Deux ans après "The Way Forward", Intervals est de retour avec "Circadian" et ce mélange totalement instrumental entre rock progressif, metal et influences modernes qui crée une musique accrocheuse et technique à la fois. Toute la force de ce groupe est de proposer des albums qui s'écoutent facilement malgré un niveau technique très élevé et ce nouveau bébé est une fois de plus une leçon dans le genre.

Par rapport au commun des groupes de metal, Intervals affiche une positivité assez contagieuse et en écoutant ce genre d'album on ressent immédiatement le plaisir qui a été pris à les faire. Une fois de plus, trente-cinq petites minutes suffisent à Intervals pour envoyer la sauce et nous filer la banane avec des morceaux très cathcy aux relents de progressif voire même de djent. Mais ces influences passent à la moulinette Intervals et donnent naissance à une musique positive et énergique qui fait un bien fou en cette période morose. Résolument moderne et doté du gros son qui va bien, "Circadian" n'en oublie jamais l'efficacité et ne profite pas du niveau technique affolant pour épater la galerie. Les plans les plus complexes ne sont là que pour tisser des morceaux dynamiques et aux structures changeantes mais toujours relativement simples à suivre. Un mélnge plus difficile à réaliser qu'il n'y paraît et qu'Intervals arrive toujours à créer. "5-HTP" qui ouvre l'album passe à une vitesse folle avec ses trois minutes et nous donne déjà envie de bondir dans tous les sens avec ses mélodies entraînantes. "Vantablack" se fait plus énergique et balance un rythme plus soutenu mais garde cette positivité qui va habiter tout l'album et qui est typique d'Intervals. Les gros bourrins en seront pour leurs frais mais les autres profiteront d'un nouvel album sautillant et extrêmement efficace encore une fois. Réussir à proposer une musique aussi accrocheuse et abordable en restant totalement instrumental est là aussi un exploit que le groupe arrive systématiquement à réitérer.

Une fois de plus, les métalleux pur jus ne trouveront pas de quoi satisfaire leurs appétits de bourrinange et d'ambiances sombres, circulez il n'y a rien à voir. C'est bien plus aux amateurs de progressif que le groupe a des chances de s'adresser et à ceux-là j'ai envie de dire de foncer. Intervals a tout ce qu'il faut pour séduire à la fois ceux qui aiment les parties techniques et ceux qui veulent une musique catchy et mélodique. Ces deux facettes se mélangent harmonieusement sur "Circadian" et aucune ne prend le pas sur l'autre à aucun moment. Le fait d'avoir une durée aussi compacte permet en plus de ne pas perdre de temps et de garder un impact constant et une efficacité garantie. Ce qui est aussi étonnant et qui prouve le talent qui se cache derrière Aaron Marshall, le maître d'oeuvre, c'est que les albums sont tous dans la même veine et que malgré ça on se laisse prendre au piège à chaque fois avec des albums qui trouvent toujours le moyen de fonctionner ! C'est peut-être aussi dû à la richesse des influences qui sert de terreau à sa musique et qui lui permet d'avoir une certaine variété malgré une formule qui ne bouge pas d'un iota. En tout cas, cela marche à chaque fois et Intervals arrive toujours à nous embarquer dans son délire. Comme je le disais plus haut, la production est une fois plus assez compressée et très moderne mais suffisamment puissante et collant de toute façon parfaitement au style de musique déployé par Intervals. Là où la plupart des groupes de metal utilisant ce type de production affaiblissent leur impact, la musique très rock dans l'esprit d'Intervals en bénéficie au contraire et en sort plus massive.

Un nouvel album qui garde toujours la même formule mais qui fait mouche une fois de plus. "Circadian" est donc du Intervals pur jus et balance toujours ce rock progressif, moderne, mélodique et très énergique qui donne la patate.

Après toute une vague de chroniques old school, retour vers un peu de modernité avec le nouvel album d'Intervals, one-man band instrumental orienté metal progressif à tendance djent. "The Way Forward" est le troisième album du projet et poursuit sur la même voie que ses grands frères, à savoir une musique accrocheuse, technique, énergique et assez positive.

Intervals n'aime pas s'étendre inutilement et ce nouvel album avoisine les trente-huit minutes, ce qui devrait rassurer ceux que le mot "technique" fait fuir à grands coups de shred. La technique est bien présente dans la musique d'Intervals mais la démonstration à outrance n'est vraiment pas le but recherché, les parties les plus complexes sont là pour servir la musique et contribue à rajouter une certaine richesse à une musique par ailleurs très catchy et accrocheuse. "Touch And Go", qui ouvre l'album, remet les pendules à l'heure pour ceux qui doutaient de ce que je viens de dire, le morceau est très mélodique, direct et accrocheur malgré des plans de guitares assez complexes. Un équilibre que le groupe arrive à maintenir sur tous les morceaux (enfin groupe... le projet d'Aaron Marschall serait plus juste), toujours à cheval entre technique et mélodie mais ne sombrant jamais dans l'un ou dans l'autre. Le reproche que l'on pourrait faire, c'est que l'album est peut-être un peu trop homogène et que certains morceaux répètent des schémas similaires, mais globalement c'est quand même bien foutu et ça passe tout seul. "The Way Forward" est le genre d'album à ressortir avec le retour du soleil qui arrive tout doucement, une sorte de bonbon musical très efficace pour se remettre de bonne humeur. On sent les parties saccadées du djent mais aussi un côté presque rock prog dans les mélodies, ce côté un peu joyeux propre à ce style. D'ailleurs, globalement, Intervals est plus rock dans l'esprit que metal, son aspect très catchy et l'accent mis sur les mélodies au détriment de la puissance risquent de le disqualifier auprès des gros métalleux.

Ce serait pourtant dommage de s'en priver tant la musique de ce one-man band passe toute seule, d'autant que, comme je le disais, le niveau technique du maître d'œuvre permet de doter ces morceaux d'une richesse bienvenue. La plupart des morceaux tournent autour des quatre minutes et vont droit au but, pas de parties techniques à rallonge ou de solo interminable. La musique d'Intervals est dans l'esprit assez radio friendly, même si évidemment aucune radio ne diffuserait ça chez nous, ne serait-ce que pour le fait que c'est de l'instrumental. Le tout jouit d'une grosse production avec un son puissant et propre même si trop compressé comme chez beaucoup de groupes de metal moderne, ça s'écoute quand même sans problème et on entend clairement tout le monde. En dehors du petit défaut pointé plus haut, à savoir une trop grande homogénéité par moments, l'album s'écoute bien et les morceaux sont tous suffisamment efficaces et accrocheurs pour que l'ennui n'ait pas le temps de pointer le bout de son nez. D'autant que, comme je le précisais, l'album est relativement court et n'atteint pas les quarante minutes donc il y avait tout de même peu de chances de faire quelque chose de barbant avec ça. En tout cas, "The Way Forward" continue sur la voie tracée par "The Shape Of Colour" et si vous avez apprécié ce dernier, il n'y a aucune chance que ce nouvel album vous déçoive, on y retrouve les mêmes ingrédients et les deux albums ont des allures de frères.

Un nouvel album dans la lignée de son prédécesseur, toujours aussi technique et accrocheur. "The Way Forward" passera bien dans la voiture avec le retour du soleil, ces huit morceaux ont une pêche et une bonne humeur communicative et les trente-huit minutes passent toutes seules.