"Chaos Breeder"
Note : 17/20
Que d’activité en Espagne en cette fin d’année ! Pour fêter leurs seize années de carrière et
les dix ans de leur premier album, [In Mute] nous offrent "Chaos Breeder" ! Après s’être
séparés en fin 2018 de leur chanteuse, Adrián (batterie), Cristóbal (guitare), Pedro (basse)
et Mike (guitare) recrutent Vanja Obscure (chant) et enregistrent leur troisième album.
Composant toujours dans un death mélodique puissant, le quintette est bien décidé à nous en
mettre plein la vue !
On commence avec l’impactante "Just(ice)". Dès le début ça blaste, ça hurle, et ça joue très
vite sans négliger ces harmoniques mélodiques à la basse et à la guitare. Pas de doute, les
Espagnols ont la rage et ça se sent. Le refrain contient également un chant plus calme que
les hurlements habituels, mais ce changement de chanteuse n’a en rien impacté la marque
de fabrique du groupe. On passe à "A Beautiful Disaster" qui confirme cette première
impression, avec une composition saccadée, saturée au possible et accrocheuse. Quelques
passages plus techniques, quelques choeurs, mais l’essence reste la même : la violence est
omniprésente. Même constat pour "Beyond Death" et ses influences thrash, qui mènent
finalement au refrain le plus planant et dissonant de l’album, qui nous fait vite redescendre
sur le riff principal. Et si vous voulez un son lourd, attendez le break, plutôt martial, qui va
vous faire remuer la tête. Toujours dans ce registre tranchant et empli de passages
accrocheurs, on arrive sur "EcceTorment", un titre qui séduit dès les premières secondes et
qui nous transporte lors de ce refrain mélodieux. Cela n’empêche pas une rythmique
puissante de revenir nous frapper en temps voulu.
Toujours plus axés technicité, les riffs syncopés de "Depth Of Suffering" vont vous faire deviner
à coup sûr les influences du groupe, à la fois en termes de violence, mais aussi de groove,
car ce sera le maître-mot de ce titre au refrain si aérien. On renoue avec la rapidité sur
"Calibrated Face", un morceau au blast puissant qui enchaîne avec un riff accrocheur et
groovy à souhait qui laisse tout de même la place à des leads perçants avant de nous faire
headbanguer à nouveau. On s’approche de la fin de l’album avec "Chaos Breeder", le titre
éponyme. Et bien que le morceau soit très solide, il est également celui au son le plus
atmosphérique, avec en prime une basse qui tire son épingle du jeu avec un petit passage
lead inattendu. On retrouve cet aspect qui tire dans le metal progressif sur "Unhallowed
Division", le huitième et dernier titre, notamment dans le break au milieu du morceau, qui
nous ramène cependant très vite à la violence à laquelle les Espagnols nous ont habitués,
pour finalement nous achever avec toute leur puissance.
Après un changement de vocaliste, on aurait pu se demander ce qu’il allait advenir d’[In
Mute]. Et pourtant, l’arrivée de leur nouvelle recrue et la sortie de "Chaos Breeder" nous
confirme que l’avenir du groupe n’est pas incertain du tout. Les Espagnols savent où ils vont,
prennent des risques, et nous prouvent qu’ils ne sont pas là pour faire du tricot. A quand un
passage en France ?
"Gea"
Note : 17/20
Il est facile de penser que tous les bons groupes de death mélodique viennent de Suède ou de
Finlande, vu la qualité des groupes qui y résident, mais ce n'est pas le cas de [In Mute]. Créés en 2003
sous le soleil de Valence en Espagne, le groupe se stabilise quelques années plus tard avec Pejota et
Cristóbal Galán aux guitares, Pedro à la basse, Adrián derrière les fûts et Alberto au chant. Ils sortent
leur premier album en 2009, puis Alberto quitte l'aventure, et le groupe lui trouve bien vite un
remplaçant en la personne de Steffi. Un changement risqué, mais qui n'est pas une première dans le
monde du death mélodique (on pense tous à Arch Enemy) puisque la demoiselle n'a rien à envier à
son homologue masculin : ses hurlement sont tout aussi féroces et puissants ! Ils sortent ensemble
un EP en 2013, qui confirmera au monde que le groupe n'a rien perdu de sa superbe avec l'arrivée de
Steffi, les propulsant même au Wacken Open Air 2014, avant de s'orienter sur "Gea", leur deuxième
album, en 2017. David G. Álvarez (guitare, également présent dans Angelus Apatrida) leur donnera
même un petit coup de main à l'enregistrement et à la production. Laissez-vous guider par la ligne
mélodique et échauffez-vous un peu la nuque...
C'est avec "We Die Together" que l'album démarre, une superbe introduction acoustique qui
s'intensifie avec le temps, au fur et à mesure que les samples de violons montent dans les aigus pour
nous mener à "Gea's Defence - Disease". Une rythmique solide nous tombe directement dessus,
renforcée par les hurlements de Steffi. La guitare lead ajoute la touche épique qui fait passer cet titre
de "chanson cool" à "superbe composition", alors qu'on enchaîne directement avec "Gea's Defence -
Alchemy" par un cri. C'est à nouveau une chanson à la rythmique massive, mais l'alternance des
hurlements de Steffi lui donne vraiment quelque chose d'unique. La belle n'hésite pas à trancher
entre hurlements profonds et cris aigus pour défendre sa place.
"Gea's Defence - As We Are" augmentera le niveau de violence d'un cran supplémentaire, avec des riffs
plus torturés et acharnés que jamais, pour finir en une véritable pluie de blasts sur la fin. "Barefoot"
tentera de se démarquer avec une rythmique massive et une voix imposante, tout en casant
quelques harmoniques pour ne pas négliger le côté mélodique qui sied si bien au groupe. "The Eternal
Return" est construite sur le même mode opératoire, mais en intensifiant au maximum la partie
mélodique, effaçant presque la rythmique lourde que le groupe essaye d'ancrer. Un titre particulier,
mais très plaisant !
"Human Obsolescence" est une véritable tornade de riffs tous plus épiques les uns que les autres, avec
entre autres un break quasi atmosphérique d'une beauté inestimable, alors que "Dance Of
Destruction" se réorientera sur des sonorités plus lourdes, en utilisant un break acoustique pour
adoucir le tout et revenir à une mélodie plus douce, mais également des cris en choeur afin
d'apporter un surplus de violence.
La véritable surprise viendra du duo final. En effet, "Your Bane" jouera également sur du son clair pour
surprendre l'auditeur en enchaînant par une partie lead à deux guitares qui absorbera votre esprit
pour ne vous le rendre qu'à coup de riffs tranchants et de double pédale acharnée pour finir sur les
mêmes sonorités que lors de l'intro. Le dernier titre de l'album est une reprise de Metallica, le
fameur "Damage Inc."... J'avais franchement peur car j'ai une aversion assez particulière au son des
Américains, mais [In Mute] a réussi à en faire un titre accrocheur et sur lequel je me vois parfaitement
headbanguer en plein milieu d'une fosse déchaînée. Une nouvelle preuve que le thrash et le death
se mélangent à la perfection !
En effet, les groupes espagnols ne sont pas légion à se faire connaître hors de leurs contrées, mais s'il y en a bien un qui peut monter très rapidement, c'est sans aucun doute [In Mute] ! Avis à tous les amateurs de violence contrôlée, de mélodies enchanteresses et de hurlements féminins, si vous n'avez pas encore écouté "Gea", c'est votre prochaine mission !
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