Le trio mené par Matt Pike (également membre du groupe culte Sleep) revient trois ans après "De Vermis Mysteriis" qui, s'il était très bon, montrait les limites de High On Fire. Le groupe produit de bons albums mais ne fait plus vraiment vibrer comme autrefois ; son style est bien établi et ne bouge que très peu. Ils nous resservent les mêmes plans depuis "Snakes For The Divine", dernier très bon album de nos trois Américains.
"Luminiferous" est du même tonneau. C'est du High On Fire de la tête au pieds mais ne renouvelle aucunement le son du trio qui commence sérieusement à tourner en rond. L'effet de surprise étant absent, heureusement que la qualité est là. Une chose nous a frappés sur ce nouveau disque : sa curieuse construction symétrique apportant dynamisme au disque, et pourquoi pas une sorte de toile de fond pouvant servir un concept particulier. Nous n'en sommes pas sûrs du tout, cela reste une hypothèse à confirmer. L'album est donc construit grossièrement, de manière intentionnelle ou non, de cette façon : des morceaux lourds et heavy en début et fin de parcours, des furies speed qui détruisent tout sur leurs passages placées juste avant et après ces morceaux périphériques, et des morceaux centraux plus "légers" et dépouillés, renfermant une sensibilité plus définie.
"The Black Plot" est un titre introductif classique du groupe mais très efficace et inspiré tout comme le final "The Lethal Chamber", morceau doom burné et venimeux qui conclut très bien le disque. "Slave The Hive" et le très thrash "Lumineferous", que ne renierait pas un certain Exodus, sont deux TGV qui nous réduisent en bouillie. Les morceaux centraux donnent du relief à l'ensemble, leur côté plus mélodique et cool, aux noirs ambiances veloutées et au ton plus personnel, montrent que High On Fire sait se faire plus "humain". "The Falconist", avec ses riffs viscéraux, est bluesy dans l'esprit, une sorte de cri intime se dégage de l'interprétation vocale de Matt. et "Dark SIde Of The Compass" présente des riffs plus sinueux et une belle mélancolie noire. Quand à "The Cave", c'est le meilleur titre de l'album, du heavy rock psychédélique aride et poussiéreux. Ces titres montrent que le groupe est capable de choses différentes mais il pourrait aller plus long encore, cela reste bien trop timide à notre goût. Seuls "Carcosa", bon mais inutilement long, et "The Sunless Years" où il ne passe rien, viennent entacher la qualité musicale de l'album.
On finira cette chronique par un petit coup de gueule. La production. C'est une calamité ! Pourtant confectionnée par Kurt Ballou qui s'était déjà chargé de "De Vermis..." et s'en était bien sorti, "Lumineferous" est atroce. Le son est tassé, compressé au possible, rien n'en ressort, rien ne respire ; on a affaire à un gros bloc mal dégrossi où il est difficile de comprendre quelque chose. Bien sûr, on reconnait les riffs et les différents motifs de batterie, mais c'est tellement dégueulasse, tellement mélangé et tellement empêtré que l'on n'ose même pas appeler cela une "production". C'est comme si Ballou avait foutu en boule toutes ses fringues dans une armoire déjà pleine à craquer, et refermer le tout en poussant avec son pied pour faire rentrer le tout. Une merde. Et ne parlons pas du traitement indigne des cymbales qui résonnent à peine dans cette mélasse honteuse. Peut être ne s'agit-il que de notre version promotionnelle en mp3 qui fait cela, mais si ce n'est pas le cas, on plaind les pauvres qui ont acheté la version digitale.
Bref, High On Fire, avec ce nouveau disque, continue sa route sans trop se bousculer, à quelques exceptions près. Pas un chef-d'œuvre dans la discographie du groupe, juste une étape de plus.
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