"Body"
Note : 17/20
Horskh récidive avec son troisième album ! Trois ans après "Wire", le trio composé de
Bastien Hennaut (chant / machines / guitare, PØGØ), Jordan Daverio (machines / guitare et
choeurs live) et Sylvain Abriel (batterie live) nous dévoile "Body".
L’album débute avec "Tension", un mélange ultra énergique de riffs saccadés et de cris,
parfois entrecoupés de quelques parties plus calmes en chant clair. La majorité de ce court
morceau reste dédiée à la violence, à l’inverse de "Do It" qui va proposer une rythmique plus
calme, bien que par moments troublée par des refrains plus motivants soutenus par un beat
plus lourd. On retrouve des éléments entêtants sur "Interface" et ses changements vocaux
accrocheurs qui collent à l’approche chaotique qui s’annonce redoutable en live, puis on
revient sur des éléments plus sombres et inquiétants pour "Body Building", morceau qui
intègre tout de même quelques tonalités assez dansantes pour alimenter le contraste.
Le
groupe reste dans les sons mystérieux avec "XlungX", composition qui place également
quelques choeurs vaporeux avant de se déchaîner grâce à des influences nu metal, puis
"Curse" nous propose un interlude intrigant qui nous mène naturellement vers "Turbine On",
morceau qui a déjà prouvé son efficacité, puisque révélé avant la sortie de l’album. Nul
doute qu’il a également été pensé pour faire exploser les foules pendant que le vocaliste
harangue allègrement, alors que l’on retrouve une ambiance plus oppressante sur "Useless
Animal", notamment grâce aux sons pesants complétés par les parties vocales. Le groupe
renoue avec l’agressivité sur "Laying Down In The Mud" et ses claviers stridents qui s’allient
naturellement aux vagues de puissance brute, puis avec "Distorted Again" qui allie les parties
entraînantes avec des blocs de saturation épaisse et dévastatrice. L’album prend fin avec "It
Spreads", une dernière composition qui renoue avec la noirceur avant de nous écraser par
surprise, puis de finalement rejoindre le néant.
Horskh impose à nouveau ses influences ancrées dans la scène indus pour présenter
"Body", son nouveau recueil de compositions relativement courtes mais toujours
incroyablement efficaces. Préparez-vous à danser et à mosher !
"Wire"
Note : 16/20
En déferlant en 2014 avec "Dawn", les Bisontins de Horskh s’étaient déjà imposés comme un nom à retenir dans le milieu electro / indus via un EP simple, brutal et efficace.
En 2017, le duo est revenu mettre une bonne mandale avec "Gate" qui commençait par un matraquage des conduits auditifs en règle, sans compromis, avec un titre évocateur : "Victim".
Globalement, cet album était sombre, violent et sans possibilité de sortie en étant indemne.
2021 est l’année de "Wire" et le duo est devenu trio avec l'arrivée d'un guitariste / clavieriste.
Dans cet album, on distingue l’entrée par la grande porte de sonorités de guitares et c’est d’ailleurs sur des dissonances que commence cet album. Ca tape un peu moins violemment mais dans les ambiances, c’est bien plus léché. Le chant se veut en nuances sur ce premier morceau "Strobes" qui nous attire et nous emmène dans les limbes d’une conscience noire. Le ton n’est plus au martèlement mais à un morceau plus dans la mesure et dans des rythmiques décalées, faisant la part belle aux ressentis et aux machines.
"Mud In My Wheels", qui figure en troisième position sur l’album, renoue un peu avec les anciens morceaux, avec quelque chose de compact mais qui laisse la place à des envolées vocales où l’on ressent de faux airs de Manson (ou est-ce mon cerveau qui me joue des tours...).
Les titres s’enchaînent et "Cut The Knot" est sûrement le plus violent de l’album, à l’instar d’un "Victim" de l’opus précédent.
On poursuit ensuite sur deux morceaux, plus calmes, plus "transition", à savoir "Stolen Memories" et "Break Off",
pour repartir sur une seconde partie d’album avec un "Common Crimes" assez puissant, violent, mais le reste sera plus mesuré, plus recherché avec des ambiances et des constructions moins linéaires, plus ambiantes.
