"Lachrymose Monuments Of Obscuration"
Note : 17/20
Hooded Menace ressort de sa tombe. Après quatre années de silence, Lasse Pyykkö (guitare / basse, Claws, Phlegeton, Vacant Coffin…), Pekka Koskelo (batterie, Ruinebell, Vacant Coffin, ex-Phlegeton) et Harri Kuokkanen (chant, Hail Conjurer, Hollow Woods, Ride for Revenge…) exhument "Lachrymose Monuments Of Obscuration", leur septième album.
On retrouve également Antti Poutanen (Devenial Verdict, Spiteborn, ex-Church of the Dead) au violon ainsi que John McNulty (Coltsblood, ex-Conan) aux spoken words.
Les claviers de "Twilight Passages" couplées à la guitare mélodieuse nous plonge immédiatement dans une sorte de transe mélancolique qui sera brisée par la rythmique de "Pale Masquerade", un premier titre aux harmoniques presque trop joyeuses, mais qui constituent une suite logique avec l’introduction. L’arrivée des parties vocales macabres renforcent la noirceur du son, créant un contraste avec les touches les plus légères et renforçant ainsi l’oppression de la lourdeur tout en autorisant les racines heavy à teinter les leads, provoquant même des accélérations avant de laisser la douceur vivre un court instant sur "Portrait Without A Face". Saturation et agressivité reprendront vite leurs droits, ainsi que les longs hurlements lugubres qui dénotent des passages simples et accrocheurs mais qui se marient à la perfection avec les moments plus virulents, tout de même habités de quelques tonalités ritualistiques avant de revenir à des tons plus lents. On se sent presque maudits par le vocaliste avant la touche finale apaisante qui déteint sur les premiers moments de "Daughters Of Lingering Pain" avant d’être à nouveau plongés dans l’essence même du doom lancinant que le groupe aborde parfois avec un groove entêtant, mais aussi avec une approche contrastée entre les envolées épiques et les passages menés par des leads emplis de désespoir.
Ce sont les choeurs qui nous accueillent sur "Lugubrious Dance", le titre suivant, mais ils se tairont pour laisser les musiciens développer une rythmique obsédante à mi-chemin entre leur doom / death pesant et des racines plus vives, créant une dynamique ambivalente dans laquelle les voix réapparaîtront de temps à autres, puis la rythmique s’adoucit en rejoignant "Save A Prayer". Le morceau emprunté à Duran Duran possède même des passages très accessibles où les harmoniques semblent fantomatiques et répondent aux rugissements rauques d’Harri qui errent entre les riffs jusqu’à devenir beaucoup plus présents, mais c’est avec "Into Haunted Oblivion" que le groupe va refermer ce nouveau chapitre. Les couplets sont de retour dans ses teintes les plus brutes, mais c’est une fois de plus avec une guitare assez lumineuse que les harmoniques prennent vie, ultimes témoins de la dualité permanente que le groupe cultive jusqu’à la dernière étincelle d’existence, répondant aux deux invités dont les interventions rendent le son encore plus maussade.
Alors que le groupe restait assez silencieux, "Lachrymose Monuments Of Obscuration" nous confirme qu’Hooded Menace rôde encore parmi nous. Le son est macabre à souhait, et il nous invite dans son caveau à savourer sa fraîcheur morbide et humide dont on se délecte.
"The Tritonus Bell"
Note : 17/20
Les Finlandais de Hooded Menace sont de retour et ne sont pas du genre à chômer puisque "The Tritonus Bell" est le septième album du groupe pour autant, si ce n'est plus, de splits et EP. Prolifiques et constants, ces encapuchonnés menaçants produisent toujours un doom hérité des premiers Cathedral et Candlemass teinté de death bien sale qui a amené avec les années un peu plus de mélodies dans sa tambouille.
Cette fois, "The Tritonus Bell" amène une petite surprise de plus en la présence de sonorités heavy metal qui non seulement aide à rendre le tout plus varié mais en plus amène un petit côté horrifique et épique supplémentaire bien plaisant. Les sonorités pouvaient déjà être entendues sur les précédents albums en filigrane, cette fois elles sont clairement affichées et prennent la place qui leur est dûe. Pas d'inquiétudes à avoir, Hooded Menace n'a pas changé son fusil d'épaule pour autant et son doom reste toujours aussi sale, morbide et poisseux. "The Tritonus Bell" amène simplement un ingrédient supplémentaire dans la marmite de ces sorciers et le groupe se permet des passages qui n'ont rien à envier à un certain Mercyful Fate (c'est flagrant sur "Blood Ornaments"). "Chtonic Exordium", avec ses deux petites minutes, fait office d'intro et nous balance déjà un solo très mélodique aux senteurs de Chuck Schuldiner sur fond d'arpèges inquiétants. "Chime Diabolicus" suit sur un up-tempo énergique et assez inhabituel pour Hooded Menace des mélodies très heavy metal justement avec de gros riffs de bûcheron dans la grande tradition du genre. Le tempo écrasant typique du doom crasseux de Hooded Menace revient bien vite et nous brise une fois de plus les vertèbres avec son groove imparable et bien gras que l'on pourrait rapprocher de celui d'Autopsy. Les soli sont toujours mélodiques et très heavy metal dans l'esprit eux aussi et certaines mélodies, comme le solo de "Chtonic Exordium", rappellent presque Death, le groupe, par moments. Ce qui n'est pas étonnant quand on connaît l'amour que portait son leader au heavy metal. Tous ces petits apports plus mélodiques ou épiques permettent à Hooded Menace de se renouveler sans se renier et les amateurs du groupe retrouveront sans problème leurs marques.
