"The Radiant Veil"
Note : 18/20
Quatre années de silence ont pris fin chez Hemelbestormer. En 2025, Frederik "Cozy" Cosemans (batterie / clavier, Hedonist, Rituals Of The Dead Hand), Jo Driesmans (guitare), Filip Dupont (guitare / clavier, Entartung, Lhaäd, Rituals Of The Dead Hand) et Koen "Milly" Swerts (basse, Torturerama) signent chez Pelagic Records avec qui ils dévoilent "The Radiant Veil", leur quatrième album.
L’album débute avec "Usil", la longue et oppressante première composition qui nous montre rapidement la puissance des riffs du quatuor dont la touche dissonante hante déjà nos esprits, et qui ne va pas se priver pour ajouter des harmoniques lancinantes. Les effets permettent de rythmer notre progression dans cet univers sombre, tout comme les frappes régulières de la batterie qui mène la danse vers un final beaucoup plus apaisant avant de rejoindre "Turms", où la saturation reprend des teintes plus pesantes, mais les leads apportent des mélodies planantes à l’ensemble. Quelques paroles en chant clair signées Phil (Caspian) viennent hanter le trajet entre les éléments vaporeux, mais après un dernier embrasement le son migre vers la courte "Turan" et ses touches aériennes apaisantes qui nous permettent de reprendre notre souffle avant de nous confronter à "Tiur" qui propose un son immédiatement plus mystérieux. L’arrivée de la batterie vient troubler ce semblant de quiétude, pavant la voie pour une myriade d’effets complétés par du blast, puis la rythmique se dirige en douceur vers la très longue "Cel" qui nous accueille avec des sons inquiétants qui s’assombrissent par vagues de plus en plus lourdes.
Les riffs s’épurent doucement, proposant une mélodie régulière et enivrante avant de soudainement exploser, accueillant des hurlements terrifiants avant de nous hypnotiser puis de ralentir et atteindre "Laran" et sa très lente oppression qui se répand via des nappes qui intègrent également ces notes angoissantes avant d’apporter des tons plus légers pour atteindre "Tinia" après un long silence. Des effluves post-rock brumeuses apparaissent puis se renforcent en devenant accrocheuses et accueillent des leads transcendants puis des bruits étranges qui annoncent les derniers moments du titre, suivis par "Satre" au groove alangui qui s’embrase d’un seul coup puis nous expose à des parties vocales sinistres avant de laisser des effets électroniques donner au morceau un tout autre aspect, retrouvant même une énergie entraînante pour nous mener à la fin.
Les musiciens d’Hemelbestormer sont loin d’être des amateurs, et la complexité de "The Radiant Veil" nous le prouve. L’album est très long, mais il sait nous captiver du début à la fin en offrant des sonorités qui alternent en permanence entre l’angoisse, le calme et l’oppression.
"A Ring Of Blue Light"
Note : 15/20
C'est un deux ans après "Aether" que nous retrouvons le quatuor composant Hemelbestormer.
Ils reviennent avec "A Ring Of Blue Light",
album qui voit cette fois le jour chez Ván Records après un passage chez Debemur Morti Productions.
On retrouve ainsi la musique instrumentale du groupe au fil des six morceaux qui voguent dans un univers morne et peu accueillant ("Clusters").
C'est souvent chaotique, comme le titre "Redshift" qui est vraiment glacial avec des passages plus lancinants et qui nous emportent complètement.
"Eight Billion Stars" nous oppresse littéralement avec son atmosphère posée mais bien hypnotique et avec ce petit côté malsain.
Il y a aussi de l'agressivité, notamment avec "The Serpent Bearer" qui nous laboure le crâne avec ses riffs répétitifs.
Par contre, pour contrebalancer avec ce côté pesant et grave, on trouve deux titres bien plus légers et aériens que sont "Towards The Nebula" et "Blue Light".
Ils apportent la fraîcheur indispensable pour que l'album puisse s'écouter d'une seule traite.
