N'étant pas du style à procrastiner (si je vous assure), c'est avec un plaisir certain que l'arrivée de "Eyes Of The Archetype" dans ma boîte à missives fut accueillie... Le temps d'en prendre connaissance intimement, lui-moi, moi-lui, nous... voici ce qu'il résulte de multiples écoutes :

Le "Modern Melodeath Metal", c'est quelque chose qui regroupe aujourd'hui tellement de vagues métalliques sous-jacentes, ce qui, à un moment donné, arrive à tous nous perdre dans les méandres d'un style qui se veut fédérateur de trop d'influences, pour ne devenir qu'un réceptacle "multi-riffs mélodiques", en perdant la notion de "death metal" telle qu'elle était à son origine... Enfin, là n'est pas la question, car si In Arkadia se targue aujourd'hui, du moins depuis 2011, d'être devenu le nouvel In Arkadia version 2.0, avec justement cette forte et puissante inspiration de la nouvelle scène melodeath et plus particulièrement de la scène mélodique et brutale dirigée par des groupes tels que All Shall Perish, Whitechapel, The Black Dahlia Murder... Auxquels je rajouterai également des groupes comme Heaven Shall Burn ; c'est effectivement sur ce terrain de jeu qu'il faudra désormais trouver In Arkadia. En effet, bien que si leurs débuts (si l'on peut encore parler de débuts après plus de sept ans d'existence et trois albums), aussi prometteurs ont-ils été, In Arkadia n'a jamais eu auparavant l'agressivité qu'on peut leur trouver depuis la sortie en 2012 de "Regurgitate", petit EP digital (Eeeeeeh oui, les puristes du support vinyle ou CD pourront encore se mettre un doigt, d'où l'appellation "digitale") de deux titres, qui ne paye pas de mine, mais qui annonçait fatalement une évolution complexe, puissante, énergique et en tous les cas pour moi : bénéfique.

Si "Release The Shadow", et "Blind Oppression", étaient deux premiers albums de très bonne facture qui ont malgré tout essuyé les plâtres d'un heavy / thrash mélodique en mutation, alors que beaucoup de monde avait placé In Arkadia sur un piédestal, il leur manquait cependant la hargne actuelle du groupe. Dynamisme inévitable si l'on veut capter un véritable public. Après avoir été cité "meilleur groupe français dans son genre", c'est sur "Wasteland Chronicles" leur troisième rejeton, avec la présence de guests tels que le hurleur de Benighted et le magistral Kai Hansen (ce qui n'a changé en rien la qualité de l'album soit dit en passant), qu'on ne présentera pas, que le tournant déjà plus agressif s'est fait sentir. Le thrash devenait plus incisif, plus lourd par moments, pour vraiment s'effacer au profit d'un "melodeath" actuel.... Aujourd'hui, on change de logo, plus proche justement des All Shall Perish, Heaven Shall Burn, Whitechapel ou encore Caliban... On change aussi le line-up (peut-être que la jeunesse a aidé à ce changement musical). On gonfle le son à bloc, et c'est peu de le dire car la puissance sonore est totalement au rendez-vous à un point tel que c'est ce qui impressionne en tout premier. Le EP "Regurgitate" était bien là pour en apporter la preuve.. Le son d'In Arkadia (Kohlekeller Studio en Allemagne paraît-il pour ce nouvel album ?) a toujours été crescendo depuis leur premier album, ce qui est gage d'une grande qualité de ce groupe.

Alors voilà, aujourd'hui, après une fin du monde qui n'est pas arrivée et qui a montré une fois de plus que l'humanité se compose (non pas de "plus de morts que de vivants" comme pouvait le dire à juste titre Auguste Comte), de plus de crétins que de gens rationnels et pondérés, revoici en grandes pompes In Arkadia avec un quatrième album "Eyes Of The Archetype". Comme mes multiples digressions ont pu vous le faire comprendre, il s'agit ici, d'un album qui baigne complètement dans le "modern melodeath". Pas de notion de melocore ou autre... Non, c'est rapide, violent, mélodique , puissant... In Arkadia me rappelle un peu Destinity dans leur évolution, je pense qu'avec ce nouveau tournant ils ont trouvé leur voie, une voie qui leur sied à ravir. La pochette n'est pas d'une originalité des plus singulières, pour avoir déjà eu l'avantage (si c'en est un) de voir tellement de redondance dans ces front covers avec une personne ensanglantée, un linceul blanc, travail de graphiste parfait soit mais tellement classique... A la limite, on s'en fout un peu (quoi que le visuel a toujours été important dans la musique metal, les pochettes de Cannibal Corpse sont là aussi pour en témoigner), ce qui compte c'est la création artistique de In Arkadia. Un album hautement dynamique comme peut l'être la nitroglycerine, ayant une composition chimique trèèèèès instable. En effet les dix morceaux de ce "Eyes Of The Archetype" sont un peu comme les molécules de ce composé, c'est dense, très huileux dans les riffs pour ne pas partir dans le gras, la voix de Alix, même si parfois elle peut paraître un peu linéaire, elle n'en demeure pas moins acide, très sulfurisée dans le doublage, ce qui donne un effet puissamment méchant.

