Le groupe
Biographie :

Horna est un groupe de black metal finlandais formé en 1993 à Lappeenranta sous le nom de Shadowed. Il est fondé par le chanteur et les guitaristes Shatraug et Moredhel. Ils changent ensuite de nom pour Horna quand ils sont rejoints par le batteur Gorthaur, ils garderont ce nom définitivement. En Septembre 1995, le groupe sort alors sa première production, "Varjoissa", que le groupe a produite par ses propres moyens. En 1998, le groupe sort son premier véritable album studio, suite à des nombreuses démos et EPs. L'album s'intitule "Kohti Yhdeksän Nousua" et sort sous le label Solistitium Records. L'album suivant, "Haudankylmyyden Mailla", sortira sous ce même label. Pendant les années 2000, le groupe sort de nombreux albums et des splits avec d'autres groupes de black metal. Parmi eux, on peut compter Behexen, Peste Noire et beaucoupe d'autres groupes beaucoup moins connus de la scène metal. En 2002, le chanteur Nazgul Von Armageddon quitte le groupe et va fonder de son côté le groupe de black metal Satanic Warmaster. Il sera remplacé par la suite par Corvus, lui--même remplacé par Spellgoth en 2009. En Juillet 2003, le guitariste Aarni T. Otava quitte à son tour le groupe. Il sera remplacé par Infection. En 2007, le batteur Lord Sargofagian est remplacé par Vainaja. En Mars 2013, sort "Askel Lähempänä Saatanaa" chez World Terror Committee Productions. "Hengen Tulet" sort en Septembre 2015. En 2016 arrive un nouveau batteur, LRH, puis un nouveau bassiste en 2018, VnoM. L'album "Kuoleman kirjo" sort en Décembre 2020.

Discographie :

1998 : "Kohti Yhdeksän Nousua"
1999 : "Haudankylmyyden Mailla"
2001 : "Sudentaival"
2005 : "Envaatnags Eflos Solf Esgantaavne"
2006 : "Ääniä Yössä"
2007 : "Sotahuuto"
2008 : "Sanojesi Äärelle"
2013 : "Askel Lähempänä Saatanaa"
2015 : "Hengen Tulet"
2020 : "Kuoleman kirjo"


Les chroniques


"Kuoleman kirjo"
Note : 16/20

Parmi les grands nom de la scène black metal finlandaise qui se veut plus que prolifique ces derniers temps, il n’y a plus besoin de présenter les Finlandais de Horna qui sont y définitivement bien implantés depuis maintenant presque trente ans. Cependant, ces plus de vingt longues années au sein de la scène n’ont pas épuisé la formation qui revient cette année pour son dixième album studio "Kuoleman kirjo". Ce dernier vient s’inscrire dans la continuité de "Hengen Tulet" sorti cinq années auparavant, même si les dernières années n’ont pas été totalement marquées d’une absence totale du groupe qui a participé à quelques split avec d’autres groupes. Cette fois, c’est bel et bien du Horna pur et dur que les musiciens nous proposent avec tout de même quelques innovations qui sont plus que bienvenues, surtout de la part d’un groupe aussi ancien qui pourrait avoir tendance à tourner rapidement en rond. Si l’album ne réinvente cependant pas totalement la scène black metal, il parvient tout de même à délivrer un album plaisant et qui ne donne pas une sensation de réchauffé.

