Jeune groupe renfermant entre autres des ex-membres de Rings Of Saturn et Abiotic, Interloper nous amène son premier album "Search Party" après un premier EP sorti en début d'année. Il va être bien difficile de classer ce premier album et c'est totalement voulu par les membres du groupe qui voulaient justement repousser les barrières, évoluer dans plusieurs styles différents et créer quelque chose de personnel à partir de tout ce qui leur passait par la tête. Ouverture d'esprit exigée évidemment pour cette plongée d'une cinquantaine de minutes dans ce premier album qui promet d'être agité.

"Pathkeeper" ouvre l'album sans fioritures et balance un metal aux frontières du progressif et de l'extrême avec des riffs puissants mais catchy, un chant clair lui aussi assez accrocheur et des plans assez techniques sans être démonstratifs pour autant. L'inspiration est ouvertement moderne et des éléments metalcore se font parfois entendre, le refrain rappelant même par moments un certain Trivium. Les morceaux sont assez compacts et ne dépassent que rarement les cinq minutes, Interloper misant visiblement beaucoup sur l'impact et l'efficacité malgré la technicité de certains passages. Le chant est d'ailleurs clair et l'idée n'est pas de proposer une musique brutale, même si la puissance est au rendez-vous. Il est clair que les métalleux purs et durs et les puristes n'aimeront pas, l'approche d'Interloper sera bien trop moderne et soft pour eux. La présence en fin d'album d'une reprise du "Rio" de Duran Duran confirme d'ailleurs que les membres du groupe ne puisent pas leur inspiration que dans le metal. Une reprise qui trouve d'ailleurs le moyen d'être à la fois fidèle à l'originale et à la sauce Interloper en même temps ! Le chant crié fait son apparition sur "Bound To Fall" qui se montre du coup plus agressif mais toujours aussi orienté vers le metal moderne, avec d'ailleurs quelques leads aériens qui rappellent Fallujah. "Moonlight" durcit encore un peu le ton et balance de gros coups de double sur des riffs plus incisifs et un morceau globalement plus dur, quelques blasts se glissent d'ailleurs au milieu du morceau, tout en gardant ces mélodies aériennes et ces lignes de chant clair qui m'évoquent parfois TesseracT. Il y a parfois une fragilité, une sensibilité dans le chant qui me renvoie vers les Anglais et Daniel Tompkins en particulier.

Si vous vous attendiez à une musique dans les veines des autres groupes ou projets des membres d'Interloper, vous allez être déçus, on retrouve certes une technicité commune par moments et une puissance relative mais Interloper évolue dans une sphère bien plus accrocheuse et mélodique. Pas de plans extrêmement pointus à la Rings Of Saturn par ici, tout comme vous n'entendrez pas non plus la brutalité d'Abiotic. "Search Party" s'émancipe et si certaines touches de death technique peuvent parfois se sentir en filigrane, son approche est bien plus portée sur l'efficacité et l'accroche. Le but avoué est de toucher à peu près tout le monde et si je doute que les vieux de la vieille soient touchés par ce premier album, les autres pourraient bien y trouver leur compte. La qualité est là, la profondeur et la richesse aussi et ces dix nouveaux morceaux sont d'une efficacité à toute épreuve. La production est évidemment moderne elle aussi mais évite les pièges du son en plastique sans âme, on trouve plutôt ici un son puissant, clair mais qui garde un côté suffisamment organique et chaud. Ce qui soit dit en passant est parfaitement adapté à la musique d'Interloper et permet d'entendre les subtilités du jeu de tout le monde, vu le niveau des membres impliqués, ce n'est pas du luxe. En tout cas, ce premier album est suffisamment varié pour tenir les cinquante minutessans problème et sans connaître le moindre temps mort. Interloper jongle entre la puissance et la mélodie et se trouve aussi inspiré dans un domaine que dans l'autre, le seul élément pouvant éventuellement en bloquer certains étant justement cette approche très moderne.

"Search Party" est donc un premier album prometteur et très efficace qui balance dix morceaux tous aussi efficaces les uns que les autres, que ce soit dans une veine mélodique et aérienne ou plus axée sur la puissance. Si le metal moderne vous file des boutons, fuyez à toutes jambes, dans le cas contraire n'hésitez pas à laisser traîner vos oreilles par ici.