Sorti chez Dolorem Records qui nous a déjà mis quelques bourrins jouissifs dans les tympans, le premier album des Français d'Infern, "Turn Of The Tide", devrait en rajouter une couche pour notre plus grand plaisir de masochistes ! En gros, on trouve du death metal old school qui privilégie le mid-tempo, les riffs écrasants et la puissance de frappe plutôt que le sport de vitesse.
Amateurs de Bolt Thrower, c'est bien vous que je vise en disant cela, parce qu'Infern a dû pas mal écouter les Anglais. "Undertow", malgré son titre qui rappellera Tool à certains, ouvre l'album avec des riffs qui sentent le death metal, la guerre et la graisse qui dégouline des chenilles des chars d'assaut qui sont venus nombreux se garer sur ce premier album. La filiation est évidente et on retrouve avec un plaisir non feint ces tapis de double grosse caisse, ces riffs puissants et gras et ce mid-tempo écrasant qui groove comme un beau diable. Ne cherchez pas une déferlante de parties techniques ou des rafales de blasts à une vitesse inhumaine, vous ne les trouverez pas sur "Turn Of The Tide". Ici, c'est old school jusqu'au bout des ongles et le death metal que pratique Infern ne laisse entrer aucune influence extérieure, c'est du pur et dur ! "Phineas Case" enchaîne avec là aussi des riffs de tueur et des tapis de double qui vont faire très mal en live et devraient laisser quelques vertèbres dans la salle. Le headbanging est obligatoire tant le groupe maîtrise le groove sale du death metal, d'autant que les salopiauds ne se gênent pas pour nous en mettre plein la tronche en nous envoyant des riffs de bûcheron par palettes. On ne va pas faire le tracklisting complet, Infern enchaîne les tueries et ces dix morceaux sont aussi lourdement brutaux et efficaces les uns que les autres. Ajoutez à ça le fait que l'album est doté d'une production puissante qui évite tous les écueils dans lesquels tombent la plupart des groupes, c'est à dire compression exagérée et batterie en plastique pour les plus fréquents, et vous comprenez vite que vous avez là de quoi vous maltraiter les tympans et la nuque.
On a aussi droit à pas mal de soli, ce qui n'est pas si fréquent dans ce type de death metal, et ils apportent tous un petit plus mélodique voire une touche de noirceur qui donne plus d'épaisseur à des morceaux déjà bien garnis en couenne. "Burning Fields" nous balance quelques blasts vite fait mais à l'ancienne, ceux que l'on peut entendre par exemple sur les premiers Suffocation et qui ressemblent plus au passage d'une locomotive qu'à une rafale de mitrailleuse. Quelques riffs presque black metal s'infiltrent discrètement à la fin du morceau et apportent une ambiance plus froide pour le coup. Une petite incartade vite oubliée avec l'arrivée de "Archetype Of Brutal Aggressor" qui ressort son petit Bolt Thrower illustré tout en glissant quelques petites cassures rythmiques du plus bel effet qui devraient encore briser quelques nuques. Le chant s'y fait tellement arraché et brutal que l'on croirait presque entendre Barney Greenway par moments, c'est vous dire la finesse de la bête ! Les blasts reviennent pour "State Puppet Theater" avant de laisser la place à un tempo bien groovy qui nous remet une bonne couche de gras et de brutalité dans la tronche. Infern, contrairement à pas mal d'autres groupes de death old school, ne se contente pas de tourner pendant quarante minutes sur un mid-tempo monolithique qui finit en général par devenir lassant. Il envoie ce qu'il faut d'accélérations, de passages plus noirs ou plus groovy et glisse quelques bons vieux blasts pour dynamiser le tout et viser l'efficacité maximum. Quelques accords plus froids et dissonants se glissent aussi au milieu de tout ça de temps en temps, ce qui apporte quelques ambiances plus malsaines.
"Turn Of The Tide" est donc une sacrée carte de visite pour Infern qui ne prend pas de gants et se présente à nous avec un premier album brutal et salement groovy. Du death metal old school pur et dur qui sent la guerre, le sang et l'huile de moteur à plein nez. Vous connaissez l'expression "briser le quatrième mur" ? C'est pour les petites frappes ça, Infern les brise tous et branche son matos au milieu des ruines. Pensez donc à porter un casque de chantier à l'écoute de cet album parce qu'il pleut des fers à repasser par ici !
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