"The Tritonus Bell", tout en étant plus mélodique que ses prédécesseurs, reste tout aussi écrasant, groovy et poisseux. L'odeur de caveau humide est toujours présente et imprègne tout l'album de ses effluves fétides. Le groupe paie son hommage aux maîtres du heavy metal horrifique que sont Mercyful Fate (et King Diamond donc) et ses nouvelles ambiances se mêlent harmonieusement au doom / death gras du groupe. Voilà un groupe qui sait intelligemment intégrer ses influences à sa musique et en même temps développer sa personnalité et son univers. Le résultat est une fois de plus irrésistible et si les ambiances sont morbides et poisseuses à souhait, il y a toujours cette dose de groove et de fun qui fait que l'on tape du pied sans même s'en rendre compte. Les trois quarts d'heure que dure l'album passent à une vitesse folle et une fois l'écoute terminée on en redemande ! Plus le temps passe et plus les albums de Hooded Menace se font jouissifs, que ce soit par ce groove à décorner un buffle, ces mélodies glauques mais accrocheuses ou ce tempo qui brise les os. La formule de cette potion maléfique prend plus d'ingrédients à chaque réalisation et arrive toujours à faire un effet dévastateur. "The Tritonus Bell" respire le old school par tous les pores puisque toutes ses infleunces remontent aux années 80 ou au début des années 90 et pourtant les jeunes loups pourraient y trouver leur compte tant ce nouvel album est efficace. D'ailleurs, pour illustrer tout ça, l'édition limitée de l'album contient une reprise du "The Torture Never Stops" de l'excellent premier album des non moins excellents W.A.S.P. à la sauce Hooded Menace. Une reprise d'ailleurs plutôt fidèle en dehors des growls et du son de guitares bien gras évidemment. Pour moi qui ai grandi au son du heavy pour ensuite migrer vers des styles plus extrêmes (comme beaucoup je pense), cette reprise et ces sonorités tirés des grands classiques du metal, heavy ou non d'ailleurs, sont un bonheur pour les tympans.
Au final, Hooded Menace nous livre une fois de plus un excellent album de doom / death teinté de mélodies très heavy metal et de passages à la Mercyful Fate. Son groove fait toujours autant de dégâts et le tout est toujours aussi accrocheur, ce qui peut paraître paradoxal pour le style pratiqué. "The Tritonus Bell" apporte une pierre noire de plus à la discographie d'un groupe qui monte d'un cran en qualité à chaque réalisation. Des albums comme ça on en veut tous les jours !
"Ossuarium Silhouettes Unhallowed"
Note : 15/20
Hooded Menace est un groupe qui a, ou plutôt avait, une sacrée classe.
En effet, avec des albums comme "Never Cross The Dead", "Fulfill The Curse" et enfin "Effigies Of Evil", Hooded Menace est vite devenu un des papas du doom / death dégoulinant de mort.
Mais hélas, après ces trois excellents albums, la source d'inspiration s'est tarie et le groupe peine à revenir à son meilleur niveau.
Avec l'opus "Darkness Drips Forth" en 2015, les Finlandais ont pris une direction plus funeral doom, ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi mais le résultat n'était pas vraiment à la hauteur.
Bien trop lisse et avec un manque d'accroche, cet opus ne nous avait pas laissé un bon souvenir.
C'est donc avec impatience et pressés de découvrir ce que Hooded Menace nous réserve avec son "Ossuarium Silhouettes Unhallowed".
Bon, ça commence bien avec un artwork qui donne envie,
puis l'écoute des six morceaux commence et on constate que le groupe a choisi de suivre la voie du précédent album avec une musique plus funeral doom et mélodique,
mais heureusement avec plus d'entrain et de dynamisme.
Les titres sont donc plutôt bons ("In Eerie Delivrance", "Sempiternal Grotesqueries") et se laissent écouter.