Horna, c’est un peu ce déferlement instrumental comme on n'en trouve plus autant qu’avant dans le black metal. Cette cacophonie tout à fait ordonnée dans une oxymore assez parlante que l’on se plaît définitivement à écouter. En effet, cette avalanche de blast soutenue par deux guitares, l’une aux riffs très lourds imposant une certaine lourdeur, l’autre invoquant des aigus beaucoup plus chaotiques, donne définitivement une aura à ce qu’une oreille peu attentive qualifierait de "bruit". On le ressent notamment dans "Mustat Vuodet", "Satanaan Viha" et "Pyhä Kuolema" qui se qualifient tous par des riffs rapides, exécutés simplement mais avec maîtrise, et portés par un chant qui ajoute au chaos ambiant. Certains morceaux se distinguent par des ralentissements, des parties instrumentales beaucoup plus claires qui entrent totalement en dissonance avec le reste de l’album et qui ne semblent pas servir à l’ambiance globale, ce qui est un peu dommage, on en vient à se demander ce qu’elles viennent faire dans le morceau à part couper un peu le rythme pour laisser le temps à l’auditeur de souffler dans un album assez long de plus d’une heure. Heureusement, ces parties sont rares dans l’album et ne viennent pas gâcher l’intégralité des morceaux, c’est particulièrement évident dans "Haudattujen Tähtien Yönä". Cependant, l’utilisation du chant clair ne se limite pas à ces seules parties, on l’a aussi dans l’introduction de "Ota Minut Vastaan" mais qui semble cette fois très incantatoire et mis en opposition avec le chant crié qui répète sans cesse le titre du morceau, donnant un effet plus efficace.

Si le chant est assez souvent présent dans tout l’album, la lourdeur instrumentale est parfois plus mise en avant dans certains morceaux, elle se caractérise par une baisse du rythme et une absence totale de chant, rendant les morceaux plus longs mais présentant aussi des passages plus mélodiques avant de faire reprendre le chaos de plus belle, comme dans "Elävänä Kuolleena". Ces passages mettent d’ailleurs en évidence une production beaucoup plus lisse et soignée que sur les précédents albums. Etonnant de la part d’un groupe qui se démarquait souvent à travers un son très dépouillé et sale, revendiquant sa pleine appartenance à la deuxième vague de black metal aux productions toujours plus chaotiques dans le but d’instaurer un réel inconfort chez l’auditeur. Cependant, une production plus propre sert réellement l’album ici et permet de distinguer toutes les subtilités des lignes de basse et les différents riffs de guitare, là où celle des anciens albums aurait rendu la tâche plus difficile et aurait sûrement apporté un ressenti final encore plus chaotique mais beaucoup moins plaisant à l’écoute. La musique en devient plus accessible mais ça reste tout de même du grand Horna qui ravira les fans de la première heure. Le chant est quant à lui bien différent, tantôt très rauque et agressif, il se veut parfois plus long et grandiose pour donner un ton plus incantatoire dans la folie instrumentale, tel un appel au chaos, ce qui s'entend notamment dans la fin de "Kärsimysten Katedraali". Le mixage permet d'apporter des différences notables, ce qui donne une certaine fraîcheur dans un album aussi long, même si finalement ces changements sont assez rares au sein des morceaux.

La formation finlandaise nous délivre donc un nouvel album totalement dans la continuité de ce qu’elle a pu sortir auparavant mais avec quelques innovations plus ou moins efficaces, comme un production plus soignée et quelques parties instrumentalement plus légères mais pas forcément cohérentes avec le reste. Toujours est-il que l’album, bien que long, passe très rapidement sans que l’on s’en lasse et il n’apporte aucunement une sensation de réchauffé dans la longue carrière du groupe, ce qui est tout de même une sacrée prouesse en presque trente ans d'existence.


Praseodymium
Janvier 2021




"Hengen Tulet"
Note : 14/20

Horna, c’est un groupe que je me refuse tout simplement à présenter, parce que tout simplement c’est Horna. Alias l’un des groupes finlandais de black metal les plus connus qui soient. Et un groupe que j’affectionne aussi tout particulièrement, et que je n’ai pourtant encore jamais eu l’occasion de voir en concert. Oui, je profite de cette chronique pour relâcher tout cette frustration accumulée au fil des dernières années, merci beaucoup. Mais à défaut de les voir en live, je suis toujours enchantée quand un nouvel album voit le jour. J’ai conscience que ça revient à compenser le manque comme on peut, mais c’est ça ou commencer une lutte acharnée contre la vivisection.

