Aujourd'hui, confrontation avec l'un des derniers nés de celui dont le nom sonne comme un laisser-passer : Ross Robinson. Je garde d'excellents souvenirs de certaines de ses productions : le premier album de Korn, la renaissance de The Cure... La rêverie s'arrête là car, je vous préviens d'emblée ; nous avons ici affaire à de l'electro-rock-indie branchouille et cette chronique n'a aucun raison d'être au sein de French Metal. Métalleux purs et durs, vous pouvez éteindre votre écran et reprendre une activité paranormale, allez atchao bon dimanche.

Ce détour par les Guignols pour relever quelques détails qui prêtent à sourire niveau packaging et choix des titres. La pochette représente une Dorothy Hale aseptiquement déstructurée et sur dix titres, quatre contiennent des références à des personnages historiques ou à des concepts cinématographiques et philosophiques (cinq si on envisage que "Persona" lui-même est peut être un clin d’œil au très soporifique Ingmar Bergman). Amis du name-dropping intellectuel, commencez à saliver.

Mais trêve de cynisme, voyons comment ça sonne. La direction artistique qui a été prise ici est de donner dans le tonitruant tout en restant classe, option chère à mon cœur. Le son a été volontairement dégueulassé sur les premières tracks, à déconseiller les lendemains de cuite car cela vous achève à coup sûr. Je suis globalement déçue par la batterie, basique et répétitive. Difficile de juger des capacités du chanteur car on reste dans les registres de l'androgyne, du lascif. Parfois on s'énerve un peu mais tout en vérifiant que sa mèche est bien en place ("Perfect Crime").

Les ambiances, très travaillées, oscillent de l'atmosphérique à la violence, mais je déplore qu'il n'y ait pas de track qui se distingue vraiment des autres. Quelques trouvailles élégantes, pourtant : le single "Trash Is The New Glam" avec ses riffs désordonnés et apocalyptiques, son outro flippante très réussie, et surtout "Film Noir", dotée de chœurs entêtants et d'une détresse qui semble plus sincère.

Toujours est-il que je ne souscrirai pas à l'enthousiasme de Robinson quand il assure que "ce disque conduira bon nombre de groupes à repenser la musique", car j'ai vu Trash Palace nous servir la même soupe (et mieux assaisonnée) soutenue par le même discours il y a près de dix ans. En fait, mon principal problème avec ces petits hipsters est de déterminer s'ils se foutent consciemment de nous ou s'ils sont vraiment risibles. Mais est-ce bien important au final ?

Car pour peu qu'on y croit, ça se laisse écouter et ça résiste à la critique, bordel ! Et je suis sûre que cela prend toute son ampleur en live. Alors, "Persona" nécessite peut-être pas mal de contextualisation, mais je sais que la prochaine nuit où je serai seule dans une chambre d'hôtel en mode "Lost In Translation" et que j'aurai besoin d'un bruit de fond assourdissant pour ne pas penser, je reviendrai vers Inborn!