Le groupe
Biographie :

Hord est un groupe de metal moderne et éclectique. Après un premier album "Reborn From Chaos" (2006, WhyNot / Nocturne) produit par Patrick Liotard (Polabitch) et des concerts avec Fear Factory, Misery Index, Punish Yourself et Black Bomb Ä, Hord sort en Novembre 2010 "The Waste Land", enregistré aux Pays-Bas par Jochem Jacobs, guitariste et producteur du groupe Textures. Inspiré des littératures post-modernes et du cinéma postapocalyptique, "The Waste Land" est un concept album sur l'expérience de l'anéantissement et de la fin du monde, alliant musique, poésie, photographie et graphisme. En 2012, HORD a signé sur le label Send The Wood Music. Le nouveau concept album, "The Book Of Eliot", mixé et masterisé par Magnus Lindberg (Cult Of Luna, Khoma), sort le 22 Avril 2013.

Discographie :

2006 : "Reborn From Chaos"
2010 : "The Waste Land"
2013 : "The Book Of Eliot"


Les chroniques


"The Book Of Eliot"
Note : 15/20

Cet album était attendu car "The Waste Land", sorti en 2010, avait marqué certains esprits par une personnalité affinée et une puissance mélodique révélatrices d'une volonté d'imposer un style singulier et percutant. Hord a donc renouvelé ses efforts afin de produire et d'enfanter un nouvel et troisième album qui confirme le talent musical des membres du projet, même si malgré tout quelques passages restent en deçà de ce qu'avait pu nous offrir son prédécesseur....

Tout d'abord lors de la vue et de la lecture de "The Book Of Eliot", pour ceux qui connaissent, il était totalement légitime de faire un rapprochement (relatif juste pour le titre de l'album) immédiat avec le film de Albert Hugues Le livre d'Eli, avec Denzel Washington et Gary Oldman. Une atmosphère post-apocalyptique mise en avant, toujours certainement grâce à l'inspiration de Thomas Stearns Eliot, qui reste, rappelons le, une source majeure dans les thèmes de Hord. Alors oui, on peut sentir d'ores et déjà que l'album va chercher au plus profond de l'être quant aux paroles, ce qui apporte un point très positif spirituellement parlant, d'autant plus que le contenu musical est totalement adapté à cette ambiance de concept album.

Pour cet artwork, Hord met justement en avant ce côté spirituel recherché en nous offrant ce livre à découvrir, même si ce genre de pochette n'est pas sans rappeler non plus (toujours pour ceux qui ont eu l'occasion de l'écouter) l'album de The Breathing Process :"Odyssey (Un)Dead" sorti en 2010, où l'on pouvait découvrir également la vue d'un livre devant et derrière les covers, mais non pas sur un lit de charbon, plutôt sur un bord de littoral.

Alors voilà, les présentations étant faites avec l'aspect physique de ce livre d'Eliot, le temps de dire qu'il a été enregistré cette fois-ci à la sueur du front de Hord, du complètement DIY, mais malgré tout mixé et masterisé par Magnus Lindberg (Cult Of Luna), on va pouvoir aborder l'aspect musical. La profondeur des chansons reste quelque chose d'omniprésent sur "The Book Of Eliot", où l'auditeur arrive à pénétrer dans ce concept album grâce a de nombreux passages mélodiques, et grâce également à des vocaux gutturaux très puissants accompagnés mais surtout soutenus par des vocaux clairs qui viennent, comme le veut maintenant les codes de la musique metal mélodique moderne, se poser en choeur soit sur des passages de refrains, soit sur des breaks ou intro afin de donner plus de relief accrocheur dans les morceaux.

