Le groupe
Biographie :

In The Woods... est un groupe de rock / metal progressif norvégien formé en 1991, reformé depuis 2014, et actuellement composé de : Anders Kobro (batterie / Carpathian Forest, Chain Collector, NeonGod, Svartelder, ex-Arvas, ex-Blood Red Throne, ex-Den Saakaldte, ex-Green Carnation, ex-Scariot, ex-Last Call Inc.), Bernt Sørensen (guitare / Mental Disaster, Tonka, ex-Haunted Hollow, ex-Transform), Kåre André Sletteberg (guitare), Nils Drivdal (basse / Drivdal, Tranqidiots) et Bernt Fjellestad (chant / ex-Haunted Hollow, ex-Scornbath, ex-Transform, ex-Susperia, ex-Guardians Of Time, ex-Rules Of Engagement). In The Woods... sort son premier album, "Heart Of The Ages", en Avril 1995 chez Misanthropy Records, suivi de "Omnio" en Juin 1997, de "Strange In Stereo" en Février 1999, de "Pure" en Décembre 2016 chez Debemur Morti Productions, de "Cease The Day" en Novembre 2018, et de "Diversum" en Novembre 2022 chez Soulseller Records.

Discographie :

1995 : "Heart Of The Ages"
1997 : "Omnio"
1999 : "Strange In Stereo"
2016 : "Pure"
2018 : "Cease The Day"
2022 : "Diversum"


Les chroniques


"Diversum"
Note : 17/20

Il aura fallu quatre ans à In The Woods... pour sortir un nouvel album et l'explication se trouve probablement dans le fait que Mr Fog a laissé sa place au micro à Bernt Fjellestad qui fait donc ses premiers pas avec le groupe sur ce "Diversum". Le précédent album continuait sur la lancée de "Pure" avec juste de discrètes sonorités plus extrêmes de manière épisodique et il ne semble pas que le groupe ait prévu de changer son fusil d'épaule avec ce nouvel album.

"The Coward's Way" nous remet dans le bain avec d'entrée de jeu une ambiance sombre et oppressante sur fond de claviers et de quelques discrets arpèges avant de reprendre le chemin de ce metal / rock progressif aux teintes gothic / doom que l'on connaît bien. Tout en mélancolie comme d'habitude, In The Woods... nous accueille avec un morceau sombre qui fait déjà entendre quelques incursions metal avec gros riffs puissants et chant hurlé pas loin du black metal qui laissent un petit air de Katatonia période "Brave Murder Day". On retrouve donc quelque chose de similaire à ce que pouvait déjà développer le groupe sur "Cease The Day" avec toujours cette facilité à créer des ambiances cotonneuses et à poser des mélodies qui frappent en plein cœur. Des riffs en trémolo là encore très black metal dans l'esprit se font entendre aussi sur "Moments" qui permet d'entendre à quel point le chant de Bernt Fjellestad est varié, passant du chant clair au chant black voire même en superposant les deux pour un effet très sympa. Le morceau suit le même chemin et passe de moments très mélodiques, mélancoliques et accrocheurs et d'autres plus durs avec des riffs flirtant brièvement avec le death metal. Si "Diversum" poursuit sur la voie tracée par "Cease The Day", on note quand même qu'un équilibre a été trouvé entre les sonorités les plus mélodiques et progressives et celles plus extrêmes et plus dure, je ne dirais pas que c'est du 50/50 mais mais pas loin.

Cela permet à la musique d'In The Woods... de rester suffisamment dynamique et de ne jamais avoir l'air de sonner de façon trop douce, ce qui pourrait peut être rapatrier certains métalleux qui avaient éventuellement fui le groupe. En tout cas, le savoir-faire et l'inspiration ne se sont pas perdus en route et ce nouvel album est à la fois touchant, profond et très efficace. "A Wonderful Crisis" en est un bon exemple avec un refrain à la fois percutant et terriblement accrocheur qui frappe dans le mille. Ils ne sont pas nombreux les groupes qui pondent des morceaux de plus de sept minutes qui ont tout du hit en puissance, In The Woods... est capable de le faire et si nos médias étaient moins frileux je suis sûr qu'un titre comme celui-ci pourrait faire son petit effet (bon, j'avoue que les growls en deuxième partie de morceau poseraient clairement problème à nos chères radios ou chaînes musicales). D'ailleurs, malgré ce côté très catchy, la musique du groupe ne perd pas en profondeur pour autant et cette mélancolie qui imprègne tout l'album se fait bien entendre là aussi. Sur "Humanity", la voix de Bernt Fjellestad me rappelle carrément celle de Warrel Dane avec en plus quelques sonorités plus sombres ou malsaines qui donneraient presque un petit air de Nevermore justement par moments. Alors certes globalement on retrouve le groupe comme on l'avait laissé ou presque après "Cease The Day", mais quand c'est aussi inspiré et aussi maîtrisé on ne s'en plaint pas ! Certes je ne serais pas contre le retour de l'expérimentation que l'on a connue à une période chez In The Woods... mais bon, le groupe sort des albums de qualité et son retour avec "Pure" était inattendu, c'est déjà pas mal.