Alors c'est vrai qu'au départ, le début de l'album avec "Behold The Whore", je me suis dit immédiatement "Putain, fait chier... ( je suis vulgaire... tant mieux), Encore un album de melo moderne, sans âme, ça gueule, c'est violent, c'est mélodique, mais c'est creux, sans essence"... Mais en fait on s'aperçoit qu'au delà de cette batterie, merveilleusement bien enregistrée, dont les patterns m'ont encore donné une demi-molle zombifique, au delà de ce déchaînement de violence mélodique, In Arkadia réussit à créer un environnement, une atmosphère très personnelle sur cet album. Finalement à en écouter plus attentivement les titres, beaucoup de passages sur des chansons telles que "Skinning The Slaves", "Of Evolutive Disorder" ou encore "Orgasmaphobia", même si on reste dans un registre proche des All Shall Perish, Whitchapel, Heaven Shalle Burn, on retrouve malgré tout des concordances avec des trucs plus proches de Destinity ou Mors Principium Est : "Sigmatropic", "Reborn" ( Attention toutes proportions gardées, je parle de petites incursions mais qui ne restent pas anodines), d'ailleurs c'est dans ces moments-là que l'on peut totalement parler de melo, mais surtout "death". Quand on écoute les passages les plus brutaux de "Orgasmaphobia" ou surtout "Flying Firecunt Guillotine", même si c'est mélodique, c'est la violence extrême de ce titre tant dans les vocaux que dans la rythmique "maléfiquement" brutale et inspirée, qui m'a arraché les poils du "uc", Sans doute le meilleur titre de l'album, celui-ci.

L'aération de l'album a été aussi quelque chose de bien pensé, je fais référence aux interludes salvatrices comme les deux minutes de "Status Divine", très électronique mais écrit dans la "coolitude" la plus absolue, mais aussi à l'introduction très Carcassienne époque "Necroticism" du dernier titre "Lifeslicer". Chanson d'ailleurs qui puise aussi dans le death melo à la Mors Principium Est par endroits, énormissime morceau.""

Ouais, c'est clair qu'In Arkadia a fait mieux que la poule sur ce coup-ci, car si celle-ci arrive à faire un "neuf" avec son cul, In Arkadia arrive à faire un 16 avec "Eyes Of The Archetype". Finalement, je vais commencer par bien aimer les classiques et si ennuyeux "bonne année, meilleurs voeux", vu que dans ce registre musical, l'année ne démarre somme toute pas trop mal. Bon son, bonnes compos, bonne agressivité, bon album, pas besoin de frous-frous.

"Wasteland Chronicles"
Note : 19/20

Chronique ceci, chronique cela... Il est bien beau, le gros Pete, mais avant tout, je dois expliquer la longue relation qui m'unit aux In Arkadia.

Ben oui, parce que quand on suit un groupe depuis ses débuts, on s'y sent quand même sacrément attaché. Retour dans un passé proche, donc, où, conquis par les premiers titres entendus à la va-vite sur un site web austère, je pris contact avec Théo pour chroniquer le premier skeud tout frais des In Arkadia : "Release The Shadow". Un premier enregistrement ultra heavy, poussant à fond les manettes de la mélodie et agressif juste ce qu'il faut. Avec leur second skeud, l'énorme "Blind Oppression", je ne put m'empêcher de regretter la nouvelle approche de Théo et de sa bande qui délaisser le côté mélodique de leur compos pour y gagner énormèment en agressivité. Le skeud, très bon dans son ensemble, me laisser une saveur de frustration, tant le groupe qui avait pondu le magistral "Release The Shadow" semblait éloigner de la recherche de l'ambiance présente dans "Blind Oppression".

