"Ecdysis"
Note : 18/20
Infected Rain affirme sa puissance avec son cinquième album. Créé en 2008 en Moldavie,
le groupe est composé de Elena "Lena Scissorhands" Cataraga (chant), Vadim "Vidick"
Ojog (guitare), Vladimir Babici (basse), Serghei Babici (guitare) et Eugen Voluta
(batterie), qui sont fiers de nous présenter "Ecdysis".
L’album débute avec "Postmortem Pt. 1", un titre assez moderne et lancinant qui appelle
rapidement la rage de la vocaliste hurlante, tout en dévoilant des parties plus calmes et
planantes avec un chant clair en chant clair. Le groove massif et lancinant nous mène
jusqu’à "Fighter", une composition pesante et abrasive, qui dévoile une quiétude sombre et
pourtant entêtante, alors que "Longing" se focalise surtout sur la violence massive et
accrocheuse. La rythmique provoquera sans aucun doute des mouvements de foule et des
headbangs, tout comme "Goodbye" et sa mélancolie lourde. La rythmique pioche dans des
éléments prog et djent pour appuyer la violence tout en offrant des parties plus douces et
accessibles, mais l’intensité demeure, alors que la brute "The Realm Of Chaos" accueille
Heidi Shepherd (Butcher Babies) pour accentuer les influences nu metal brutes. Les
hurlements des deux vocalistes sont complétés par quelques choeurs inquiétants et une
dissonance sombre, puis le groupe enchaîne avec "Everlasting Lethargy", une composition
aux riffs bruts complétés par des parties très douces, qui créent un contraste avec les
hurlements bestiaux.
"These Walls" se montre plus mélodieuse sans nier la violence, puis
"Showers" nous présente l’oppression fascinante et mélancolique, tout en la liant avec une
violence abrasive et des palm mute. Les tonalités brutes agrémentées de parties complexes
continuent avec "November" et sa froideur agressive, créant des influences mathcore
complexes qui seront abandonnées pour le groove brut de "Never The Same", un titre qui ne
s’apaise presque pas. Seules les parties de chant clair nous autorisent à respirer, alors que
"Nine, Ten" propose une douceur ambiante, créant une réelle coupure avec la violence
ambiante, même lorsque quelques hurlements apparaissent en arrière-plan. Le groupe
referme l’album avec "Postmortem Pt.2", un titre qui reprend les tonalités du premier morceau
tout en développant ce contraste entre groove et quiétude agressive. La longueur du titre lui
permet de conjuguer lenteur et tonalités pesantes pour finir l’album, tout en créant des
sonorités planantes.
Infected Rain revient pour s’imposer sur la scène. Entre metalcore, djent, progressive
metal, deathcore, groove metal et éléments pesants, le groupe a su faire d’"Ecdysis" un album
aussi intéressant, calme et violent. Leur ascension ne fait que commencer.
"Endorphin"
Note : 16/20
Depuis 2008, la scène moldave se fait régulièrement remarquée par les sorties d’ Infected Rain. Créé
par Elena "Lena Scissorhands" Cataraga (chant), Vadim "Vidick" Ozhog (guitare) et
Vladimir Babich (basse), le groupe évolue dans un metalcore aux accents nu metal, qui se
teinte ces derniers temps de gros son et de passages un peu plus progressifs. Côté line-up,
il se stabilise après l’arrivée de Sergey Babich (guitare) en 2010 et Evgeny Voluta
(batterie) en 2012. Les cinq membres sortent aujourd’hui "Endorphin", leur quatrième album,
après une longue tournée en Europe.
