Lorsque j’écris une chronique, je n’expose pratiquement jamais ma vision politique et / ou religieuse. Pour moi, la musique, à moins qu’elle se veut littéralement revendicatrice, transcende justement le politique et les mouvances religieuses. Ainsi, je me concentre sur l’artiste et son œuvre plutôt que sur ses origines ou son pays. Difficile par contre d’en faire abstraction quand le groupe lui-même, dans sa bio, fait part des enjeux qu’il vit au quotidien.

Tel est le cas de Hell:on, formation ukrainienne de death metal oriental / tribal. En effet, ce nouvel album aurait dû voir le jour il y a deux ans déjà s'il n'y avait eu le conflit russo-ukrainien (pour lequel, comme je le mentionnais en début de chronique, je ne prendrai pas position). Je dirai seulement qu’il est tout à leur honneur de poursuivre leur désir de créer malgré un conflit armé aussi imposant. Cela fera sans doute cliché, mais je ne pense pas qu’il existe une meilleure catharsis que le death metal.

Bien que le groupe démontre de solides capacités techniques, comme sur "He With The Horse’s Head", c’est plutôt au niveau composition que le bât blesse légèrement. En effet, je trouve chaque morceau plutôt répétitif. Il est clair que tout comme l’avait fait Angra (dans un tout autre registre, c’est certain), l’ajout d’instruments tribaux revêt une saveur exotique, cependant, le tout devient comme un mantra en boucle, ce qui contribue à la sensation de répétition.

Ce dernier constat ne rend pas l’album totalement ennuyant pour autant. L’on retrouve quelques perles de riffs ou d’arrangements qui surprennent tout de même. Malheureusement, le sentiment de répétition est beaucoup trop présent. Si l’on ne porte pas une attention particulière à l’écoute, l’on perd facilement le fil. Sans les quelques passages de percussions et autres instruments tribaux et orientaux, l’on est face à un album de death / thrash plutôt sommaire.

Pour ses 15 ans, Hell:on s’offre un sixième album. Créé en 2005 en tant que Hellion en Ukraine, Olexandr Bayev (chant), Slayer (basse), Hellion (guitare, Moria , Blast X), Leshiy (batterie, Blast X) recrutent Anton Vorozhtsov (guitare, Ungrace, Blast X) en 2009 après le départ de leur ancien guitariste, et le groupe poursuit son aventure. Aujourd’hui, ils nous présentent "Scythian Stamm", leur nouvelle création.

Lorsque j’ai lu que Hell:on était un groupe de thrash / death, j’ai immédiatement pensé avoir droit à dix titres remplis de blast, de hurlements putrides et de solos stridents. Et devinez quoi : il y a de tout ça pendant près d’une heure de son. Mais à cette base un peu clichée, le groupe réussit à ajouter sa patte, afin de donner une personnalité propre à chaque titre, tout en ajoutant un groove prenant, des influences à la limite du folklorique, et surtout une bonne dose de hargne. On trouve d’ailleurs des éléments entraînants dès "Spreading Chaos" et "The Architect’s Temple", les deux premiers morceaux. Mais les influences mystiques, orientales et tribales n’ont pas dit leur dernier mot, puisqu’"Ashes Of The Gods" nous offre une superbe rythmique, accompagnée de murmures inquiétants, puis la rythmique reprend le dessus, alors qu’"Under The Protection From Beyond" est un titre plus direct. Le groupe frappe fort et vite, puis nous offre par la suite ses harmoniques et ambiances.

Ce contraste se poursuit avec l’écrasante "Movements Of The Godless" et la tranchante "The Denial Of Death", deux titres qui ont pour point commun cette puissance brute, qui accueille à merveille la touche du groupe. "B.S.B.", le morceau suivant, repart dans des tonalités noires et mystérieuses, avant de nous écraser sous un mélange à la fois imposant et somptueux, mais également ces ambiances si spécifiques. "Whispers Of The Past Yet To Come", le titre le plus court, semble être l’un des plus agressifs, mêlant frappes hargneuses, riffs endiablés et une fois encore ces éléments entraînants mais martiaux avant "Roaring Silence". L’enchaînement est parfait, et si la fureur s’apaise, la lourdeur est toujours de mise. Le groupe nous offre une séance de poésie avec "My Testament", le dernier titre. Après une très sombre mais douce introduction, la rage reprend possession des riffs pendant que le vocaliste nous conte son amour pour l’Ukraine, son pays. Pour profiter pleinement du morceau, lisez les paroles en même temps.

Ne connaissant Hell:on que de nom, j’ai eu une excellente surprise en écoutant "Scythian Stamm". Le thrash / death du groupe est très efficace, et les multiples éléments folkloriques qu’il intègre à sa musique fait passer ce sixième album de “bonne découverte” à “immanquable de l’année”.