Normal, me direz-vous, c'est l'évolution logique d'un groupe que tout tire vers le haut. Un groupe qui jouait tout d'abord du heavy/thrash, puis du thrash mélodique le tout maitrisé parfaitement. Mais bon, autant dire que ce monumental "Wasteland Chronicles" m'a réconcilié avec les In Arkadia. Et pourquoi donc, me demanderez vous d'une voix à la fois inquisitrice et empli de curiosité. Aprés tout, cet opus monte un cran au-dessus au niveau de l'agressivité et de la brutalité, le combo Lyonnais n'évoluant plus du tout dans la sphére du heavy / thrash mais bel et bien dans celle du thrash / death.

Eh bien il y a plusieurs raisons, que je m'en vais vous énoncer, là, cash. Les vocaux, en premier lieu, sont juste parfaits. Théo a finalement réussi a maitriser sa voix à la perfection, c'est exactement ce qu'on attendait de lui. Une voix déchirée, de plus en plus proche de la guttu bien crade (et qui tape dedans par moment, pour le coup), une énergie imparable et des refrains entraînants. La zic, en second lieu, où le combo à trouvé le juste équilibre qui lui faisait -à mon humble avis- défaut sur "Blind Oppression", des riffs brutaux d'une rare efficacité associés à des envolées de solos magnifiques et des mélodies imparables. Le tout est parfaitement équilibré, la batterie suivant avec ses blasts implacables et entrainants... Non, rien à dire... les mecs vous avez tout compris. Je vous citerais bien des titres de morceaux, je vous vanterais volontiers la qualité de la cover, du mixage ou je pourrais faire comme les autres zines en m'étalant sur une demi-page à propos des guest monstrueux qui apparaissent sur l'enregistrement. Mais je ne le ferais pas, déjà parce que ce monstrueux "Wasteland Chronicles" est tellement énorme qu'il faut l'écouter pour en comprendre la majestueuse brutalité, ensuite parce qu'on dit que les plus grandes joies sont inexprimables.

La seule solution pour comprendre l'intégralité de cette chronique et d'en saisir la note et de vous jeter sur le nouveau messie du metal français, l'opus de la consécration pour les In arkadia, l'énoooorme "Wasteland Chronicles". Une tuerie. Enorme. Instantanément culte. Les mecs des chez In Arkadia ont tout compris.

Groumphillator Octobre 2010

"Blind Oppression"
Note : 14/20

Une très belle pochette, du raffinement dans un monde de brutes… Un album 10 titres aux influences thrash death metal. Ça speed façon Arch Enermy, Killswitch Engage, Bullet For My Valentine, richesse des accelérations, quelques sensations de Darkness Dynamite, As I Lay Dying. La voix passe bien entre le hard rock et le metalcore, c’est agréable. Mes morceaux préférés pour leur énergie et leur originalité : "Dystopia" et "Suck And Fuck" ainsi que l’instrumental "Vengeance Dies With A Fallen Fate". Même si l’ensemble a été masterisé en Finlande par Mika Jussila (Children Of Bodom, Nightwish, Sonata Arctica...), le son de certains instruments comme la batterie notamment mériterait une plus grande largeur sonore mais c’est déjà très satisfaisant. A suivre…

Unam Avril 2009

"Release The Shadow"
Note : 16/20

Lors de la rédaction d’une chronique, entre autres préparatifs (prendre une bière, s’isoler dans la salle a manger avec la sono à fond…), il est de bon ton de "coller" une étiquette sur le groupe dont il est question. Voila pourquoi cette présente chronique m’a donné du fil a retordre. Heavy-metal ? Certes, In Arkadia possède des mélodies, des rythmiques et des influences heavy, c’est indéniable. Mais pas seulement. Thrash ? Un peu aussi, tout comme le groupe lorgne du côté du death. A défaut de mieux, on peut dire que la formation française officie dans le heavy thrash mélodique, même si cela ne veut pas dire grand-chose et surtout, ne résume absolument pas ce petit bijou qu’est "Release The Shadow".

