Le groupe
Biographie :

Imperial Triumphant est un groupe de black / death metal technique et avant-gardiste américain formé en 2005 et actuellement composé de : Zachary Ezrin (chant, guitare, orchestrations / Folterkammer), Kenny Grohowski (batterie / ex-Hung, ex-Resolution15, ex-Nevereven) et Steve Blanco (basse / clavier / piano / chant). Imperial Triumphant sort son premier album, "Abominamentvm", en autoproduction en Septembre 2012, suivi de "Abyssal Gods" en Février 2015 chez Code666 Records, de "Vile Luxury" en Juillet 2018 chez Gilead Media, de "Alphaville" en Juillet 2020 chez Century Media, et de "Spirit Of Ecstasy" en Juillet 2022.

Discographie :

2008 : "Summons To War" (EP)
2010 : "Obeisance" (EP)
2012 : "Abominamentvm"
2013 : "Goliath" (EP)
2014 : "Shrine To The Trident Throne" Compilation
2015 : "Abyssal Gods"
2016 : "Inceste" (EP)
2018 : "Vile Luxury"
2020 : "Alphaville"
2022 : "Spirit Of Ecstasy"


Les chroniques


"Spirit Of Ecstasy"
Note : 17/20

Presque deux ans pile après "Alphaville", les grands malades d'Imperial Triumphant sont de retour avec "Spirit Of Ecstasy" qui promet d'être une fois de plus éprouvant. Pour rappel aux étourdis, le groupe pratique une sorte de black / death avant-gardiste chaotique et expérimental, une musique qui ne s'adresse donc pas à tout le monde ! Et comme le groupe aime faire des albums assez longs pour être sûr de mettre tout le monde à genoux, on va repartir pour cinquante-cinq minutes épuisantes mais très probablement intéressantes.

"Chump Change" ouvre les hostilités avec une batterie qui fait de suite plaisir à entendre avec une fois de plus un son chaud et organique à des années-lumière des productions en plastiques actuelles. Un très bon point dès le départ pour Imperial Triumphant qui confirme qu'il n'a cédé à aucune sirène moderne et continue sur sa voie. Ce premier morceau laisse entendre comme sur "Alphaville" un black / death dissonant et chaotique aux structures en mouvement constant qui emprunte peut-être un peu plus à la musique contemporaine cette fois. On y retrouve la même propension à expérimenter avec les dissonances justement mais aussi avec les très nombreuses cassures rythmiques et autres polyrythmies. Une tendance à l'expérimentation qui peut parfois prendre des airs de jams et qui va donc demander d'autant plus d'attention et d'ouverture d'esprit. Si "Alphaville" laissait paraître un côté plus contrôlé en termes de brutalité et devenait par conséquent un peu plus simple à aborder que ses prédécesseurs, "Spirit Of Ecstasy", lui, prend la tangente et part à fond dans l'expérimentation comme en atteste ce solo complètement déjanté. "Metrovertigo" continue sur la même lancée avec un démarrage là encore tout en dissonances et polyrythmies avec un jeu de batterie qui tient plus de la percussion que du pattern metal typique. Certes la brutalité frontale a reculé et il ne faut pas vous attendre à vous prendre des avalanches de blasts sur le coin de la tronche cette fois. Pourtant, ce nouvel album est tout aussi intense et magmatique et si certains s'adoucissent avec l'âge, les allumés d'Imperial Triumphant creusent plus profondément encore dans les galeries de l'expérimental.

"Tower Of Glory, City Of Shame" nous amène un peu d'oxygène avec ses mélodies mélancoliques, un peu de chant féminin et une ambiance à la fois irréelle et tragique avant de repartir dans les tréfonds du jazz, de la musique contemporaine et du metal extrême. Quant aux blasts, il faut attendre "Merkurius Gilded", quatrième morceau de l'album, pour les entendre avec quelques orchestrations qui donnent un petit côté rétro assez décalé au milieu de ce bordel organisé. "In The Pleasure Of Their Company" prend carrément des allures d'improvisation free jazz géante et part dans tous les sens, comme si ce nouvel album n'était déjà pas assez dense et touffu comme ça. Quant à "Bezumnaya", c'est carrément vers le rituel ou l'incantation que l'on se dirige avec des textes déclamés par des voix possédées et une ambiance totalement apocalyptique. Pour faire simple et situer un peu ce nouvel album, il suffit d'imaginer les parties les plus barrées et expérimentales que proposait "Alphaville" et de se dire que le groupe à décidé de pousser le bouchon encore plus loin cette fois, cela devrait vous donner une vague idée de ce que vous allez trouver sur "Spirit Of Ecstasy". Il va donc falloir s'accrocher cette fois encore et peut-être même encore plus que d'habitude, car si Imperial Triumphant a rangé le brutalité sèche au placard il n'a clairement pas décide de se rendre plus abordable. L'expérimentation est reine sur "Spirit Of Ecstasy" et les esprits les moins aventureux vont rester sur le pas de la porte, plus encore que pour "Alphaville". On saluera donc l'intégrité et la vision artistique d'un groupe qui ne dévie pas de la voie qu'il s'est tracée.

