Le groupe
Biographie :

Groupe de metal progressif d'Orléans, la formation a commencé en 2010 avec Nathan à la basse, Bowai à la batterie et Bam à la guitare. Développant un style musical propre, le groupe a travaillé sur ses compositions jusqu'à l'arrivée de Virgile au chant début 2013 qui a permis de finaliser ces premières compositions. Durant l'été, le groupe enregistre son premier EP "Seasons" sorti fin 2013, mixé et masterisé par Jamie King (Between The Buried And Me, The Human Abstract, Anathema). Hyaena sort son premier album, "Existence", au printemps 2017.

Discographie :

2013 : "Seasons" (EP)
2015 : "Yama" (Single)
2017 : "Existence"


Les chroniques


"Existence"
Note : 18/20

Quand je vous avais parlé du EP de Hyaena, "Seasons", en 2014, j'avais dit que le groupe avait déjà quelque chose d'intéressant à proposer et que son premier album devrait faire mal. Eh bien il est là cet album, il se nomme "Existence" et il ne me fait pas mentir !

Je trouvais d'ailleurs que les seize minutes de "Seasons" avaient un goût de trop peu, ce premier album quant à lui atteint l'heure et devrait enfin rassasier ceux qui avaient flashé sur cet EP déjà très prometteur. "Ashbringer" ouvre la marche avec près de huit minutes au compteur et installe d'entrée de jeu une ambiance planante, mélancolique voire carrément malsaine. Des riffs très djent pointent le bout de leur nez et les growls se mêlent au chant clair pour un mélange équilibré entre l'agressivité et la mélodie. "Between Time & Space" nous prend à contre-pied avec son début très death metal et rentre-dedans qui contraste avec la relative douceur d'"Ashbringer" même si la mélodie revient vite. On note aussi quelques passages bien jazzy et une fois de plus une maîtrise technique indéniable qui ne prend jamais le pas sur le reste et qui enrichit considérablement la musique de Hyaena. Une fois de plus, le groupe nous livre des morceaux très denses, variés et traversés de multiples courants musicaux avec une approche assez moderne, les ambiances s'entrecroisent et ce nouvel album a le don de nous prendre par surprise et de ne jamais arriver par là où on l'attend. L'agressivité est un peu plus prononcée que sur "Seasons" mais le groupe n'a pas changé son fusil d'épaule, il a beaucoup évolué à tous les niveaux mais on reconnaît bien sa patte. Et si Hyaena emprunte certains de ses riffs au mouvement djent et à toute la scène metal moderne, il ne sonne pourtant que comme lui-même et il sera bien difficile de citer un groupe similaire. Il y a aussi des influences progressives là-dedans, ne serait-ce que pour la construction de morceaux à tiroirs.

Les morceaux sont pour le moins dynamiques et si vous écoutez cet album d'une oreille distraite la première fois, il y a de fortes chances que vous vous y perdiez. On trouve en tout cas sur "Existence" une densité et une intensité indéniables, sans jamais en faire des tonnes dans la technique ou la violence le groupe arrive à nous malmener et nous écraser sous ses riffs puissants. Une impression renforcée par la production surpuissante elle aussi, ça sonne gros, clair et organique avec une batterie qui sonne vraiment comme une batterie et pas comme une collection de boîtes de conserve. L'album donne parfois l'impression de se perdre dans une suite de labyrinthes sonores aux multiples embranchements. Pourtant malgré cette complexité apparente et cette variété d'influences, il y a une certaine homogénéité qui fait que tout coule de source, une cohérence incontestable qui prouve que ce premier album a fait l'objet d'un travail soigneux. Ajoutez à tout ça un sens certain de la mélodie et une facilité à développer des ambiances prenantes et vous avez un album qui risque de squatter votre platine un bon moment. Et ça tombe bien parce qu'il va falloir multiplier les écoutes pour s'y retrouver, "Existence" fait partie de ces albums dans lesquels vous découvrez des détails supplémentaires à chaque fois. Si la musique du groupe est technique et complexe, elle déborde aussi de feeling et ces gars-là savent donner dans le groove quand ils le veulent, une façon de fournir quelques accroches pour l'oreille au milieu de ces toiles d'araignées sonores. L'album se termine sur les trois parties du morceau-titre sur lesquelles le groupe expérimente un peu plus, crée des structures plus tortueuses, des passages plus tordus techniquement et des ambiances très évocatrices.

