Le groupe
Biographie :

C'est sous le nom de Seditious que le groupe Hypocrisy voit le jour en 1990. Peter Tägtgren, fortement impressionné par la scène états-unienne de l'époque, décide en effet de monter son propre groupe de death. Le musicien recrute alors une petite troupe de quatre membres : Mikael Hedlund (basse), Jonas Osterberg (guitare), Lars Szöke (batterie) et Magnus "Masse" Broberg (chant). La formation suédoise ne perd pas de temps et publie dès 1992 un premier album nommé "Penetralia". Dès lors, la formation devient une référence de la scène death underground. L'année suivante, en 1993, Hypocrisy enchaîne sur "Osculum Obscenum", un album qui enfonce le clou. Le groupe signe alors sur le label Nuclear Blast. Suite aux départs de Jonas et Magnus, c'est Tägtgren qui s'empare du micro en plus de la guitare. En 1994 sort "The Fourth Dimension". Les ambiances sont plus recherchées, les mélodies se font sombres et torturées malgré des rafales encore très agressives. Deux ans plus tard, c'est au tour d'"Abducted" de voir le jour. A noter que le groupe enregistre parallèlement deux albums de black metal sous le nom de The Abyss. Hypocrisy ne cesse de faire évoluer sa musique et élargit son public. L'opus "The Final Chapter", marque en 1997 un tournant en termes de notoriété pour le groupe. Peter Tägtgren s'engage, quant à lui, de plus en plus dans des projets personnels, tel que son groupe d'electro indus : Pain. Mais le public en redemande et en 1998 sort "Hypocrisy Destroys Wacken", suivi en 1999 d'un album éponyme. La musique du combo se fait alors plus atmosphérique, ajoutant claviers, filtres sur les voix, le tout au sein d'une structure complexe. En 2000, Hypocrisy redevient brutal avec "Into The Abyss". S'en suit "Catch 22" (2002) puis "The Arrival" en 2004. La même année, l'ex-batteur d'Immortal rejoint la formation derrière les fûts, à la place de Lars Szöke. En 2005, Hypocrisy prouve à nouveau tout son talent avec l'album "Virus". L'année suivante, en 2006, le guitariste Andreas Holma quitte le formation. En 2009, l’album "A Taste Of Extreme Divinity" vit le jour, avant de succéder au tout dernier effort du groupe en 2013 "End Of Disclosure", toujours chez Nuclear Blast, avec qui le groupe a signé dès ses débuts. Huit ans plus tard, Hypocrisy sort son quatorzième album, "Worship", en Novembre 2021.

Discographie :

1992 : "Penetralia"
1993 : "Pleasure Of Molestation" (EP)
1993 : "Osculum Obscenum"
1994 : "Inferior Devoties" (EP)
1994 : "The Fourth Dimension"
1996 : "Abducted"
1997 : "Maximum Abduction" (EP)
1997 : "The Final Chapter"
1999 : "Hypocrisy"
1999 : "Hypocrisy Destroys Wacken" (DVD)
2000 : "Into The Abyss"
2001 : "Ten Years Of Chaos And Confusion" (Compilation)
2002 : "Catch 22"
2004 : "The Arrival"
2005 : "Virus"
2009 : "A Taste Of Extreme Divinity"
2011 : "Hell Over Sofia - 20 Years Of Chaos And Confusion" (DVD)
2013 : "End Of Disclosure"
2021 : "Worship"


Les chroniques


"Worship"
Note : 19/20

Venez accueillir le culte d’Hypocrisy. Après huit années d’absence, puis de concerts, le groupe suédois créé par Peter Tägtgren (chant / guitare, Pain, ex-Bloodbath, ex-Lock Up, ex-Lindemann, ex-The Abyss, ex-War) en 1991 (ou 1988 sous le nom de Seditious) et complété par Mikael Hedlund (basse, ex-The Abyss, ex-War), Horgh (batterie, Immortal) et Tomas Elofsson (guitare, Berzerker Legion, ex-God Among Insects), nous présente "Worship", son quatorzième album.

Pour être honnête, j’attendais l’album. Énormément. Et la pochette de Blake Armstrong (In Flames, Carnifex, Kataklysm…) n’a fait qu’accentuer mon impatience. Lors de l’introduction de "Worship", le premier titre, je n’en pouvais plus, et l’arrivée de ces leads criards mais majestueux m’a fait comprendre que mon attente allait être récompensée. Le premier hurlement, rapidement suivi par une rythmique solide, puis par des leads fous, ne fait que confirmer ma pensée : le son est exactement le même qu’avant. La rage n’a pas faibli et les mélodies sont tout aussi corrosives que perçantes, tout comme sur "Chemical Whore", le titre choisi pour présenter l’album. Plus lent et plus pesant, il nous montre que le groupe sait toujours mêler des sons entraînants avec une lourdeur lancinante, puis "Greedy Bastards" renoue avec des sonorités agressives tirées de la scène suédoise, des saccades puissantes et ce son qui n’appartient à personne d’autre qu’Hypocrisy. Le chant du vocaliste est encore une fois inimitable, puis "Dead World" vient nous écraser sans ménagement avec un groove puissant. Le titre mélange des mélodies agressives et une lourdeur moderne qui compte beaucoup sur la basse, alors que "We’re The Walking Dead" vient développer un son planant et hypnotique. Encore une fois, il n’y a qu’eux qui savent créer cette atmosphère pesante et majestueuse de cette manière, renforcée par un chant à la fois puissant et compréhensible.

