Le groupe
Biographie :

I Am Destruction est un groupe de deathcore américain formé en 2013 et actuellement composé de : Stephen Mashburn (chant, guitare / ex-Blood Stain Carpet, ex-Verdict Of Vengeance, ex-The Luteal Phase), Buddy Griffin (batterie / Psychiatric Regurgitation, Runes Of The Evening, Wyrm Chasm, Warborn Son), Richie Pennington (basse / ex-Dead Rising) et Paul Dundas (guitare / ex-Dead Rising, ex-American High, ex-I Am, ex-It Ends In Black). I Am Destruction sort son premier album, "Nascency", en Avril 2020 chez Unique Leader Records.

Discographie :

2018 : "Violence Devours" (EP)
2020 : "Nascency"


La chronique


Encore du deathcore ricain venu de chez Unique Leader, encore du gros son qui poutre pour se mettre bien ! I Am Destruction présente son nouvel album, à la cover soignée et finalement plus sobre que l’immonde scène de mutilation sauvage accompagnée de lavage de mains dans la tripaille saignante du EP "Violence Devours", sorti deux ans auparavant. Soit, peut-être est-ce un signe de maturité ? Probablement car le metal proposé sur "Nascency" est d’excellente facture, un poil plus posé qu’à l’accoutumée,  le terme "posé" étant, évidemment, à prendre avec des pincettes.

Bon, autant le dire d’entrée pour éviter les écueils, I Am Destruction use et abuse des clichés en vigueur dans le genre, ils y sont tous, les gros breakdowns, les plans de guitare à la Gojira, les solos super mélodiques, les alternances de blast beat saupoudrés de trémolo picking avec des grosses parties mid-tempo bien lourds, tout y est. Cela semble caricatural, et vous pourriez percevoir ce genre de remarques comme une manière polie de dire que nous sommes une fois de plus confrontés à un énième clone du genre. Quelque part entre Krosis, Ingested, Sign Of The Swarm, Osiah, Mental Cruelty et tout le tsoin tsoin, il y a cependant un tout petit quelque chose qui permet à I AM Destruction de proposer son propre univers sonore. Déjà, il y a une certaine accointance avec le brutal death, pas mal de riffs sonnent finalement dans cet esprit-là. Evidemment, cette formation est très proche des autres signatures de son écurie Unique Leader Records, mais le groupe accentue son travail sur la lourdeur et la densité sans toutefois sombrer dans l’excès. Ces musiciens ont compris qu’il n’était pas nécessaire d’être plus doom que le doom ou plus pessimiste qu’un suicidaire sous prozac pour s’attirer les faveurs du public deathcore.

Très technique et précis, sans forcément tout miser la dessus, I Am Destruction développe du climat en alternant de nombreux passages, toujours dans les fréquences graves, et avec cet aspect "mur de guitares" omniprésent, tout en permettant à la musique d’avoir le temps de se développer. La variété est de mise, autant dans les vocals qui proposent d’autres registres que le gruik de hipster bûcheron porteur de tee shirts à logo illisibles, et notre bon gueuleur de service surprend notamment lorsqu’il entreprend des hurlements dans un registre black metal. La formation n’a de cesse d’étirer sa musique, de prendre le temps de tisser ses moments musicaux denses et intenses, ajoutant ainsi une touche progressive sans sombrer dans le patchwork incohérent. Le son des guitares est moins froid qu’à l’accoutumée, ce qui les éloigne de la tendance à tout aseptiser dans ce genre métallique en vogue. I Am Destruction développe sa musique comme un ingénieur qui bosse dans les manèges envisagerait la conception de ces montagnes russes, en ajustant avec beaucoup de savoir-faire les moments de détentes et d’attentes pour exacerber les sensations lorsque la chute se présente. Bien évidemment tout est ordonné, étudié, et sous contrôle sinon ça fonctionnerait pas.

Sans révolutionner le genre, I Am Destruction s’est malgré tout bien assuré d’avoir son mot à dire et de sortir un disque qui ne risquera pas de se retrouver sous la pile, bien en dessous d’autres galettes du genre deathcore. "Nascency" est un skeud intéressant, comportant certes son lot de clichés, mais avec comme leitmotiv l’intensité par l’alternance de riffing rapides et de passages lourds structurés habilement. De cette manière, l’ensemble ne semble pas suivre une recette toute indiquée, et cela apporte une certaine fraîcheur, là où il commençait à ne plus y en avoir, au sein d’un genre musical qui commence à être éculé.


Trrha'l
Octobre 2020


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/iamdestructiontx