"Spirit Of Ecstasy" nous fait entendre un visage encore plus expérimental et aride et confirme qu'Imperial Triumphant n'a décidément pas envie d'entrer dans la moindre case. Si la musique du groupe vous a toujours repoussé vous n'y entrerez toujours pas cette fois, les autres seront heureux de retrouver la folie de ces Américains et plongeront les oreilles grandes ouvertes dans ce maelström sonore.


Murderworks
Septembre 2022




"Alphaville"
Note : 16/20

On voit décidément beaucoup d'ovnis débarquer dans le coin ! Imperial Triumphant vient aussi de poser son appareil étrange nommé "Alphaville" dans nos tympans. Après déjà trois albums, ce nouveau méfait continue de pousser le bouchon en matière d'avant-garde et d'expérimental donc l'ouverture d'esprit n'est pas conseillée, elle est obligatoire.

Pour situer un peu la bête, Imperial Triumphant donne dans un metal extrême avant-gardiste et expérimental donc qui pourrait être grossièrement résumé comme étant le rejeton issu de la copulation entre Portal et Deathspell Omega sur fond de free jazz. Rien qu'avec ça vous devriez pouvoir situer à peu près le bordel et si ce n'est pas le cas, disons que vous allez tomber sur un death black agrémenté de cuivres et de trombone et totalement destructuré et dissonant. "Rotted Futures" ouvre l'album et si cette entrée en matière est moins étouffée et moins chaotique que ce que le groupe a pu proposer jusqu'à maintenant, l'ambiance glauque est par contre poussée à fond. Certaines parties sont tellement destructurées et dingues qu'elles sentent justement le free jazz à plein nez voire même la jam. Là où c'est fort, c'est que le groupe a justement précisé que tout avait été réfléchi et que la moindre note avait pensée. Ce n'est pas évident de travailler une œuvre dans ses moindres détails tout en donnant l'impression qu'elle est parfois improvisée, c'est un exercice de style assez casse-gueule et il est facile de se laisser dépasser. Pour le coup, Imperial Triumphant a réussi son coup et ecette apparence bordélique ne fait qu'ajouter à la folie d'un ensemble déjà bien déglingué ! Si le niveau technique est évidemment très élevé, je tiens à saluer le jeu du batteur Kenny Grohowski très jazz même s'il blaste évidemment comme un sauvage. C'est rare d'entendre un jeu aussi jazzy sur une musique aussi brutale et même si l'approche expérimentale aide évidemment à placer ce genre de jeu de batterie, je précise tout de même que c'est un régal à écouter au casque.

Profitons-en d'ailleurs pour préciser que la production est excellente, très organique et assez chaude avec un mix qui permet d'entendre le moindre détail de ce nouvel album, pourtant croyez-moi il en est truffé ! Truffé de détails comme sa pochette d'ailleurs, superbe et d'une richesse qui doit se révéler en format vinyle. L'approche d'"Alphaville" est un poil moins brutale que ses prédécesseurs mais pas moins extrême pour autant, l'expérimentation a encore atteint un autre niveau et certains passages restent très durs. Je pense par exemple à ce passage complètement dingue où la musique part en vrille avec les cris inhumains en fond qui poussent encore la folie un cran au-dessus. Notons aussi la présence de deux reprises assez proches des originaux d'ailleurs, ce qui peut paraître surprenant au premier abord j'en conviens. Sauf que les deux groupes repris sont Voivod et The Residents, deux groupes tapant dans l'expérimental et le dissonant chacun à leur façon, ce qui finalement rejoint le credo d'Imperial Triumphant. D'ailleurs, même en étant moins brutal, l'écoute de ce nouvel album s'avère éprouvante tant l'ensemble est aussi dingue que touffu et malsain, d'autant que sans les reprises "Alphaville" dure une bonne cinquantaine de minutes et prend bien le temps de martyriser. On sent à l'écoute de ce nouvel album que le groupe n'a pas menti en disant que tout avait été travaillé dans les moindres détails, si vous ne contrôlez pas un tel chaos, cela vire très vite au bordel sans queue ni tête, ce qui n'est jamais le cas sur "Alphaville". Imperial Triumphant montre un degré de maîtrise impressionnant tant en termes de technique que d'écriture.

Un nouvel album qui voit le groupe encore progresser d'un cran sur la voie qu'il s'est tracée avec un death / black avant-gardiste toujours chaotique et brutal mais cette fois plus expérimental et un peu plus contrôlé. Vous savez donc qu'il va falloir encore un peu plus d'écoutes et accorder à "Alphaville" plus d'attention pour saisir où il veut en venir mais le voyage vaut le coup.


Murderworks
Novembre 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/imperialtriumphant