D’un point de vue général sur "Wire", on a une domination du chant qui est moins grande que sur les albums précédents, "Wire" tabasse, certes, mais il est plus recherché, proposant des structures moins redondantes que par le passé, se jouant des conformités.
Il est par ailleurs très bien mixé, avec des ambiances ici et là qui nous offrent une nouvelle façon de voir Horskh, au travers des effets proposés sur la voix, et dans certaines structures. L’ensemble est toujours très sombre, mais avec un nouveau relief dans les compositions. On a comme la sensation d’être en conversation quasi permanente avec le frontman, d’une façon un peu angoissante, tantôt il te chuchote à l’oreille, tantôt il t'envoie des injonctions noires et hurlées.
Ce passage en trio apporte plus de profondeur et de variations aux morceaux, dans un style un metal electro avec quelque chose d’industriel mais qui renouvelle un peu le genre, même si parfois l’on regrette un peu le côté très violent des albums précédents
La production est toujours très bonne, avec un mixage de Sam Munnier et Bastien Hennaut, et un mastering au Deviant Lab Studio.
En résumé, c’est un très bon album, Horshk nous avait déjà habitués à cela en même temps. Les morceaux sont courts mais efficaces, on retrouve la patte du groupe, avec de la violence, de la noirceur, de la puissance, des changements et des arrangements mais tout en restant dans la veine Horshk. L'évolution se fait par petites touches. J’attends avec impatience un concert, là où le groupe libère toujours le maximum de son énergie.
"Distant Is The Sun"
Note : 17,5/20
Découvert il y a une paire d’années lors du festival Impetus, le duo bisontin projetait déjà une musique sombre et un indus sans règles mais diablement efficace. Le show agressif et puissant nous en balançait plein la gueule, littéralement. Un EP pour agrémenter le tout et quelques remixes suffisaient aux deux Bisontins pour s’inscrire dans une scène electro indus et faire figure de grand espoir du genre. Après quelques mois d’attente, "Gate" sort lors de ce printemps 2017, avec 12 titres et se présente à nous pour juger sur pièce si Horskh n’était qu’un feu de paille ou bien s'il pose sa patte dans le temps.
Gros démarrage de "Gate" avec le titre "Victim" qui monte dans les tours, et qui envoie clairement une sauce énorme dès le début, en son electro entêtant et des breaks d’une violence rare. De faux airs de Marilyn Manson apparaissent lors des moments calmes sur la voix (je m’étais promis de ne pas le citer, mais bon... Force est de constater…), le son électro entêtant du début devient un peu pénible à la longue mais "Gate" démarre tout de même fort. Le troisième morceau, "Intruder", pose une voix à nouveau dans ces sonorités possédées et prenantes. On trouve des moments très posés avec une dose un peu rétro et des claviers à mélodie(s), puis l’on passe à "Against" avec des tonalités plus axées dubstep et une rythmique similaire à "Victim". Cet album des Francs-Comtois est intéressant car ils vont plus loin que le simple electro metal basique. On sent une véritable puissance derrière, la voix apporte un plus non négligeable à des rythmiques bourrées d’une sorte de rage sombre et noire.
Non loin de grosses références, Horskh amène donc quelque chose de très sombre avec des parties électroniques puissantes, des rythmiques très agressives, et une voix qui monte dans les tours au fur et à mesure des morceaux. On se laisse emmener dans cette rage grondante et grandissante, tout en saturation et en maîtrise. Les morceaux de Horskh sont jouissifs pour tous les adeptes d’electro indus brut de décoffrage et sombres à souhait. Pour les autres, peut-être que l’univers prenant développé par Horskh leur échappera. D’un point de vue purement artistique, "Gate" est assez lourd dans le style, bien mixé, avec une prod' à hauteur. Horskh touche un public adepte d'electro teinté de sonmétallique, le tout avec des touches inspirée de Nine Inch Nails ou encore de Manson. Pour un public pas fan du genre, ce sera difficilement compréhensible et les sonorités electro pourront rebuter de prime abord.
Horskh est finalement assez proche d’un Carpenter Brut dans le son, délivrant et créant un univers, une ambiance bien à lui, et les morceaux donnent leur pleine mesure lors de lives qui sont effrénés, puissants et complètement sidérants. Si vous aimez l’indus, jetez-vous dessus, et si vous avez l’occasion d’aller voir un live, n’hésitez pas.
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