurlement de derrière les fagots et assez terrifiant en entame de "Liberator", pavé de neuf minutes qui nous bourre la tronche avec ses bons gros blasts. Ce morceau se termine d'ailleurs sur un passage aussi beau qu'épique, le genre d'ambiances que Khonsu arrive à nous délivrer assez régulièrement sur ce nouvel album d'ailleurs. On sent clairement à l'écoute que l'album est un concept, que ce soit par la cohérence de l'ensemble ou le sentiment d'immersion que "The Xun Protectorate" ne manque pas d'instaurer. Les claviers se font une place assez importante sur une bonne partie de l'album pour appuyer les ambiances et apporter un côté encore plus épique ou plus froid suivant les morceaux.

Une fois de plus, il va falloir accorder toute votre attention à ces dix morceaux si vous ne voulez pas passer à côté de l'album, il est vivement déconseillé de l'écouter d'une oreille distraite. Vous passeriez à côté de sa richesse mais surtout de sa qualité, parce que si cela peut sembler être un véritable fourre-tout quand on découvre le groupe, il n'en est rien, sa musique est travaillée et la cohérence qu'elle affiche malgré sa grande variété est assez impressionnante. Ils ne sont pas nombreux à pouvoir brasser autant d'influence sans se perdre en chemin, Khonsu y arrive et cette multiplication de sonorités et d'influences ne passe jamais pour un gimmick. Il est évident que le groupe se sert de tout ça pour étoffer sa palette d'émotions et retranscrire au mieux son univers lyrique. C'est d'ailleurs sûrement le plus gros point fort de ce nouvel album par rapport à "Anomalia", même si ce premier essai affichait déjà une cohérence solide elle a encore été renforcée sur "The Xun Protectorate", et ceux qui connaissent déjà la musique de Khonsu savent que c'est un sacré tour de force. Je tiens aussi à souligner le superbe travail d'Adrien Bousson qui a créé une pochette de toute beauté pour ce nouvel album, pochette qui colle parfaitement au concept et qui nous rappelle les albums d'antan dont les couvertures étaient blindées de détail et que l'on passait des heures à scruter avec le livret dans les mains. Niveau production, pour une fois, je ne vais pas râler sur le son de batterie synthétique, il l'est carrément mais ici au moins c'est cohérent et une fois de plus ça colle avec tout le reste. C'est peut-être même une boîte à rythmes mais honnêtement les sons de batterie des groupes metal sont devenus tellement plastiques et les batteurs sont tellement recalés en studio qu'il devient compliqué de reconnaître l'une de l'autre.

Pour finir, je vais faire simple en disant que ce nouvel album est une réussite, encore plus cohérent et tout aussi riche que son prédécesseur. "The Xun Protectorate" est un album à mettre d'urgence entre les oreilles de toute personne suffisamment ouverte d'esprit pour pouvoir l'apprécier. Un mélange de black, d'indus-electro, d'influences progressives et de plein d'autres choses, bref un album qui fait voyager.


Murderworks
Mars 2017




"Anomalia"
Note : 16/20

Malgré un statut de nouveau venu sur la scène metal, Khonsu n'en est pas pour autant un groupe de débutant. D'abord parce que le groupe a été formé par un certain S. Gronbech, qui n'est autre que le frère d'Obsidian C qu'on retrouve chez Keep Of Kalessin et qui avait d'ailleurs composé quelques morceaux pour eux à leurs débuts. Autre point commun avec Keep Of Kalessin, le chanteur de Khonsu est aussi celui de Kok à savoir Thebon. Et deuxième raison pour laquelle le groupe n'est pas tout neuf, S. Gronbech travaille les morceaux qui constituent cet "Anomalia" depuis plusieurs années. Et vu le contenu assez touffu de la chose ça se comprend, malgré le line-up et les liens entre les deux groupes, n'allez pas vous imaginer que Khonsu n'est qu'un double de Keep Of Kalessin.