C'est un album haut en couleur que nous ont écrit les gars de Hord, de nombreuses narrations viennent servir d'ouverture sur la plupart des morceaux, comme notamment sur "On Collision Course" pour ne citer que celle là, mais il y aurait aussi "Analepsis" ou encore "What The Thunder Said". Ces narrations qui permettent aussi de bien donner le ton de l'album, de fournir la troisième dimension de l'écoute, le spectre visuel de l'album pour que l'auditeur se sente véritablement envahi par le concept. La musique de Hord se démarque de certains groupes de metal mélodique moderne, par son approche limite industrielle, mécanique, dont les contours sont toujours mélodiques mais profondément agressifs. Ils arrivent grâce à une musique qui ne part jamais dans la vitesse effrénée ou non contrôlée, à capter l'attention par de véritables atmosphères, un peu comme une musique de film finalement. Le principal reproche que l'on pourrait faire à l'album, comme il était souligné plus haut , spécifiquement sur des titres tels que "Confession", "At The Gates" ou encore "Kindermord" qui restent les plus longs de l'album, c'est que cet aspect répétitif des riffs peut provoquer justement quelques longueurs en fin de chanson et qui peuvent s'avérer inutiles dans l'esprit de celui qui écoute et qui s'éternisent, donnant à la fin des titres une terminaison salvatrice ; car on a hâte de passer au morceau suivant.

Les chansons sont toujours intéressantes dans le sens où elles sont écrites pour que l'on progresse doucement à l'intérieur du livre d'Eliot, alternant des passages vraiment lents et atmosphériques, avec ceux plus agressifs, sans jamais plonger dans un trip de thrash ou death melodique, mais toujours en restant dans une limite bridée par une envie de bien faire comprendre les notes à l'auditeur, afin qu'il prenne bien la mesure de la musique de Hord. Et c'est justement ici qu'est la différence avec "The Waste Land", Hord a plus misé cette fois-ci sur ce côté progressif en ralentissant la cadence de la plupart des morceaux pour leur donner une puissance différente, une puissance moins violente mais plus sombre adaptée au contenu du concept album.

On est plus dans une musique progressive, metal évidemment, mais progressive tout de même. Ce que ne nous donnait pas son prédécesseur, peut-être est-ce là un signe d'évolution constante ? Certainement... La lourdeur est bien là pour la puissance, la mélodie est bien là pour la fluidité, la technique est bien là pour la qualité, et ceci donne à "The Book Of Eliot" une viabilité certaine et une légitimité indéniable en tant que successeur de "The Waste Land". De la même manière où sur "The Waste Land", il y avait un titre relaxant et plein d'émotions à savoir "The Burial Of The Dead", placé plus ou moins à mi parcours, sur "The Book Of Eliot", c'est "The Sleepless Journey" qui remplira cette office. Il s'agit d'un titre court, mais efficace, où l'atmosphère planante règne en impératrice sur presque trois minutes d'endorphine musicale, une véritable saveur.

Placé dans une continuité, dans une évolution logique, "The Book Of Eliot" vient à merveille se positionner en tant que petit frère de "The Waste Land", le côté négatif se situe donc du côté de certaines longueurs de fin de morceaux sur certaines chansons, mais dans l'absolu il est de loin pardonné car on constate un énorme travail constructif des thèmes, des imbrications de riffs et encore plus des vocaux qui pallie cette baisse de positivité. Oui les vocaux sont époustouflants de dynamisme et de maîtrise comme Hord nous en avait déjà offerts sur "The Waste Land", mais des chansons telles que "Kindermord" offrent un panel vocal si varié qu'il eut été impossible de ne pas en faire référence. Alors voilà que se termine cette odyssée où il est temps maintenant pour vous de goûter véritablement au contenu de "The Book Of Eliot" et d'en confirmer ou d'en infirmer cette impression. En tous les cas, n'hésitez pas à vous intéresser à cet album car la matière est bel et bien là, la qualité ça se travaille et les artisans de Hord, ne seront peut-être pas élus meilleurs artisans de France, mais on s'en approche aisément.


