Le groupe
Biographie :

Infamy est un groupe de black / thrash metal lillois formé en 2011 et actuellement composé de : Insane Ceraphin (batterie / Evisceration, Mass Grave, Massive Obliteration), Morbid Ebenezere (chant, guitare / Mass Grave, ex-Children Of Doom) et H.K.A (basse / Karne, S.U.T.U.R.E., Sa Meute, Frozen Storm, ex-Dark Prophecy). Infamy sort son premier album, "A World On Its End", en autoproduction en Février 2018, suivi d'un EP, "Underground 'Till Death", en Juillet 2021 chez Epictural Production.

Discographie :

2018 : "A World On Its End"
2021 : "Underground 'Till Death" (EP)


La chronique


Infamy, un nom simple, efficace qui ne laisse pas l’imagination vagabonder au travers de multiples concepts. "Underground 'Till Death", un titre sans équivoque qui ne laisse aucunement planer le doute sur les intentions de la formation. Un nœud coulissant en guise d’illustration sur une pochette au fond noir, rien que ça, voilà la carte de visite actuelle d’Infamy qui, après deux démos et un longue durée en 2018 revient en force avec ce nouvel EP sauvage et sans compromis. Insane Ceraphin, Morbid Ebenezere et H.K.A (ce sont des pseudos, pas des titres), proposent ici un black / thrash crusty à souhait, cru et intense.

"Underground 'Till Death", c’est une ode à la crasse, à la saleté, une musique nihiliste et punk qui ferait passer Impaled Nazarene pour des fans de Wejdene. Infamy porte sur ses épaules le poids des responsabilités, à savoir de maintenir éveillée la véritable flamme du black metal, celui qui se veut froid, décharné, dans son essence la plus primitive. Hors de question de parler de Dimmu Borgir ou Behemoth, là, nous sommes en lien direct avec Burzum, Blasphemy, Beherit, Bathory, Revenge, Conqueror et toute la scène qui défend la sacrosainte veste en cuir et à patchs, la ceinture à balles, la bière chaude et les photos dégueulasses dans les cimetières en guise d’illustrations promotionnelles. Certes, toute cette énumération exagérée et clichée peu prêter à rire, mais je peux vous jurer que lorsque vous appliquez cette imagerie au son sérieux d’Infamy, le dernier truc qui peut parvenir à l’esprit c’est bien l’envie de rigoler. Implacables, directes et sans fioritures, les six compositions présentes sur "Underground 'Till Death" traduisent un malaise constant, un dégoût du monde prégnant, une rage animale palpable, tout cela porté par un son abject et une volonté tenace de salir l’auditeur à coup de fréquences toutes plus malsaines les unes que les autres.

Dès les premières notes, ce qui frappe, c’est ce son dense et ciselé, pas forcément consistant, qui façonne une nappe abjecte sur laquelle des vociférations d’une âme torturée viennent ajouter une couche de malaise supplémentaire. La batterie, un poil noyée dans la prod’, se détache tout de même suffisamment du mix pour laisser entendre ses moindres intentions. "Sick Mind", le premier morceau, engage les hostilités et s’impose avec son riff lancinant et simpliste. Très droit, il dessine une ligne qui se termine dès lors que le deuxième track commence. Plus lourd et occulte, "The Curtain Is Drawn" surprend par l’engagement du vocaliste qui laisse ses instincts primaires et autodestructeurs s’emparer de lui. Complètement hors de contrôle, sa gerbe vocale se répand sur un metal aux accents doom. "Obdurated" adopte un feeling qui rend hommage aux pionniers du genre grâce à un élan guerrier, la mid-section, plus lourde, tisse des mélodies macabres délicieusement mornes et décharnées. "Nausea", le titre le plus long de cet EP qui totalise un score incroyable de 4 minutes et 22 secondes, est une pièce instrumentale qui développe d’excellentes ambiances mornes et glaciales. "The Guardian" reprend les codes du premier track, à savoir de structurer un black metal linéaire et simpliste. En revanche, "Die Carrions" conclut en apothéose cet EP, avec ses changements de tempos, son intension ultra punk, ses larcens nocifs et son climat ultra black. Le mid-tempo central, dont la cymbale ride vient percer l’ensemble de ses coups aigus et piquante comme une aiguille plantée dans le creux de l’oreille, précède une partie plus lourde encore, sur laquelle les cymbales viennent flageller nos pauvres esgourdes.

Globalement, cet EP n’a rien d’exceptionnel au premier abord, ou du moins, si l’auditeur entreprend une écoute passive, il ne va entendre qu’un black crust primitif et basique. Dans un sens, c’est un peu le principe de ce genre de musique anarchiste que d’être revêche, quel intérêt de brandir l’étendard du rejet de la société si le moindre wannabe peut se revendiquer de cette frange du public metal ? Non, quand on se prétend de l’école du sale et que l’on concentre nos efforts à proposer un son macabre et froid au service d’une musique qui se contrefiche des qualités techniques de ses interprètes (même si les mecs jouent bien, attention), on évite de manière catégorique d’user d’artifices. C’est bien le cas ici, la pochette, le titre de l’EP, le logo du groupe, l’ensemble porte un message direct qui dit : "Attention, disque pour initiés". Ce n’est pas de l’élitisme que de prétendre qu’Infamy n’est pas un groupe destiné à un large public, au contraire, mieux vaut prévenir que guérir. Celui qui n’a pas réellement les codes ou ne s’est jamais réellement plongé dans l’ambiance du black du début des 90’s va juste trouver le disque mauvais et inintéressant alors qu’il suffit d’enlever la terre qui recouvre cette boîte à trésor et forcer un peu la serrure rouillée pour avoir accès à un univers sale et décadent certes, mais qui permet à l’esprit de façonner ses propres images. Dans son âpreté et son retrait volontaire des tendances actuelles, Infamy cultive un son et un univers que les fanatiques de black dérangé et cru ont intérêt à découvrir.


Trrha’l
Novembre 2021


Conclusion
Note : 16,5/20

Le site officiel : www.thetrueinfamy.wixsite.com/infamyband