On débute sur "The Earth Mantra", un morceau déjà connu des fans puisque le groupe a sorti
un clip pour ce titre cet été, et qu’ils nous l”assènent dès que possible en live. Une rythmique
puissante, des riffs efficaces et un passage soudainement plus calme, voilà la recette
d’Infected Rain , qui récidive immédiatement avec "Black Gold", le deuxième extrait de ce
nouvel album. On retrouve donc les mêmes éléments que précédemment, faisant alterner
Lena entre des hurlements puissants et un chant clair très doux. Continuons avec la très
saccadée "Symphony Of Trust", qui s’adoucit à nouveau sur un refrain qui reste en tête tout en
conservant des codes très metalcore, alors que "Pendulum" part sur des sonorités plus
angoissantes. Les samples et les guitares parviennent à créer une ambiance oppressante
grâce à des harmoniques dissonantes.
Ce sont à nouveau ces harmoniques qui alternent avec un riff écrasant sur "Passerby", un
morceau teinté de hardcore. Et même lorsque la chanteuse passe en voix claire, la
rythmique continue à nous assommer. On continue avec la violente "Lure", qui démarre en
trombe avec une double pédale ravageuse, et de riffs groovy qui se calent dessus. Le titre
est très court, mais l’énergie ne manque pas, et on accroche directement à ce morceau,
comme à "Victims", un titre au son plus mélancolique, notamment grâce aux claviers en
arrière-plan. La rythmique est toujours entraînante, mais on sent une certaine froideur par
rapport aux morceaux précédents.
La fin de l’album se rapproche doucement alors que "Walking Dead" débute. Son introduction
mystérieuse sur sample amène une rythmique féroce, mais qui sait à nouveau s’adoucir
pour offrir un refrain auquel on adhère rapidement, avant de se faire une fois encore
violenter par le groove. "Taphephobia" est le titre le plus long de l’album, et dévoile des
influences presque axées sur du metal gothique, qui sied plutôt bien au groupe, tout en
gardant cet aspect brut. Le son est travaillé, les samples se mêlent avec les riffs, le break
reprend en faisant monter l’intensité et c’est finalement le dernier refrain qui nous frappe
jusqu’à nous lâcher sur "Storm", le dernier morceau de cet album. A nouveau on sent un réel
effort sur les ambiances, ce qui permet au groupe de nous offrir ce qui semble être une
ballade atmosphérique, sans guitares et gros son pour clore cet opus.
Infected Rain n’en est pas à son coup d’essai, et le groupe a clairement saisi ce que les
fans attendent. Mis à part le dernier morceau, "Endorphin" est un album très cohérent, qui
mélange groove et brutalité. Le groupe est en pleine croissance de popularité ces dernières
années, et il participera à sa renommée.
"86"
Note : 16/20
Les pays de l'ex-bloc soviétique seraient-ils des viviers insoupçonnés d'excellentes formations musicales capables de réveiller quelque peu nos cortex endormis ?
A vrai dire, je n'en sais rien, mais c'est le second groupe d'Europe Orientale qui vient en très peu de temps me délecter. Oui, car après les Ukrainiens de Jinjer (groupe exceptionnel), j'ai entre les feuilles, le dernier album d'un groupe voisin puisqu'il est moldave.
Le groupe Infected Rain s'est formé en 2008 autour de la (très jolie) chanteuse Lena Cataraga ou Lena Scissorhands et a déjà sorti deux albums avant celui qui nous intéresse aujourd'hui : "86".
Ne fuyez pas amis métalleux si je vous dis que le groupe se classe lui-même dans un mouvement nu metal. En dépit du fait que je déteste les étiquettes, Infected Rain, c'est un bien plus beau bazar musical que "simplement" du nu metal.
Ne connaissant pas les deux premiers albums, j'ai prêté une oreille vierge à "86" et, je l'ai déjà dit dans une précédente chronique, je suis grandement sensible aux chanteuses dans le metal, surtout quand elles ont autant de talent que Lena.
Quel coffre mes amis et quelle finesse également, le tout au service de compos VRAIMENT très variées. La base est un metal technique hurlé (voire growlé) ornementé de refrains chantés en voix claire bien souvent.
