Les Lyonnais de Inner Landscape sortent leur premier album "3h33" chez les dénicheurs de groupes atypiques de la Klonosphere et officient dans un post-metal. Les influences citées vont de Sumac à Isis et Cult Of Luna en passant par Intronaut (excellent groupe un peu trop souvent oublié). Les gros bourrins savent donc qu'ils peuvent aller voir ailleurs si la boucherie y est, ce sont les ambiances et les mélodies qui vont se tailler la part du lion sur cette petite demi-heure.
"The Order Of Things" ouvre les hostilités avec déjà un peu plus de six minutes au compteur et on sent effectivement le mélange des influences citées plus haut, à savoir les riffs puissants mais mélancoliques, les ambiances parfois plus aériennes, le chant hurlé, les structures mouvantes et en cadeau bonus une production chaude qui donne un son organique. Là au moins on a l'impression d'entendre de vrais instruments et on a un son puissant, clair et propre. De plus en plus de groupes semblent enfin vouloir un son plus naturel, ça fait plaisir et il était temps d'y revenir. Bon, comme dit à l'instant, les influences s'entendent bien sur ce premier morceau et le groupe ne peut clairement pas les cacher, cependant les idées sont là et le groupe sait ce qu'il fait. On a de bonnes ambiances, de bonnes mélodies, une conviction qui s'entend à chaque instant et le temps permettra sans nul doute à Inner Landscape de s'émanciper un peu plus et de développer une personnalité plus marquée. "Collective Dissonance" enchaîne et là encore on sent vite que le groupe travaille ses morceaux, qu'il les peaufine et que rien n'est laissé au hasard. Il casse le rythme régulièrement, il joue avec le chaud et le froid au niveau des ambiances, des riffs et des mélodies et une fois de plus il nous tient à la gorge pendant plus de six minutes.
Les morceaux sont évidemment assez longs et tournent entre six et huit minutes en gros, de quoi prendre le temps de développer les fameuses ambiances. Pour ça, on peut faire confiance à Inner Landscape, les mélodies sont toujours empreintes de la mélancolie typique du post-core et les passages les plus aériens font toujours mouche. Une fois de plus, si la personnalité du groupe pourra être plus développée à l'avenir, on sent quand même une véritable implication, une honnêteté dans la démarche qui transpire à chaque note et qui laisse clairement entendre que "3h33" vient des tripes. Le morceau-titre qui ferme l'album en est d'ailleurs un bon exemple puisque malgré son aspect touffu et à tiroirs et ses structures régulièrement cassées, il reste poignant de bout en bout et laisse passer les émotions pendant huit bonnes minutes. Certes l'ombre de Cult Of Luna et surtout de Isis y plane plus d'une fois mais on se laisse emporter sans discuter et Inner Landscape y fait preuve d'une certaine finesse qui ne fait qu'amplifier la mélancolie ambiante et la puissance des émotions véhiculées. Ce qui colle très bien avec le thème qu'aborde l'album à savoir le délitement du cercle familial, un sujet délicat pour un phénomène malheureusement de plus en plus répandu qui fait d'énormes dégâts à tous les niveaux.
"3h33" ne peut certes pas cacher ses influences puisqu'elles s'entendent assez clairement plus d'une fois. Cependant, Inner Landscape y fait déjà preuve d'un talent certain de composition et les émotions qu'il fait passer frappent dans le mille. L'implication des membres dans leur musique est incontestable et on ne doute pas que le temps leur permettra de développer une patte plus affirmée. En attendant, ce premier album est déjà largement recommandable et les membres du groupe sont clairement des passionnés, on soutient donc la démarche et on garde une oreille attentive sur ce groupe prometteur.
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