Comme pour son précédent opus, le groupe nous plonge dans un melting pot de styles où se croise du post-rock, du sludge, de l'ambient, du doom...
Les titres en ressortent donc enrichis, faisant oublier le fait qu'il n'y ait pas de chant.
On ne s'ennuie pas un instant à l'écoute de ce "A Ring Of Blue Light" et on se laisse aller,
les compositions sont matures et sont réalisées avec subtilité.
"Aether"
Note : 17/20
Encore une signature pour Debemur Morti qui n'arrête plus avec les Belges de Hemelbestormer qui nous livrent ici "Aether", premier album qui suit un EP et un split. Décrit comme étant du post-metal instrumental, ce groupe devrait plaire aux amateurs de Year Of No Light et autres Omega Massif.
Jugez plutôt : quatre titres pour une durée totale de quasiment une heure, je crois que c'est assez clair. Pour les quelques cancres du fond qui n'auraient pas encore cerné la bête, disons qu'on a droit à un metal sombre, plombé, qui pèse des tonnes et qui passe d'ambiances éthérées et évocatrices à des riffs de bûcheron qui vous broient la tête dans un étau. Sans oublier bien sûr les traditionnelles dissonances qui permettent au groupe de passer d'une ambiance aérienne à un climat malsain sans transition. Evidemment, c'est une fois de plus le genre d'album à écouter d'une traite et qui va vous demander un effort conséquent avant de vous laisser entrer dans son univers. On n'écoute pas Hemelbestormer en faisant le ménage, on lui consacre toute son attention sous peine de louper le train. Parce que oui, ces types veulent vous embarquer avec eux dans leur monde, pas très accueillant d'ailleurs vu comme ça. On ne voit quasiment rien chez eux tellement la lumière a du mal à se frayer un chemin, en plus tout est en ruines et on a vite fait de se prendre les pieds dans les gravats. La pochette résume finalement très bien ce que vous allez trouver sur cet album, un mélange de mélodies et d'ambiances qui vous feront avoir la tête dans les étoiles et des riffs telluriques à faire trembler les murs. Et bien entendu, le son est au rendez-vous, les guitares sont puissantes et grésillantes, la basse bien ronde et pour peu que vous poussiez un peu le volume, vos voisins risquent de moyennement apprécier.
Entre post-metal instrumental, sludge, doom et à peu près tout ce qui est lourd, Hemelbestormer n'inspire pas la rigolade, et ce premier album est extrêmement efficace dans la compression de vos tympans. "On Desolate Plains" a même des touches bruitistes, entre les voix fantomatiques en guise de fond sonore bien flippant et les multiples larsens. Un pavé de 19 minutes glauque et oppressant pour mettre fin à un album qui ne l'est pas moins, malgré quelques mélodies vaguement plus lumineuses de temps en temps. Des passages un peu moins écrasants justifient le nom de l'album, "Aether", qui pèse la plupart du temps bien plus lourd que ça, croyez-moi. Il n'en reste pas moins un sentiment de voyage, d'évasion même, dans des terres pas très accueillantes mais loin de notre morne monde. Et ne vous laissez pas avoir par les quelques influences citées plus haut, Hemelbestormer ne sonne comme pas comme un clone de qui que ce soit. Ce premier album montre déjà une vision précise, une personnalité affirmée et un chemin clairement défini même si sûrement ouvert à des expérimentations plus poussées à l'avenir. Et pourtant la seule sortie du groupe avant cet album est un split, il faut croire que ces gars-là savent ce qu'ils veulent parce qu'il est tout de même assez rare de ne pas sentir d'influences flagrantes sur un premier album, surtout dans un genre comme celui-ci qui a vu fleurir pas mal de petits nouveaux ces dernières années.
Au final, un premier album inspiré, personnel, massif, pesant, glauque, parfois mélodique, souvent oppressant et oscillant entre un post-metal instrumental et du doom pour faire simple. Si vous aimez Year Of No Light et Omega Massif, foncez, vous ne devriez pas être déçus.