Mais là où les plus obtus pourraient être désorientés, c'est sur les passages electro-indus ("Freaky Carnival") ou encore dubstep électronicore ("Endless Stairs"), voire rap metal à la manière d'Otep ("Intoxicating"), sans oublier les scratchs (une évidence pour un groupe citant Korn ou Deftones), un sacré cocktail.
La question qui peut se poser c'est : "Mais est-ce que ça fonctionne, tout ce souk ?", ah ah, I'm glad you fuckin' ask !
Mais oui, c'est une belle tuerie pour qui saura être un peu curieux et ouvert d'esprit. On n'est pas dans la grosse boucherie mais dans un mouvement plus ouvert et populaire, une démarche diablement intelligente des Moldaves.
"86" d'Infected Rain est un album accessible et très rafraîchissant qui donne envie de les découvrir en live. Amis orgas, je dis ça au passage.
Courez découvrir ce bel effort, votre ouverture d'esprit va gagner quelques points de vie.
"Embrace Eternity"
Note : 16/20
Ce n’est pas tous les jours que je chronique un groupe moldave ! Il paraît cependant qu’il faut une première fois à tout, alors découvrons ensemble "Embrace Eternity", deuxième album d’Infected Rain.
Pour résumer ce disque en quelques mots seulement : intéressant, dynamique, torturé, mélodique et réussi. Combien de fois avons-nous déjà entendu dire de la part d’une bande de ronchons un peu trop bruyante que tout ce qui touche de près ou de loin le "quelque chose nü" ou le "autre chose core" n’a d’intérêt que pour les plus jeunes d’entre nous, lors de leurs premiers pas dans la musique dite extrême ? Et, d’autre part, combien de fois avons-nous déjà entendu répéter, encore et encore, malgré les exemples parlants prouvant le contraire, qu’une femme dans l’univers metal trouve uniquement sa place dans l’univers "goth" et symphonique ? Non, non, et non ! Et je remercie déjà Infected Rain d’aller à l’encontre de ces clichés, avec brio, s’il-vous-plaît !
Loin de se cantonner dans des constructions simplistes, les musiciens se plaisent à ravir les oreilles tout en démontrant à quel point leurs qualités sont multiples. Je pense ici particulièrement au travail des deux guitaristes Seriy et Vidick. En dehors de leurs riffs incisifs, les deux hommes se plaisent à intégrer ci et là quelques éléments plus mélodiques, une accroche particulière qui parvient à capter en plein cœur d’un morceau. La manière dont leur jeu se complète si adéquatement confère, sans aucun doute, un élément incontournable dans le style du groupe.
Sinon, oui, la chanteuse Lena utilise son timbre clair. Parfois. Lorsque le morceau lui propose une opportunité idéale, à l’image des passages où sa voix hurlée est nettement plus appropriée. Non contente de jouer avec cette dualité classique, certes, mais toujours plaisante quand elle est réussie, la demoiselle varie autant que l’ambiance des différents morceaux. Si ces lignes sont saccadées, les suivantes seront voluptueuses. Si ce couplet déferle de rage, Lena vous surprendra rapidement avec des semi-chuchotements trompeurs.
Et, finalement, je ne peux pas parler d’"Embrace Eternity" et de ses géniteurs sans saluer l’effort superbe d’Infected Rain pour varier ses compositions. Inutile de détailler ; les surprises, sans être de taille pour autant, sont efficaces et ô combien bienvenues ! Les atmosphères varient avec joie, et c’est un vrai plaisir d’écouter des compositions où la volonté de bien faire est aussi perceptible, comme dans le mid-tempo "My Cage", "Lullaby" et son piano illusoire, l’intéressant "Enslaved By A Dream" où la voix de Lena se découvre en substance, et j’en passe.
Quelle découverte agréable ! Amateurs de nü metal ou pas, il serait dommage de ne pas accorder sa chance à ce jeune groupe ambitieux et créatif dans sa simplicité.