Horna ouvre donc les hostilités avec "Amadriada". Ce titre m’évoque le dernier album, et on retrouve les vocaux caractéristiques de Spellgoth. Si je dois être honnête avec moi-même, ce titre ne casse pas trois pattes à un canard. Le niveau est relevé vers la fin, où on sent l’intensité commencer doucement à monter. Mais il ne s’agit après tout que du premier titre, inutile de s’affoler pour autant. Avec "Ajan Päättyessä", le tout va trop vite pour instaurer une quelconque ambiance. Le groupe martèle encore et encore, mais sans réussir à atteindre l’apogée qu’ils cherchent tant. Mais ce n’est que temporaire, car vient le titre suivant.

Avec "Nekromantia", Horna atteint enfin son but et parvient à me surprendre agréablement. Ce titre est une tuerie, tout simplement. On assiste à une montée progressive qui débute par ce rythme lent et lancinant, pour finalement nous entraîner dans une sorte de célébration glauque qui reflète assez le jeu de scène qu’a adopté le groupe durant ses dernières tournées. Et ici, les vocaux de Spellgoth ont un véritable impact pour la première fois depuis le début de cette écoute. Suit "Tämä Maailma Odottaa" qui propose un rythme bien plus agressif, et qui a la vocation certaine de vouloir botter des culs. Je retrouve avec plaisir la brutalité d’Horna à ce niveau-là. Et j’admire de nouveau la patte reconnaissable de Shatraug dont le talent n’est plus à prouver. Patte caractéristique qu’on retrouve d’ailleurs sur le titre suivant "Saatanalle".

"Puhdas" propose une ambiance différente, plus religieuse si je puis me permettre. Le début du titre évoque sérieusement les orgues d’église, et on y retrouve le côté cérémonial d’Horna. Le titre offre d’ailleurs une variété dans ses rythmes appréciable, et se démarque par rapport à un début d’album qui n’était pas vraiment original ni réjouissant. Variété que partage "Ikuisuuden Kynnyksellä". Ces deux titres apportent vraiment une fraîcheur à l’album. Sans véritablement innover, ils ne nous ennuient pas et sont vraiment très appréciables à écouter, totalement dans le style si spécial d’Horna.

Poursuivons avec "Sodan Roihu" que j’ai tout simplement adoré. Le groupe se lance une nouvelle fois dans des rythmes différents, avec une variété appréciable et qui ne nous ennuie jamais. Le titre est entraînant, et bien dosé. Probablement un des titres les plus réussis de cet abum à mon sens. "Hurmos" reprend la recette du titre précédent, mais d’une façon plus lourde et pesante. L’ambiance se veut davantage oppressante, et l’accent est davantage mis sur l’instauration d’une atmosphère particulière : mais à ce niveau de l’album, est ce toujours nécessaire ? Et c’est avec "Profeettasi" que l’album s’achève, tout en sonnant toujours comme le Horna du dernier album. Un petit retour en arrière qu’on appréciera ou pas, selon le ressenti que ce dit album aura laissé sur nous. Pour moi, ça n’est pas spécialement dérangeant.

J’adore Horna. Vraiment. Mais, pourtant il faut se rendre à l’évidence et être objectif. Il y a un problème sur cet album, et je trouve qu’il réside dans la tracklist. L’album ne s’ouvre pas sur des morceaux franchement enthousiasmants, et on aurait tendance à être ennuyé par ce manque d’innovation et de fraîcheur. On a ensuite trois titres qui valent largement qu’on les écoute, avant de retomber dans des morceaux que je qualifierais de bons mais sans plus. L’équilibre est donc largement vascillant, et je pense qu’un réarrangement au niveau de la place de ces morceaux permettrait une écoute plus agréable. Au final, je ne suis pas entièrement convaincue. Je suis persuadée que certains de ces titres prendront une nouvelle intensité une fois qu’ils seront joués live, et bénéficieront donc de la mise en scène du groupe mais pour le moment... je reste mitigée sur la question.


