"Where Stories Unfold" est le second album du groupe de metal symphonique autrichien Illuminata. Illuminaa n'a pas utilisé la notoriété que lui apporté "A Worl So Cold" pour signer chez un label mais a préféré faire appel au soutien de ses nouveaux fans afin de produire ce second album via le crowdfunding ; cette technique crée un véritable lien entre le groupe et son public, un choix judicieux !

Pour vous placer le groupe autrichien sur le large spectre de la scène metal symphonique, je le comparerais à Nightwish. En effet, Tuomas Huolopeinen, leader et compositeur de Nightwish a, dans une interview, qualifié sa musique de "paysagiste", expliquant qu'il tire une grande part de son inspiration des bandes originales des films. Ainsi, l'album d'Illuminata constitue la bande son de vos rêves d'enfants provoqués par les contes qui vous auront été narrés avant de vous endormir.

La voix de Katarzyna Nieniewska nous accueille "Welcome to Wonderland !" avant de demander "Have you seen a rabbit here?". Illuminata vous mène alors dans un monde fantastique semblable à celui qu'a créé L. Carol dans Alice au pays des merveilles : un monde tantôt féerique, tantôt effrayant, fait de fêtes foraines hantées et de forêts enchantées. La pochette de l'album nous annonce ce contraste : représentant un sablier dans lequel se trouve un arbre fleuri entouré de papillons colorés en haut, et un volcan en irruption en bas ; le Paradis et l'Enfer. Deux mains tiennent ce sablier fantastique : celle qui maintient la partie supérieure a les ongles blancs, tandis que les ongles de celle qui maintient la partie inférieure sont vernis d'une couleur sombre. Le fond de l'artwork annonce la magie et le rêve, représentant un océan mêlé à un ciel exceptionnellement étoilé. Vous retrouverez également ce contraste entre la féerie de la mélodie et la tragédie des paroles : "Arbitrary Asylum" présente par exemple un personnage enfermé dans un asile de fous à tord.

Le meilleur adjectif pour qualifier cet album est : symphonique. Dès l'introduction, un orchestre grandiose vous fait frisonner, Illuminata ne s'est pas moqué de ses mécènes, et pour cause, le groupe a collaboré un orchestre de 60 musiciens (le même que Game Of Thrones) ! C'est donc l'orchestre et la batterie de Thomas Kern qui assurent la majeure partie de la mélodie. Le guitariste Lukas Knoebl ne fait pas plus de deux solos sur tout l'album. La voix de Katarzyna Nieniewska, quant à elle, est à la fois douce et puissante. Elle joue sur les tons et dialogue avec une voix masculine claire et des chœurs mixtes. Mais ces deux derniers sont sous-utilisés. Ce point ne dérangera pas les amateurs du genre de Nightwish ou Within Temptation (pour ne citer qu'eux), mais sera une source d'ennui pour ceux qui sont habitués à une plus grande variété de voix. Une autre source d'ennui est la répétition des mêmes motifs mélodiques dans plusieurs pistes, des pistes qui tirent en longueur même si elles n'affichent que 6 minutes au compteur. Mais 60-piece Orchestra n'est pas le genre d'album qui peut provoquer un coup de foudre ; il faut l'écouter encore et encore afin de découvrir ses détails intelligents et toute sa beauté au fur et à mesure des écoutes.

Pour conclure, amateur de metal symphonique à voix féminine : 60-piece Orchestra vous ravira à coup sûr ! Amateur de musique sombre ? Jetez-y tout de même une oreille, certaines pistes telles que "Arbitrary Asylum" vous plairont, mais l'ennui vous guettera assez vite. Pas spécialement amateur de metal ? Cet album a des chances de vous séduire. Finalement, la musique que propose Illuminata est accessible et vise un public plutôt large.