Non Khonsu est plutôt du genre touche à tout, porté par les expérimentations en tout genre et les mélanges à priori contre nature. Rien que le premier morceau pourra éventuellement rappeler Arcturus, le vieux Dimmu Borgir (surtout dans l'utilisation des claviers) et plein d'autres trucs mélangés à la patte particulière du projet. En effet celui-ci donne dans des ambiances assez space, pour ne pas dire clairement spatiales et assez planantes. Je parle bien d'ambiances planantes hein, les morceaux en eux-mêmes ne le sont pas et débordent d'énergie. Le groupe mise particulièrement sur la dynamique, chaque morceau apporte son lot d'influences et de sonorités différentes et virevolte de tous les côtés en donnant bien du fil à retordre aux oreilles qui se seraient égarées dans le coin. Ce qui va être bien pratique quand il va falloir coller la traditionnelle étiquette là dessus, on va appeler ça du metal extrême en précisant que ça tape dans une veine assez aventureuse ça suffira. Cette variété de styles mélangés risque d'ailleurs de poser problème à pas mal de monde, certains risquent de n'apprécier que quelques morceaux tant ça change d'univers à chaque piste.

C'est d'ailleurs là qu'on voit tout le talent de Thebon aux vocaux, s'il est relativement limité dans Keep Of Kalessin, il montre ici toute l'étendue de ses capacités. Au point de faire croire que plusieurs chanteurs se partagent l'album, il passe sans problème de la voix black, à des growls, pour enchaîner sur du chant clair et tout ce qui se trouve entre tout ça ! Niveau riffing on retrouve bien entendu quelques coups de médiator qui font penser à Keep Of Kalessin, l'instigateur de ce projet n'est pas le frère d'Obsidian C pour rien. Mais les similitudes s'arrêtent là, ce ne sont que quelques influences en commun qui font une vague apparition de temps en temps. Comme je le disais l'album est d'une richesse assez impressionnante, qui passera sûrement pour un manque d'homogénéité aux oreilles de certains. C'est vrai qu'il faut s'accrocher pour suivre les délires du groupe, à chaque fois qu'un morceau se termine on se demande ce qui va nous tomber dessus avec le suivant. Et pourtant pendant les premières minutes on se dit que ça être plus simple à apprivoiser que ce qu'on pensait. C'est une fois l'album terminé qu'on se rend du spectre qui a été balayé ici, d'Arcturus à Katatonia en passant par tout ce qui est un minimum barré.

Passés les trois premiers titres on se dit qu'on croit avoir à peu près cerné la chose, pas de bol c'est ce moment là qu'a choisi "Inhuman States" pour débarquer et vous raser les tympans. Là où le début de l'album était varié, énergique mais assez tranquille niveau violence, voilà que nous arrive un morceau tout en blast qui ramone tout sur son passage. Encore une feinte, puisqu'arrivé à la quatrième minute le groupe lève le pied et nous ramène une fois de plus dans un autre monde avec ces nappes de synthé sorties de l'espace avant de repartir de plus belle en blast. Et c'est comma ça pendant une heure, il se passe toujours quelque chose chez Khonsu, ça ne plaira pas forcément toujours à tout le monde mais au moins c'est riche ! A moins d'en détester certains éléments il est peu probable que quelqu'un s'ennuie en écoutant cet album, la musique de Khonsu est constamment en mouvement. A noter aussi que la durée des morceaux est assez conséquente, outre le dernier qui tape dans les 14 minutes on se retrouve régulièrement avec des pièces de 6 ou 7 minutes.

Bref voilà un album assez barré qui risque de traumatiser quelques auditeurs malheureux, ça part dans tous les sens et ça mélange à peu près tout ce qui se fait en matière de metal extrême. Pas évident de tout cerner ni d'apprécier toutes facettes de Khonsu, mais le boulot abattu est assez impressionnant et cet "Anomalia" est à n'en pas douter un très bon album. Suivant les personnes son gros point faible sera justement son hétérogénéité, même si on sent la patte du projet dans le fond, la forme change tout le temps et ça peut poser problème. A vous de voir si vous vous sentez de taille, mais si les mélanges ne vous font pas peur il serait dommage de passer à côté de Khonsu.


Murderworks
Octobre 2012


Conclusion
Le site officiel : www.soundsofkhonsu.com