"Diversum" poursuit donc à peu près sur la voie tracée par "Pure" et "Cease The Day" et nous délivre ces fameuses ambiances mélancoliques et cotonneuses avec en plus des refrains souvent accrocheurs et toujours quelques sonorités plus dures et plus extrêmes. In The Woods... est toujours aussi inspiré et ce nouvel album confirme que le groupe est bien de retour en forme.


Murderworks
Décembre 2022




"Cease The Day"
Note : 17/20

Après des années de silence, In The Woods... a dû se dire qu'il fallait rattraper le temps perdu puisque le groupe est déjà de retour avec "Cease The Day" deux ans après "Pure". Cet album présentait un In The Woods... bien moins aventureux et barré que par le passé et ce nouveau méfait n'opère pas non plus de retour à des sonorités plus psychées.

Par contre, on sent que le groupe a voulu réinjecter une dose d'extrême dans sa musique puisque du chant hurlé ou growlé fait son retour et que certains riffs recommencent à flirter avec le black metal. "Empty Streets" nous permet de reconnaître aisément la patte du groupe avec ces mélodies mélancoliques, cette ambiance aussi belle que pesante et ces claviers typés orgue qui se font entendre discrètement. Et les fameuses parties typées black metal font leur apparition en plein milieu du morceau, pas sur fond de blast évidemment mais avec des riffs qui sentent presque le pagan black. Quelque chose de mélodique mais assez froid, avec le chant hurlé de Mr Fog qui ajoute une dose d'agressivité que l'on n'avait plus entendu chez In The Woods... depuis bien longtemps. Ce n'est pas un retour aux sources pour autant mais le groupe renoue avec une partie de sa personnalité qu'il avait remisée au placard et qui s'intègre bien aux ambiances de "Cease The Day". On retrouve cette capacité à balancer des mélodies poignantes qui vous attrapent à la gorge, "Substance Vortex" en est un bon exemple. Par rapport à "Pure" et au-delà du retour à quelques sonorités plus dures, on note aussi une plus grande maîtrise de la composition, car même si "Pure" était loin d'être mauvais, on a l'impression en écoutant "Cease The Day" que le groupe était encore en rodage sur le précédent essai et qu'il recommence à trouver ses marques seulement maintenant. Ce qui n'est pas vraiment étonnant après plus de quinze ans d'inactivité, d'autant que ce nouvel album est vraiment plus inspiré, habité et équilibré. Bien entendu, ceux qui espéraient un petit frère à "Omnio", "Strange In Stereo" ou carrément à "Heart Of The Ages" seront extrêmement déçus une fois de plus. Bon, soyons honnêtes, ceux qui attendaient un deuxième "Strange In Stereo" ne doivent pas être très nombreux, j'adore cet album mais il me semble bien que c'est le vilain petit canard de la discographie du groupe à cause de son côté très psyché et barré. Si vous êtes ouverts d'esprit et que vous êtes passés à côté, n'hésitez pas à y jeter une oreille attentive, c'est un joyau dans son genre.

Mais revenons à "Cease The Day" sur lequel le groupe montre que s'il emprunte des chemins plus balisés de nos jours, il n'en n'a pas perdu sa capacité à composer une musique touchante et poignante pour autant. Les morceaux tournent la plupart du temps autour des six ou huit minutes et In The Woods... prend le temps d'installer ses ambiances comme il l'a d'ailleurs toujours fait. Si certains regretteront amèrement l'inventivité et la créativité barrée du passé, les nouveaux arrivants auront là une porte d'accès vers les dits albums qui leur permettra peut-être de saisir plus facilement ce que le groupe faisait sur ses premiers albums. Niveau production, ça sonne très bien, le son est puissant, suffisamment gros et clair pour entendre tout le monde avec toutefois une petite couche de crasse sur les guitares qui colle bien avec le léger retour des sonorités black. Parce que oui, ce retour aux sonorités plus dures reste léger, ne vous emballez pas en imaginant que le groupe a vraiment durci son son de façon profonde, les riffs remettent une dose de black dans la machine, le chant hurlé se partage plusieurs parties avec le chant clair mais le groupe ne va pas plus loin. Cela suffit toutefois à donner de la vie à "Cease The Day" et à varier les plaisirs, autant qu'à faire plaisir à ceux qui attendaient depuis longtemps ne serait-ce qu'un petit sursaut black. Petite curiosité aussi avec "Transcending Yesterdays" qui a été enregistré live et qui fait donc une légère coupure au niveau du son en fin d'album, coupure dans le style, pas dans la qualité du son qui est parfaitement audible et ne pose aucun problème. Un morceau d'ailleurs un peu plus dur encore que ce que l'album a proposé jusque là, laissant peut-être la porte ouverte à quelque chose de plus extrême pour de prochains albums.