Car du talent, de l’agressivité de l’originalité, In Arkadia semble en déborder. Passons outre la petite intro tendance black "Stream Of Oblivion" au synthé. Car dès "Ignition" c’est un déluge de mélodies heavy très accrocheuses qui vous embarque au passage et ne vous lâchera pas de sitôt. Les gars d’In Arkadia savent où ils vont, c’est sur. L’explosion est directe et ne se fait pas attendre. Le chant de Théo (chant et guitares) est très marquant. Une voix demi déchirée, demi mélodique dont j’ai du mal a trouver une comparaison. Peut-être se rapproche-t-elle a une moindre mesure du chant de Petri Lindoos (Ensiferum). Ce qui est sur c’est qu’elle reste longtemps en mémoire. Tout autant d’ailleurs que les mélodies qui parsèment cet album. Si "Ignition" annonce la couleur, on ne peut que s’incliner devant la qualité des musiciens (Seb a la guitare et Florent (impressionnant de maîtrise) à la batterie). Si bien que dès qu’arrive "Somber Light", la formation ressert sa sauce de heavy thrash mélodique (j’aime bien ce terme au final) tout en arrivant a nous étonner encore. Ici aussi les mélodies servent les morceaux. Les solos sont très efficaces et très bien pensés, tout comme le refrain est entêtant "Unchain The Shadow In Me".

Le déjà culte "Delirium Tremens" arrive sur ces entrefaites, d’une façon très sympa. C’est un titre sans concession, rapide et mélodique à la fois. Théo y joue de sa voix tout en restant fidèle a lui-même. Un très bon titre donc. "Deadnightmare" est un titre que j’ai énormément apprécie (quand je commence à faire des headbangs tout seul dans ma salle à manger avec ma bière c’est que j’apprécie). Riff saccadés, mélodies guerrières tout y est. Mais ce n’est rien comparé au morceau suivant "Crusador" où là encore les mélodies sont entêtantes (notamment celle du refrain. "Can’t ever subdue, ignorance on you"). "Not Enough Time" joue la carte de la ballade en intro. Le groupe commence a montrer ses limites ici. Gageons que mieux maîtrisé, ce morceau serait un vrai carton (surtout que dans la deuxième partie, le groupe prouve qu’il sait assurer en gardant ses mélodies). Pour un premier album, les trois Lyonnais s’en sortent néanmoins très bien. Et "Not Enough Time" a le mérite de varier l’ambiance de l’album. Ce morceau a donc tout à fait sa place ici , il relève la saveur de l’album parfaitement.

Retour aux riffs agressifs, à la précision de la batterie et aux mélodies avec "Crave" qui prouve que les In Arkadia sont pleins de ressources. Théo prouve qu’il sait user de sa voix sur des tempos plus recherchés que sur le début de l’album : "Yearns for beyond control, Contempt in your eyes leaves me wanting more" dans une saveur proche du death metal. Arrivée en mélodie de "Stormkeeper", un morceau bourrin, variant ses tempos et son chant avec une très bonne précision et un refrain très rafraîchissant (mention spéciale au chant clair de Théo). "BloodLust", le morceau au titre parlant, déboule en trombe, en efficacité et en violence. Les In Arkadia nous livrent ici un morceau rapide et dépourvu des mélodies qui leur collent aux caissons depuis le début de l’opus. La réussite est automatique. La formation évolue là dans un thrash / speed metal très réussi. Et nous étonne encore au dixième titre de l’album. "The Last Rain" renoue avec les débuts de l’album, en y rajoutant toujours plus de mélodies et de maîtrise de la voix (Théo prouve encore son talent et sa diversité ici). Et l’album termine comme il a commencé, dans une explosion de mélodie et de vitesse, vous laissant le cul à terre, devant un tel premier album.

J’en reste encore pantois. Si la formation pêche par son inexpérience sur certains morceaux, c’est de bonne guerre. La formation n’a enregistré qu’une démo en plus de "Release The Shadow", ce premier album époustouflant, à mille lieux de ce que les autres formations pondent pour leur premier opus. Du talent déborde de tous les côtés, sur toutes les compos. La formation prouve sa maîtrise et son originalité ici, faisant de "Release The Shadow" un album a écouter. Vous n’aimeriez pas rater la naissance d’une formation qui deviendra grande, ne ratez pas "Release The Shadow".

Groumphillator Novembre 2010