"Cathedral Of Layrinthine Darkness", qui est plus atmosphérique, et "Cascade Of Ashes", plus torturé et triste, s'en sortent aussi très bien.
Les personnes qui vont découvrir le groupe avec cet album risquent d'adorer car oui, c'est un bon album.
Mais pour quelqu’un qui écoute le groupe depuis ses débuts et qui adule les trois premiers opus, ce n'est pas la même chose.
En effet, on a ainsi beaucoup de mal à retrouver le groupe qui nous a tant fait vibrer !
L'identité du groupe nous semble comme disparue,
cela est dû bien sûr à ce tournant plus funeral doom mais surtout à la dissolution du côté lourd, sale, morbide et groovy qui caractérisait le groupe.
Les passages death entraînants sont également moins présents, sauf peut-être dans "Charnel Reflections" où l'on retrouve de bons gros riffs.
Mais ce qui reste le plus choquant, c'est le changement de chant !
Lasse Pyykkö, qui est aussi le guitariste et bassiste du groupe, a laissé sa place de chanteur à Harri Kuokkanen,
et même si ce dernier gère, Lasse était LA voix du groupe pour les connaisseurs...
Ses growls ultra dégoulinants et caverneux renforçaient le côté glauque et donnait une vraie identité à la musique des Finlandais, en plus des riffs.
Cela fait donc beaucoup de changements,
"Ossuarium Silhouettes Unhallowed" reste un bon album que beaucoup vont apprécier car oui, les morceaux sont sympas et prenants,
mais les amoureux des premiers opus vont sûrement être déçus car désormais, Hooded Menace ressemble à tous les autres groupes et a perdu de son âme.
On reste donc nostalgique tout en reconnaissant que l'album n'est pas mauvais du tout.
"Darkness Drips Forth"
Note : 14/20
C’est avec un artwork toujours aussi glauque venant des profondeurs (peut-être moins flashy que d’habitude) que nous retrouvons Hooded Menace !
Oui, à première vue, lorsque que l’on regarde la pochette de ce nouvel album, "Darkness Drips Forth", on sait que l’on a affaire à du bon vieux Hooded Menace comme on aime.
Mais voilà, après trois ans d’attente depuis le dernier album, "Effigies Of Evil", ce nouvel opus se veut différent.
En effet, les Finlandais qui sont toujours chez Relapse Records ont choisi de voguer vers d’autres horizons, certes pas si éloignés mais tout de même…
Avec seulement 4 titres durant chacun plus de 9 minutes bien sûr, les Finlandais nous montrent donc une certaine évolution dans leur musique.
Elle est surtout notable dans la première partie de l’album avec les deux premiers titres.
Le groupe, qui ne faisait certes pas dans la rapidité, a encore ralenti son tempo pour aller vers un funeral doom plus trop death old school…
Le chant si caractéristique, lui, n’a pas changé et nous donne le côté gras, et nous rappelle qu’il s’agit bien de Hooded Menace.
Sinon à part parfois le jeu de guitare, c’est assez différent...
En effet, le son est beaucoup plus lisse, moins lourd, moins sale…
Les riffs ("Blood For The Burning Oath / Dungeons Of The Disembodied") ont perdu de leur énergie, de leur groove et surtout de leur personnalité !
Ils restent mélodiques mais dans un style plus léger, presque lumineux, comme dans le second titre "Elysium Of Dripping Death".
Attention, ce n’est pas mauvais, mais ce n’est plus le même groupe.
Leur musique était si personnelle, si reconnaissable, ils avaient pourtant leur truc à eux... Là, c’est du funeral un peu plus rentre-dedans mais bien trop commun,
et c’est dommage, cela manque d’accroche, les riffs ne sont plus entêtants comme avant et
le charme n’opère plus.
Même les ambiances et les bruitages horrifiques sont beaucoup moins prenants…
Bon, heureusement que la seconde partie de l'album est plus intéressante !
"Ashen With Solemn Decay" a plus de peps et sonne un poil plus doom / death.
Même s’il y a un passage un peu atmo qui surprend et qu’on s’ennuie un peu par moments, ce titre reste correct.
Car en effet, le seul vrai bon morceau de l’opus, c’est le dernier, "Beyond Deserted Flesh" !
Lui aussi est plus couillu, death, et on retrouve les riffs groovy et lourds qui nous manquaient tant depuis les trente premières minutes d’écoute !
Au final, on est quand même bien déçu malgré un excellent titre…
Oui, c’est bien beau de s’essayer à d’autres choses mais il faut que ce soit à la hauteur des travaux passés.
Là, ce n’est pas le cas, cela manque cruellement de passion, de relief…
Espérons que les prochains opus à venir nous redonneront envie d’aller dans une crypte pour bouger la tête avec le groupe !