Le groupe
Biographie :

Kevel est un groupe de sludge / post-metal progressif grec formé en 2012 et actuellement composé de : Kostas Katsaros guitare / chant / synthé), Antonis Koumoundouros (basse) et Thanasis Politis (batterie / Message In A Cloud). Kevel sort son premier album, "Hz Of The Unheard", en autoproduction en Décembre 2014, suivi de "Mutatis Mutandis" en Octobre 2020 chez I, Voidhanger Records.

Discographie :

2014 : "Hz Of The Unheard"
2020 : "Mutatis Mutandis"


La chronique


Jeune groupe grec, Kevel nous amène son deuxième album, "Mutatis Mutandis", six ans après "Hz Of The Unheard" qui avait tout de même un nom étrange. Sur ce précédent album, le groupe pratiquait une sorte de sludge croisé à des influences progressives et modernes totalement instrumental. Vu le temps qu'il a fallu pour voir arriver ce nouvel album, mon petit doigt me dit qu'il faut s'attendre à des changements.

Ce qui n'a pas changé déjà, c'est la longueur des morceaux qui naviguent entre six et onze minutes en gros donc on remarque très vite que Kevel a gardé son amour des longues pièces musicales qui prennent le temps de poser leurs ambiances. "Of Being" ouvre d'ailleurs l'album sur une batterie seule au monde qui part dans des parties très jazzy dans l'esprit avant que des arpèges très dissonants et très sombres viennent perturber tout ça. Des premières minutes qui montrent un groupe plus dur et plus noir que sur son premier album avec des sonorités presque black metal dans les passages les plus dissonants. La signature chez I, Voidhanger Records est du coup moins étonnante puisque ce label est très bien fourni en bizarreries sombres et malsaines, si vous ne connaissez pas encore je vous conseille d'aller jeter une oreille sur leur roster parce qu'il y a du beau monde ! La superbe pochette de "Mutatis Mutandis" sent d'ailleurs le délire ésotérique / occulte / lovecraftien à pleine nez et illustre parfaitement cette direction bien plus sombre. Première petite surprise, quelques vocaux presque aboyés font furtivement leur apparition sur ce premier morceau et disparaissent aussi vite qu'ils sont arrivés. Le chant revient sur tout l'album mais le groupe laisse tout de même beaucoup de place à la musique et ne fait intervenir le chant que lorsque le morceau l'exige. Il y a en tout cas un gros gain d'agressivité puisque des blasts se font entendre dès "Terraforming" et que le chant justement est toujours bien gueulé et énervé.

Ceux qui avaient aimé le premier album vont avoir une sacrée surprise mais il faut avouer que ce nouveau visage va bien à Kevel et que les racines sont tout de même toujours là, le groupe n'a pas fait un changement drastique mais disons qu'il est passé du côté obscur. En tout cas, les ambiances sont d'autant plus prenantes avec ce côté très sombre et malsain et le groupe n'a rien perdu de sa capacité à tisser de longs morceaux immersifs. La violence aussi va en surprendre plus d'un et un titre comme "Arecibo" tape assez dur dès le début avec de gros blasts bien méchants, ce fameux chant hurlé et des riffs à la fois malsains et puissants. Le black metal n'est vraiment pas loin pour le coup et la patte crasseuse et poisseuse héritée du sludge qu'y ajoute Kevel ne fait qu'amplifier la noirceur de l'ensemble. D'ailleurs, le groupe doit aimer les délires cosmiques puisque la ville d'Arecibo qui donne son nom à ce morceau est le lieu où l'on trouve ce qui a été un certain temps le plus grand radiotélescope du monde. Bon, j'avoue qu'il y a un morceau qui s'appelle "Cosmic Domination" et qui laisse très peu de doutes sur le sujet mais comme ça, vous aurez appris quelque chose si vous n'étiez pas déjà au courant. Un morceau dont les trois premières minutes sont d'ailleurs un peu plus planantes et un peu moins sombres, peut-être le passage qui se rapproche le plus de ce que faisait Kevel sur son premier album. Mais tout ça ne dure pas puisque les blasts reviennent et les sonorités black metal aussi. Une violence qui reste toutefois bien dosée sur tout l'album et qui n'intervient que lorsque c'est nécessaire, le groupe gardant une approche globalement assez lourde.

Un nouvel album qui montre un Kevel plus dur et plus sombre mais qui propose toujours une musique riche en ambiances et assez touffue. Ceux qui avaient aimé "Hz Of The Unheard" risquent d'avoir une surprise à l'écoute de ce visage plus noir mais Kevel a réussi sa mue et les six années qui séparent "Mutatis Mutandis" de son prédécesseur ont clairement été mises à profit pour peaufiner cette nouvelle direction.


Murderworks
Janvier 2021


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.facebook.com/kevelband