Arch Gros Barbabre
Mai 2013




"The Waste Land"
Note : 15,5/20

Retour de Hord, en 2010, quatre ans environ après la sortie de "Reborn From Chaos", voici les Montpelliérains qui refont surface avec un nouvel album. Un album plutôt bien branlé qui a été préparé. Alors c'est sous une forme autoproduite que ce "The Waste Land" sortira, vu qu'il n'y a pas un label aventureux qui ait voulu miser sur le groupe, et une fois de plus quand on voit ce qui se fait signer dans tous les styles de metal, et même certaines grosses daubes dont je ne citerai pas les noms, Françaises ou étrangères (cherchez chez Century Media....), on a du mal à y croire... Mais je pense qu'on s'oriente vers une généralisation de l'autoproduction, qui finalement sert l'artiste et l'auditeur, vu qu'il y a beaucoup moins d'intermédiaires... enfin autre débat.

Hord nous offre sur un plateau en or son "The Waste Land", un album de metal moderne, avec des grosses guitares, de la hargne, de la dynamique, et surtout plein de surprises qui nous font sortir des sentiers battus. En effet alors qu'une écoute générale immédiate de cet album nous laisse facilement nous diriger vers une idée obligatoirement faite de dire que Hord joue dans la cour du clonage à la Soilwork, on se rend compte au bout de plusieurs écoutes attentives que tout n'est pas si simple... En effet, si le premier morceau "Unreal City" qui succède à cette formidable ouverture, nous balance du riff méchant, rock, metal, neuf, avec des chants pompeux aux vocaux clairs sur les refrains ; il laisse aisément rappeler l'esprit d'un Soilwork des plus obligés. Tandis que le reste de l'album prend des nuances largement plus subtiles, allant vers une musique beaucoup plus riche. Une des premières forces de "The Waste Land", c'est bien évidemment sa puissance. Une puissance conjuguée par, d'une part, une production phénoménale, et des thèmes de riffs très trèèèès accrocheurs d'autre part, il faut le souligner. C'est enregistré au Pays-bas par Jochem Jacobs (Textures) au SplitSeconSound Studio, et le résultat est bien là. Et même si je ne suis pas un fan de Textures, voire que je n'aime pas du tout, il serait injuste et de mauvaise foi de dire que la production de l'album de Hord, qui comprend donc l'enregistrement, le mixage, et le mastering, est bidon. Au contraire, elle est claire, propre, limpide et ultra puissante. Et il sera utile de rappeler que seuls les vocaux de Jonathan Devaux ont fait l'objet d'un enregistrement au studio de Hord. Des enregistrements que nous avions eu plaisir (ou pas) à regarder sur le net, vu que nous sommes tous des voyeurs en puissance, instants fugaces et pourtant inutiles, mais qui attirent la curiosité tout de même. Maintenant rappelons nous que cet avis sur la production, n'est qu'un avis d'auditeur, vous savez, ceux qui achètent les CDs et vont aux concerts. Ceux qui écrivent sur les sites des groupes pour montrer leur soutien, ceux qui achètent les t-shirt, le merch... Ceux sans qui aucun groupe de la planète ne serait rien...