"Brotherhood Of The Serpent" développe une lourdeur accrocheuse agrémentée de mélodies et d’une ambiance sombre, puis "Children Of The Gray" nous propose cette introduction addictive qui ne peut que nous laisser espérer une violence brute. Et je ne me suis pas trompé, la rythmique nous offre cette progression accrocheuse en compagnie de mélodies entêtantes et d’un chant impérial, puis "Another Day" arrive pour briser des nuques. Le titre est le plus brut et direct de l’album, jouant sur des palm mutes efficaces et des saccades énergiques, puis il nous lâche sur "They Will Arrive", une composition plus lente, mais qui tire également profit de ces patterns efficaces. Les cris perçants côtoient le growl puissant sur des mélodies agressives, puis "Bug In The Net" déploie à nouveau les tonalités lancinantes. Les mélodies majestueuses nous enveloppent dans ce cocon sombre, puis "Gods Of The Underground" signe la fin de l’album. Le titre est une sorte de mélange entre mélodies perçantes, rythmique solide, parties de chant diversifiées, et des leads transcendants. Et c’est tout ce qu’il nous fallait pour terminer.

Encore une fois, je vais être honnête : j’adore Hypocrisy. J’ai écouté leur discographie un nombre incalculable de fois. Et j’attendais "Worship" de pied ferme. Le fan qui vit en moi n’a pas été déçu, tant le groupe sait toujours manier ses armes de prédilection, à savoir une lourdeur accrocheuse, des mélodies perçantes et un chant imposant. Ecoutez-le.


Matthieu
Novembre 2021




"End Of Disclosure"
Note moyenne : 16/20

Hypocrisy est enfin de retour après pas loin de 4 longues années d’absence avec un nouvel album tout fraîchement sorti intitulé "End Of Disclosure". Après une petite parenthèse musicale au sein de celui-ci pour se consacrer à son autre projet Pain, une longue tournée ayant suivi la sortie du dernier opus "You Only Live Twice" , le grand maître à penser Peter Tägtgren fait son come back avec son groupe d’origine Hypocrisy. Un album produit dans son propre studio, l’Abyss Studio, par Tägtgren lui-même (qui n’en est plus à son premier essai au vu de sa renommée de ce côté-là et de la longue liste de groupes passés par là), dont on ne peut que saluer la qualité sonore d’ensemble ainsi que le niveau de la production. Voilà un nouvel opus qui s’est longtemps fait attendre par tous les fans du groupe, c’est donc avec une certaine hâte que je me décide à y jeter une oreille. Alors que vaut le Hypocrisy de 2013, sera-t-il à la hauteur de nos attentes ? Il est à présent temps de le savoir.

On découvre un "End Of Disclosure" qui se rapproche assez de "The Arrival" aussi bien musicalement parlant, que par rapport à l’artwork de la pochette dont la thématique des aliens a tendance à souvent apparaître chez Hypocrisy. Une pochette qui fut d’ailleurs réalisée par Wes Benscoter, qui a déjà travaillé avec des groupes comme Slayer, Kreator ou Vader entre autres.

L’album démarre donc sur le titre éponyme "End Of Disclosure", présenté au public comme premier titre promo de l’album. Un titre accrocheur, aux mélodies et refrains entêtants, efficace. "Tales Of Thy Spineless" est plus rentre-dedans, plus brutal et puissant, renforcé par la batterie de Horgh (du groupe Immortal) et son jeu ultra rapide, les riffs de guitares sont très mélodiques, le chant saturé de Peter Tägtgren, dont la voix prend de multiples tonalités tout au long de l‘album, ajoute un côté agressif à ce "Tales Of Thy Spineless". Un morceau efficace, tout comme les quatre premières pistes de l‘album. "The Eye" est, quant à lui, à la fois tout en puissance et mélodie, les riffs et la mélodie sont accrocheurs, la basse est, quant à elle, bien mise en avant, tout en efficacité. Un titre prenant dont le refrain et les guitares, principalement sur certains riffs repris plusieurs fois tout au long de la piste, nous restent aisément en tête. "United We Fall" est un titre rapide, qui n’est pas sans rappeler par moments certaines sonorités tirant du côté du "Dark Roots Of Earth" et le fameux "True American Hate" de Testament, notamment sur certains riffs de guitares et sur le jeu de batterie aux sonorités "thrashisantes" assez similaires au combo américain, ainsi que sur certaines parties de chant grave. L’un des morceaux qui se démarque le plus de cet album je dirais, c’est puissant, direct, la mélodie est entraînante, renforcée par quelques touches de clavier. On retrouve la même mélodie de base tout au long de la piste sur "44 Double Zero", ponctué de quelques passages samplés parlés, probablement issus d’un discours. La mélodie et les lignes de guitares se veulent ici aussi accrocheuses, la rythmique est entêtante.

