La scène metal grecque est décidément en forme ces derniers temps puisqu'elle s'illustre cette fois avec le deuxième album de Kemerov, "Anti-Hero". Et comme le dirait notre tonton Zégut national, ce groupe s'adresse aux petites graisseuses et aux petits graisseux puisqu'il pratique un death'n'roll qui n'est pas sans rappeler un certain Entombed.

Si le premier album "FMKD" sorti en 2017 faisait surtout entendre son visage le plus punk / hardcore, ce nouvel essai part à fond dans le death old school teinté de rock avec ces fameuses guitares très grasses boostées façon Boss HM-2. "Fabricated Gods" ouvre l'album en renvoyant directement à la scène death'n'roll suédoise et donc à Entombed en particulier, on retrouve le gras, le groove et la lourdeur typique. Certes Kemerov ne propose rien de très original pour le coup mais mon petit doigt me dit que ce n'était pas le but de "Anti-Hero". On sent l'hommage et l'amour de cette scène sur ce deuxième album et le groupe met suffisamment sa patte pour ne pas donner l'impression de copier les grands noms du genre. Sans compter que le fameux groove est bien là et fait toujours son petit effet, le headbanging sauvage est garanti et le tapage de pieds sera inévitable. Voilà encore un album qui fait regretter que les concerts soient compliqués en ce moment parce que c'est justement le genre de morceaux qui fonctionne très bien dans une salle chauffée à blanc. On retrouve encore parfois quelques effluves punk sous la grosse couche de crasse et de graisse comme sur "Anti-Hero Tights" par exemple, un morceau qui s'amuse même à placer de l'acoustique au milieu de tout cet huile de vidange. C'est le genre de petits détails qui permet à Kemerov se démarquer et de ne pas simplement proposer un hommage bête et méchant. On garde par contre le fomat compact du style et en trente-neuf petites minutes la messe est dite, ce qui parfait pour ce style de death'n'roll. On garde l'impact et en dehors de "Black Right Hands" en fin d'album qui atteint presque les neuf minutes, les morceaux ne s'attardent pas et envoient la sauce.

Dans le genre, "Nail" se pose là d'ailleurs avec là encore un esprit presque punk qui fait que le morceau balance ce qu'il à dire en à peine deux petites minutes. "Count Me Out" se montre quant à lui très rock'n'roll dans l'esprit et c'est d'ailleurs ce qui fait aussi la patte Kemerov, cette patte rock plus prononcée que le côté death metal. Le chant est bien sûr braillé dans la grande tradition Entombesque et les guitares sont ultra grasses mais le groove et l'approche plus frontale et fun du groupe le font pencher plus fortement du côté rock. Tout ça fait de "Anti-Hero" un album énergique, très fun et infernalement groovy et en ce moment ça fait du bien à entendre. Vous n'aurez peut-être pas l'occasion de les voir en live tout de suite mais à fond dans le salon il y a déjà de quoi faire un beau petit bordel, songez juste à protégér ou à déplacer les meubles au cas où. "Channeling Hatred" propose une rupture de ton intéressante avec un peu plus de cinq minutes de riffs bien lourds pour une ambiance un peu plus dure et moins fun, une transition qui donne un peu de variété à l'album et nous fait entendre que Kemerov a plus d'une corde à son arc. On en revient justement à "Black Right Hands" qui installe une ambiance sinistre avec son piano en début et en fin de morceau qui tranche là aussi avec le reste de l'album et fournit une surprise supplémentaire à un "Anti-Hero" en trompe-l'oeil. On pourrait croire que ce n'est qu'un album fun et léger façon death'n'roll mais ce genre de détails lui apporte plus de profondeur et une personnalité qui le démarque des groupes hommages en tous genres.

Kemerov nous envoie donc un concentré de death'n'roll groovy, efficace et plus profond qu'il n'en a l'air avec "Anti-Hero" qui se montre du coup plus gras et plus agressif que son prédécesseur. On retrouve l'ADN du groupe et ses influences punk n'ont pas disparu, elles se fondent dans le gras du death old school suédois et font partie de ces petits détails qui donnent une personnalité à Kemerov. C'est souvent fun, parfois sombre, très énergique et si vous aimez le death'n'roll à la Entombed et que vous voulez vous donnez un coup de boost, "Anti-Hero" est un bon choix !