Bref, un nouvel album qui confirme que le groupe est bel et bien de retour et que l'inspiration ne s'est pas sauvée en route, amenant par la même occasion des sonorités plus dures et plus proches du black. Pas de retour aux sources à noter mais le groupe indique clairement qu'il ne renie pas son passé, qu'il n'oublie pas d'où il vient, et que l'on n'est pas à l'abri d'en entendre plus à l'avenir.


Murderworks
Mars 2019




"Pure"
Note : 16/20

Plus d'album studio pour In The Woods... depuis le très expérimental et barré "Strange In Stereo" en 1999 puisque le groupe avait annoncé son split, autant dire qu'on n'attendait plus de retour du groupe depuis longtemps. In The Woods... a pourtant décidé de remettre le couvert et nous livre un nouvel album, "Pure" de son petit nom.

Si on reconnaît le groupe dès l'entame de "Pure" justement qui ouvre l'album, on entend tout de suite aussi qu'In The Woods... a opéré un retour en arrière au niveau de l'expérimentation. Sans aller jusqu'à dire qu'on retrouve le In The Woods... de "Omnio" on en est tout de même bien plus proche que de "Strange In Stereo" qui avait vu le groupe pousser le bouchon de l'expérimentation et du barré assez loin et qui du coup en avait déstabilisé plus d'un. Pour ma part, je trouve encore cet album génial dix sept ans après sa sortie et si le groupe avait repris les choses là où il les avait laissées en 1999, cela ne m'aurait pas dérangé le moins du monde. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé et "Pure" renoue avec le passé d'In The Woods..., une musique mélodique, accrocheuse même si riche et dense et des ambiances toujours aussi mélancoliques, belles et planantes. Détail à préciser, c'est Mr Fog qui s'occupe du chant sur ce nouvel album et non plus Jan Kenneth Transeth dont le chant participait d'ailleurs au côté bien barré du groupe. Pas d'inquiétude, la voix de Mr Fog colle bien aux compositions de ce nouvel album et si le groupe a opéré un retour en arrière stylistique, on ne peut pas dire qu'il ait perdu son inspiration en route. L'album dure près d'une heure dix et comme d'habitude, on ne s'ennuie pas, les morceaux sont tous suffisamment riches et denses pour occuper l'oreille et demander une attention particulière. In The Woods... donne toujours l'impression de faire un voyage sous trip mais sans la drogue, une incursion musicale à l'autre bout de l'univers.

Alors non, In The Woods... n'expérimente plus autant que sur "Strange In Stereo" mais sa patte est aisément reconnaissable et un morceau comme "Blue Oceans Rise (Like A War)" présente quand même un visage assez barré qui nous rappelle que c'est bien le même groupe que l'on est en train d'écouter. Il est tout de même surprenant et impressionnant de voir que ces gars ont retrouvé leurs marques dix sept ans après la sortie de leur dernier album ! On pouvait avoir peur que le groupe n'ait plus rien à dire et se contente d'essayer de refaire un "Omnio" mais non, si le style s'en rapproche on est quand même loin de l'autopompe et In The Woods... montre qu'il en a encore sous le pied. Je me doute que l'aspect culte d'"Omnio" et le fait que l'on connaît cet album depuis si longtemps vont forcément faire pencher la balance en sa faveur mais "Pure" mérite vraiment qu'on y pose une oreille attentive. Le groupe balance toujours des ambiances totalement space dans tous les sens du terme, des mélodies qui ne viennent pas de notre monde mais qui n'ont aucune peine à nous emmener dans le leur. Ceux qui ne connaissent pas encore la musique d'In The Woods ne doivent pas être bien avancés avec ce que je viens de dire, mais la musique de ce groupe est assez difficile à décrire et dites-vous que si vous aimez la mélancolie, la musique psychée et les ambiances spatiales? il est grand temps que vous vous penchiez sur son oeuvre.

Voilà donc un nouvel album très réussi qui ne marquera pas autant les esprits des amateurs d'expérimentations tordues et barrées que son prédécesseur mais qui remplit son contrat en termes de pure (hop, placé celui-là) qualité. Pour l'expérimentation à tout va, il nous reste toujours "Strange In Stereo" et maintenant que le groupe s'est remis sur les rails, rien ne dit qu'il n'ira pas une fois encore s'aventurer dans des terres bien plus étranges.


Murderworks
Janvier 2017


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/inthewoodsomnio