Et lorsqu'on a bien compris que l'album de Hord ne nous donnera que de la décibel pure dans les oreilles, on peut donc continuer l'écoute. Les morceaux sont très groove finalement dans leur agressivité, très rock et pleins d'humanité. Si "Subdued Voices" reste dans un cheminement plus banal, "Epidemic"  procure de la bonne chair de poule. On retrouve cet esprit de rock / metal moderne, vague amenée par Soilwork au départ et tellement développée, sur-enchérie et tout ce que l'on veut maintenant. Mais Hord, sans dire qu'ils ont trouvé l'étincelle d'ingéniosité particulière dans leur musique, arrivent à nous décoller de cette glue. Les lignes vocales claires de "Epidemic" sont grandioses, elles donnent ce que l'on attend, pour ré-atterrir avec bombardement sur des passages aux guitares lourdes et bulldozer. Les chansons se déroulent comme dans une usine à la chaîne, tout s'imbrique minutieusement, agrémenté de plans plus aériens, comme sur "The Watcher", ou "A Heap Of Broken Images", un titre qui, vers quatre minutes offre une dimension et une couleur encore différente de ce qui a été proposé depuis le début. Presque à emprunter des ambiances à la Opeth, Hord évolue encore un peu plus dans son metal. Alors à ce moment là de l'album c'est la fraîcheur qui nous vient à l'esprit, un album plein de fraicheur et moralité : alors qu'on pensait à un simple clone, on se rend bien compte que le talent est là, l'inspiration en prenant compte de la scène déjà existante, est finalement chez Hord. Mais il fallait se pencher un peu plus sur leurs compositions pour bien s'en apercevoir... Et justement cette fraicheur tombe à pic avec "The Burial Of The Dead", un titre magnifique, plein de beauté, plus court, plus posé, moins agressif que le reste de l'album. Bizarrement, comme s'il avait été honteux de composer et d'écouter "The Burial Of The Dead", Hord nous assène un coup d'une violence inouïe avec l'entrée en matière du titre suivant "Through The Ashes". Quelque chose d'une violence extrême, peu commune sur l'album, presque brutal death dans ses propos. La fin de l'album restera dans cette couleur plus brutale, avec en suivant "The Grand Expedition", que ce soit sur le tempo, les guitares, et même les vocaux très acides. Sauf sur la fin de ce titre qui nous ramène encore un peu dans l'ambiance planante, soft, compliquée mais doucereuse des titres de Mikael Akerfeldt d'Opeth. On appréciera à ce moment là le côté assez progressive metal de la musique de Hord.

Ce sont pas mal de noms qui sont venus participer à cet album, avec un artwork signé Jakob Arevarn, des photos réalisées par David Lundmark, un graphic design de Pär Olofsson et ainsi de suite... Le produit présenté sous forme de digipack a quand même de la gueule c'est un fait et Hord peut être très fier de cet album, sans aucune hésitation. Concept album basé sur la littérature post-moderne, "The Waste Land" se base sur l’expérience de l’anéantissement et de la fin du monde. Et effectivement le visuel, accompagné des paroles et de la musique elle-même et surtout, permet à "The Waste Land" d'offrir dimension environnementale à son auditeur.


Arch Gros Barbabre
Décembre 2010




"Reborn From Chaos"
Note : 13/20

Certes le CD date un peu, mais des choses nouvelles semblant se profiler, un petit regard en arrière ne fait pas de mal quelques fois. Hord nous présente ici "Reborn From Chaos"... En effet c'est violent, pas de temps mort ou de fioriture, on est directement dans le chaos, l'injection est brutale et violente. Les riffs de grattes très incisifs, et très propres (trop ?), l'aspect électronique des machines renforce cette violence, et les voix saturées font le reste : venir percer directement ton tympan et voir si quelque chose s'en écoule. Certains choix sont judicieux, d'autres moins. Il est certain que quelques passages iraient jusqu'à faire headbanguer ton grand père ! Le groupe apporte des choses, mais une patte très Mnemicienne se fait sentir, ou du Fear Factory ou encore Soilwork, cette impression de "repeat" sur certains passages déjà entendue autre part. La prod' est très bonne, très pays scandinave avec des grattes très droites et propres, l'apport de l'electro se révèle fort intéressant avec de très bons passages à la limite même de l'indus ("Mutantis"), un peu gâchés je trouve par un solo guitare qui dénature complétement le reste du morceau. L'electro et son apport a toujours été quelque chose de... délicat au niveau du dosage, on en arrive parfois à se demander : batterie electro, machine ou batterie acoustique ? Certains passages auraient mérité mieux à cause d'un trop-plein de choses qui rendent le tout brouillon. Je finis l'écoute, certains passages lancent du headbanging pour retomber sur un moment "bizarre", comme du scratch de DJ par moments, en arrière... Cela me dérange, ce côté qui alterne du bon et du moins bon. Je suis un peu déçu de l'ensemble, car certains morceaux affichent de vraies bonnes choses et un bon potentiel... En attendant la suite.


Sam
Juin 2009


Conclusion
L'interview : Hadrien

Le site officiel : www.facebook.com/hordband