Velgbortlivet
Octobre 2015




"Askel Lähempänä Saatanaa"
Note : 15/20

Horna est un groupe de black metal emblématique de la scène finlandaise des années 90. Formé en 1993 par Shatraug, le groupe a connu pas mal de changements de line-up. Aujourd’hui, l’arrivée de Spellgoth en tant que vocaliste continue de diviser les fans entre ceux qui se trouvent être nostalgiques de l’ancienne époque, et ceux qui ont fait le choix de miser sur le dit personnage. Avec ce huitième opus, le groupe avait donc un clou à enfoncer (ou à planter, selon le point de vue ...).

Si on s’attarde sur la pochette de ce nouvel album, on pourra reconnaître que les thèmes de prédilection du groupe n’ont guère changé. Une église en flammes, remplie de ses fidèles qui se sont pendus. Le tout surmonté par un oeil d’apparence diabolique. On comprend donc rapidement la cible de ce nouveau méfait : les chrétiens ! Le titre de l’album ne fait que confirmer cette impression. Le groupe cherche donc à nous amener un pas plus près de Satan. Le tout en ne chantant qu’en finnois, un autre signe distinctif du groupe. Eh bien, c’est ce qu’on va voir !

L’album débute par l’intro "Alku". Atmosphérique, et planante. Elle distille d’entrée une ambiance assez pesante. Un titre qui pourrait figurer sur la bande originale d’un film d’horreur à l’ancienne. Le second titre de l’album "Askel Lähempänä Saatanaa", titre de l’album donc, nous présente enfin la voix de Spellgoth. Elle me semble légèrement plus grave que celles des précédents vocalistes d’Horna, mais ce n’est pas dérangeant. Pas de grosse surprise niveau instrumental, c’est typiquement du black fidèle à ses racines des années 90. "Kunnia Herralle, Kuninkaalle" , la chanson suivante, ne dérogera pas à cette affirmation. Suit "Kuolema Kuoleman Jälkeen". Bon, plus aucun doute, le nouveau vocaliste fait son travail parfaitement, et il n’y a plus de doutes à avoir sur lui. Les riffs sont accrocheurs et la batterie puissante. Le cinquième titre de l’album, "Yhdeksäs Portti" enfonce le clou. Horna fait définitivement honneur à son parcours. Spellgoth se prend à pousser quelques cris gutturaux, assez déchirants, sur la dernière partie du morceau. Une bonne surprise !

Vient "Ei Aikaa Kyyneleille", une de mes chansons préférées de cet album. Les riffs sont mémorables, et j’aurais tendance à dire assez hypnotiques. On se laisse porter par la puissance du morceau, toujours emportés par cette voix qui semble venir d’outre-tombe. La chanson "phare" reste pourtant à venir avec "Kärsimyksin Vuoltu Hänen Valittuna Äänenään". Pas mal de relents punk dans celle-ci à mon avis. Et vraiment des cris de possédé. Les riffs vous déchirent en même temps que la voix. Excellent. Nous arrivons dans la dernière partie de l’album, avec "Aamutähden Pyhimys". Signe distinctif de ce morceau, le tempo qui ralentit significativement sur la fin. Eh bien lent ou pas, la puissance dégagée est énorme. Je mettrais les deux derniers morceaux ensemble "Pala Tai Palvele" et "Ota Omaksesi, Luoksesi" dans l’optique où ils n’apportent rien de plus à l’album. On sent peut-être à ce moment précis quelques longueurs. Elles restent néanmoins très agréables à écouter.

Au final, Horna aura réussi son pari de nous imposer son nouveau line-up. Le groupe conserve sa place de choix dans la scène black, et nous propose un album fidèle à ses racines. On ne va pas s’en plaindre, c’est un très bon album. Je regretterais peut-être un peu que le groupe ne se soit pas justement éloigné un peu des sentiers qu’il avait déjà emprunté, mais cela n’est que mon avis personnel. Un album qui se fera sans aucun doute une place dans la discographie déjà très remplie du groupe !


Velgbortlivet
Mars 2013


Conclusion
Le site officiel : www.horna666.com