Le groupe
Biographie :

Kartikeya est un groupe de groove / death metal russe formé en 2005 et actuellement composé de : Roman "Arsafes" Iskorostensky (guitare, chant, clavier, tambour / Arsafes, Zmey Gorynich, Above The Earth, Chatalhüyük, Katari, Multiverse, ex-Witchcraft, ex-Miasma, ex-Vengeance Is Mine), Dmitriy "Drevo" Sorokin (percussions), Alexander Miroshnichenko (basse, violon / Zmey Gorynich, Above The Earth), Anton "Mars" Markov (chant, tambour / Chatalhüyük), Alexander Smirnov (batterie / Zmey Gorynich, Above The Earth, Bingo, Chatalhüyük, ex-Arcana Imperia) et Misha Talanov (violon / Multiverse). Kartikeya sort son premier album, "The Battle Begins", en 2007 chez Musica Production, suivi de "Mahayuga" en Avril 2011 chez Grailight Productions, et de "Samudra" en Octobre 2017 chez Apathia Records.

Discographie :

2005 : "Oasis" (EP)
2007 : "The Battle Begins"
2011 : "Mahayuga"
2011 : "Durga Puja" (EP)
2017 : "Samudra"


La chronique


Si vous n'avez pas passé les dernières années dans une grotte, vous avez forcément entendu parler de Kartikeya, groupe russe pratiquant un death metal moderne et dirons-nous ethnique. Après "The Battle Begins" en 2007 et "Mahayuga" en 2011, le groupe est de retour avec un troisième album nommé "Samudra".

Lorsque l'on parle de Kartikeya, les comparaisons faciles avec Nile arrivent très vite et pourtant elles ne sont pas vraiment pertinentes (même si Karl Sanders apparaît en guest sur le morceau "Kannada"), le principal point commun étant que les deux groupes mélangent death metal et sonorités ethniques. Mais la comparaison s'arrête là puisque Kartikeya n'a pas du tout les mêmes influences que les fameux Américains et son death metal affiche une personnalité bien marquée. Premièrement, Kartikeya pratique un death certes massif et puissant mais bien moins brutal et jusqu'au-boutiste que celui de Nile, les blasts ne sont pas omniprésents et ne pointent le bout de leur baguette que lorsque c'est nécessaire histoire de booster un peu le rythme à des moments clés. La plupart du temps, le tempo est un peu plus posé sans pour autant être calme, le groupe sait envoyer le pâté quand il faut et certains passages font l'effet d'un rouleau compresseur. Ensuite, les influences ethniques ne vont pas du tout piocher vers l'Egypte comme chez Nile, Kartikeya s'inspire bien plus des sonorités indiennes et on retrouve d'ailleurs ces influences jusque dans l'iconographie du groupe et ses paroles. Sans compter que ces Russes ont une approche bien plus moderne du death n'hésitant pas à placer des riffs directement hérités de la mouvance djent, voire même depuis le précédent album un chant clair du plus bel effet sur certains passages ! Il est utile de préciser aussi que les sonorités ethniques ne sont pas un gimmick chez Kartikeya, on sent qu'elles sont intégrées aux morceaux dès le début de la composition et qu'elles ne servent pas à épicer le tout en dernière minute (je ne vise pas Nile là mais bien certains groupes ayant essayé de surfer sur la vague).

Niveau violence, même si l'approche du groupe est plus subtile, il n'empêche qu'on se prend de bonnes patates sur le coin de la tronche, la deuxième partie de "Tandava" remet les pendules à l'heure et même les riffs les plus modernes ne font pas de cadeaux. Depuis "The Battle Begins", le groupe a fait un pas de géant et a affiné sa personnalité de façon incontestable, la qualité étant en plus toujours au rendez-vous vous comprendrez assez vite que si vous aimez le death et que l'approche moderne ne vous gêne pas, vous tenez là un incontournable. "Samudra" suit globalement la voie tracée par "Mahayuga" mais affiche une plus grande maîtrise dans tous les domaines et la baffe n'en est que plus forte. Quand les morceaux ne vous roulent pas dessus et ne vous retournent pas la tronche, ils vous emmènent très très loin, à l'instar d'un "Mask Of The Blind" qui a tout du voyage musical ou des sonorités traditionnelles de "The Golden Blades" qui sont tout simplement irrésistibles ! Comme sur "Mahayuga", l'album se termine sur un long morceau, ici un pavé de plus de treize minutes qui là encore va prendre le temps de vous emmener dans des contrées très lointaines. On peut de toute façon dire sans hésiter que globalement Kartikeya a frappé fort avec "Samudra", le troisième album est souvent un cap charnière dans la carrière d'un groupe et les Russes viennent de le passer avec brio. D'ailleurs, en matière de metal en général et pas seulement death, la scène russe prouve ces dernières années qu'elle a de bons arguments et qu'elle n'a pas à rougir face aux mastodontes américains ou d'Europe de l'Ouest. Niveau production, c'est pareil, le son est énorme, massif, puissant et malgré tout suffisamment clair pour entendre tout le monde, ce qui est une bonne chose parce qu'il y a parfois pas mal de couches de sons.

Ce troisième album confirme que Kartikeya est un groupe avec qui il va falloir compter, "Samudra" prend les éléments de son grand frère et les pousse tous encore plus loin. Malgré ses 74 minutes, on ne s'ennuie jamais, le voyage est total et l'équilibre entre mélodies, ambiances et brutalité est quasiment parfait. Si vous avez aimé "Mahayuga", vous êtes certainement en train d'écouter "Samudra" depuis longtemps, si vous ne connaissez pas encore, foncez pauvres fous !


Murderworks
Juin 2018


Conclusion
Note : 18/20

Le site officiel : www.facebook.com/kartikeyaband