Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de chroniquer des groupes venant du Costa Rica, mais c'est le cas aujourd'hui avec le deuxième album de Inhuman, "Conquerors Of The New World". Et si vous aimez le death metal brutal et technique, vous allez être servis avec eux !

Le morceau éponyme qui ouvre l'album vous indique directement où vous mettez les pieds, des riffs bien techniques sur fond de blasts avec de bons gros coups de double histoire de planter le décor. Rajoutez à ça la traditionnelle basse fretless qui fait plaisir et vous avez toute la panoplie du death brutal technique typique du début des années 90, celui balancé à l'époque par les Atheist, Gorguts, Pestilence, Death et autres Cynic. Bon, chez Inhuman ce n'est pas le côté planant ou mélodique qui est mis avant, ce sont la technicité et la brutalité qui se taillent la part du lion. Les structures sont syncopées et associées à la brutalité sans concession de l'animal, on pense aussi régulièrement à du bon vieux Suffocation, bref on n'est pas là pour rigoler. Et j'espère que vous avez l'estomac bien accroché parce que rien que ce premier morceau approche des 7 minutes, et même s'ils ne s'étalent pas tous autant, le groupe est tout de même assez vicelard pour vous attaquer directement avec un pavé. Sûrement une manière de tester l'auditeur et voir si celui-ci connaît ses classiques, parce que pour le reste, la durée de l'album est plutôt raisonnable et avoisine les 43 minutes. Précisons aussi pour les plus jeunes que nous ne sommes pas en présence d'un groupe adepte du shred à outrance sur des blasts supersoniques, la musique d'Inhuman est certes technique et brutale mais je le répète, les influences du groupe sont à chercher du côté des pionniers du début des années 90. En tout cas, l'intensité de cet album n'a rien à envier à tous les petits nouveaux qui débarquent ces dernières années. Inhuman ne lève jamais le pied, ne lâche rien et "Conquerors Of The New World" semble tailler pour vous rouler dessus du début à la fin et mettre vos nerfs à l'épreuve.

Même au niveau de la production on est presque d'époque, les guitares sont tranchantes et n'ont rien à voir avec les 7 ou 8 cordes accordées plus bas que terre auxquelles nous sommes habitués de nos jours. La production est globalement assez sèche et laisse tous les instruments s'exprimer, y compris la fameuse basse fretless qui prend sa place tranquillement dans le mix. Pour le reste, si Inhuman ne relâche jamais la pression, sa musique n'en devient jamais indigeste pour autant, la technicité sert les morceaux et la cohérence est de mise de bout en bout. Le groupe n'est pas là pour épater la galerie et enchaîner les plans les plus fous les uns après les autres, sa musique est réfléchie et percutante. Jamais ce deuxième album ne tombe dans le piège de la démonstration facile, pourtant le niveau des musiciens l'aurait permis sans aucun problème. Inhuman préfère miser sur la violence, l'impact brut et une ambiance qu'on retrouve justement que chez les anciens de la scène. Ce mélange de folie dans les riffs et d'oppression dans les ambiances, du vrai death metal quoi. Si la plupart des nouveaux groupes ont une technicité à toute épreuve et une vitesse d'exécution inhumaine (une blague de madame Lenvie, de Béziers), ils ont tendance à oublier justement cette ambiance glauque et pesante qui est propre au death metal. Inhuman la restitue avec une telle facilité qu'on croirait l'album tout droit sorti de 92 ou 93 !

Pour faire simple si vous aimez le death technique des années 90, cet album est fait pour vous. Tout y est : la technicité, l'ambiance, les riffs, la brutalité, le son ! Et ça fait du bien d'entendre un groupe perpétrer la bonne vieille tradition, surtout avec autant de brio.