Premier véritable album qui confirme tout le bien que l'on pensait de Hyaena depuis "Seasons". Un metal résolument moderne aux multiples visages, complexe, aux ambiances riches et variées. Avec "Existence", Hyaena livre un album impressionnant et personnel qui prouve le potentiel du groupe et qui laisse rêveur pour la suite.


Murderworks
Août 2017




"Seasons"
Note : 16/20

Continuons notre petite exploration de l'underground français avec Hyaena, groupe d'Orléans formé en 2010 et qui a sorti fin 2013 ce premier EP nommé "Seasons". On nous présente ça comme étant du metal progressif, mais précisons que c'est à entendre dans le sens aventureux du terme histoire que certains ne soient pas déçus en se rendant compte que ça n'a rien à voir avec Dream Theater ou Pain Of Salvation.

Si on reconnaît en effet les bases du metal prog dans la musique de Hyaena, on sent que le groupe va chercher d'autres sonorités pour enrichir tout ça. On débute par "Roots Of Decay" qui constitue une sorte d'intro, le morceau est quasiment instrumental puisqu'on entend qu'une voix fantomatique en retrait. On sent que cette entrée en matière est là pour faire monter la sauce progressivement, on commence par quelque chose de quasiment atmosphérique, même si un gros riff débarque en plein milieu, en installant une ambiance particulière dès le début. On enchaîne sur le premier véritable morceau de cet EP, "Satori", qui nous permet de nous rendre compte de la versatilité du chant, toujours parfaitement maîtrisé d'ailleurs. Tour à tour fantomatique comme sur l'intro, chant clair plus traditionnel et chant hurlé sur les passages les plus nerveux, bref le groupe ne s'interdit rien et jongle avec les émotions. Le morceau se termine d'ailleurs sur une des mélodies que l'on entend pendant le morceau mais joué avec un instrument qui nous rappelle la musique traditionnelle asiatique. La suite se montre bien plus agressive, "Sink" nous rentre dans le lard bien comme il faut, mais sait une fois de plus calmer le jeu avec la réapparition du chant clair sur un passage bien plus accrocheur et mélodique. Et en parlant de mélodie, "Seasons", le quatrième morceau, nous montre tout le savoir faire du groupe en la matière. Mené par la basse, surmonté d'un lead à la guitare qui se retrouve ensuite doublé par du tapping, le tout égrenant une mélodie mélancolique qui finira par s'évanouir dans le riff de "Shesha" qui termine cet EP. Mélancolie qu'on retrouve d'ailleurs sur toute la durée de cette première sortie, mêlée à des accès de colère caractérisés par des gros riffs, du chant hurlé et des structures soudainement bien plus tortueuses.

On remarque avec plaisir une très bonne prod' qui met bien en valeur chaque instrument, en particulier la basse qu'on entend clairement. Gros son, puissant, clair et qui permet à tout le monde de s'exprimer sans piétiner sur le voisin, bref très bon boulot à ce niveau là aussi ! Les 16 minutes passent forcément très vite et on aimerait bien en avoir encore un peu plus à se mettre sous la dent, mais bon le groupe a bien raison de privilégier la qualité à la quantité. Vu la variété des ambiances et des sonorités utilisées ici, on se dit que sur un album complet sur lequel le groupe pourra se lâcher ça devrait être très intéressant. Entre une personnalité déjà toute trouvée, une facilité à manier les ruptures de tons et une technique irréprochable, nul doute que Hyaena pourrait faire des étincelles sur un support longue durée. Je me réjouis en tout cas de voir que de plus en groupes français débarquent ces derniers temps avec une vraie personnalité malgré leur jeunesse, de quoi clouer le bec de ceux qui pensent encore que notre scène n'a pas grand chose à proposer !

Très bonne carte de visite pour Hyaena que cet EP, 16 minutes d'un metal personnel, riche en émotions et influences diverses, mélangeant harmonieusement mélodies et agressivité. Le groupe se démarque déjà de la concurrence à peine arrivé, de quoi attendre impatiemment un éventuel futur album.


Murderworks
Mars 2014


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/hyaenamusic