"Hell Is Where I Stay" est un peu plus lent et mélodique. La structure d’ensemble de cette piste est assez simple, à contrario des autres morceaux qui se veulent plus travaillés et violents pour la plupart d‘entre eux. De nombreux passages à la guitare aux riffs et solos mélodiques sont présents sur "Soldier Of Fortune", assez lent également sur lequel un fort sentiment de mélancolie se dégage, dans la même veine que la piste précédente. On reconnaît le jeu typique de Horgh à la batterie sur "When Death Calls", la frappe est puissante. La lourdeur des guitares et ses riffs tout aussi mélodiques et accrocheurs ainsi que le chant guttural de Tägtgren et sa voix si particulière en font un morceau très travaillé et excellent. Pour moi, l’un des meilleurs titres de cet album, à la fois violent, mélodique et puissant. Enfin, "The Return" se veut plus mélodique et clôt superbement l’album sur des sonorités plus atmosphériques et calmes, quelque peu renforcées par la présence du clavier ici et là, et des riffs mélodiques si chers à Peter Tägtgren, qui nous fait reconnaître le style Hypocrisy entre mille.

Avec "End Of Disclosure", Peter Tägtgren a pris le temps de faire cet album et de consacrer toute son attention dessus, après s’être occupé le temps de quelques années de son autre bébé Pain, et nous offre là un nouvel opus de très bonne facture, du Hypocrisy fidèle à lui-même, comme on l’aime. Un album efficace, aux morceaux très travaillés, aussi bien au niveau de la production que de la musique, et abouti. Bref, même après douze opus à son compteur, Hypocrisy parvient à se renouveler et nous offrir des albums toujours plus de qualité les uns les autres, un vrai plaisir pour les oreilles, en attendant de pouvoir les voir sur scène très prochainement.


Alexandra
Mars 2013
Note : 18/20

Le voilà enfin ! S’il y a bien un album que les fans de death metal mélodique attendaient avec une impatience monstre, c’est bien le dernier effort des Suédois d’Hypocrisy, qu’on ne présente désormais plus. Si Peter Tägtgren et ses acolytes ont ralenti la cadence sur le plan de la fréquence des albums, leurs deux dernières sorties, "Virus" et "A Taste Of Extreme Divinity" avaient atteint une qualité tout simplement délectable. La grande question qui se posait après de tels albums était bien évidemment : "Arriveront-ils à faire encore mieux ?". Aujourd’hui 22 Mars, date officielle de la sortie d’"End Of Disclosure", la réponse est on ne peut plus claire : non.

L’album est, sans surprise, accompagné d’un artwork relativement similaire aux précédents et, premier constat, comporte neuf titres seulement (comme "You Only Live Twice" de Pain, pour ceux qui apprécient). Il est toujours risqué de proposer un album plus court, où les titres un poil plus "faiblards" se remarqueront davantage et nuiront à l’appréciation globale du disque. Deuxième constat, le groupe est, comme annoncé depuis plusieurs mois, retourné à une production et des compositions plus "old school". En effet, l’éponyme donne d’emblée le ton de l’album avec une production moins propre sur soi que sur les albums précédents, ce qui est loin d’être une mauvaise chose.

Par contre, là où la déception commence à pointer le bout de son nez, c’est au niveau des compositions. Beaucoup moins incisives et catchy que ce à quoi le groupe avait habitué ses fans ces dernières années, mais qui rappelle surtout la période "The Arrival" et "Catch 22" où les morceaux étaient loin d’être mauvais, mais où la plupart manquaient d’un petit quelque chose afin de se hisser au rang de merveilles musicales. Concrètement parlant, si cette fois-ci le disque comporte quelques titres qui valent honnêtement le détour (les quatre premiers titres notamment, dont le très bon "Tales Of Thy Spineless"), l’attention de l’auditeur a tendance à chuter en cours de route, entre "44 Double Zero" et la fin de "When Death Calls" avant de clôturer l’opus par l’excellent "The Return", mélodique, martial et prenant à souhait.

"End Of Disclosure" est donc un album dont la qualité est tout ce qu’il y a de plus correcte, mais qui malheureusement laisse un arrière-goût un peu fade de "plutôt pas mal, mais le groupe a déjà proposé bien mieux" (ce qui arrive bien trop souvent, ces derniers temps). Les amateurs du genre devraient y trouver leur compte tandis que les "die-hard" fans d’Hypocrisy ou de Peter Tägtgren devraient plutôt rester mitigés quant à cette sortie. A suivre !


Ichigo
Mars 2013
Note : 16/20


Conclusion
L'interview : Peter Tägtgren

Le site officiel : www.hypocrisy.cc