Hell Is Other People a évolué. Le groupe s’était fait silencieux depuis quelques années, mais 2024, année de sa signature chez Transcending Obscurity Records, marque pour Nathan Boots (guitare), Nicholas Luck (guitare, Æpoch, Skyless Aeons, Sentiment Dissolve), Nathan Ferreira (basse/chant, Skyless Aeons, Sentiment Dissolve) et James Ditty (batterie) la sortie de "Moirae", leur deuxième album.

L’album débute par une longue partie instrumentale du titre éponyme, "Moirae", où les musiciens développent une approche très aérienne et mélancolique. L’arrivée des parties vocales brumeuses renforcent l’oppression de la rythmique pesante et irrégulière malgré sa dissonance entêtante, alors que "Fates" nous propose souvent des sursauts d’énergie dans son apathie. On notera également une certaine profondeur du côté des hurlements saisissants qui collent parfaitement à l’atmosphère sombre d’où émergeront des leads perçants qui créent un nouveau sentiment de malaise avant de laisser place au silence qui débute sur "Degrade", rapidement brisé par quelques douces notes vaporeuses.

La quiétude dure jusqu’à être troublée par une saturation inquiétante, puis par la douleur des cris et de l’instrumentale lente mais étouffante qui laisse l’intensité monter imperceptiblement avant de s’éteindre d’un coup pour passer à "Loss" où le son se montre déjà beaucoup plus virulent. Le contraste avec les mélodies est beaucoup plus prenant, prenant appui sur de véritables rugissements mêlant haine et de désespoir pour finalement nous mener au chaos d’"Atropos", la longue composition finale où les musiciens conservent leur fureur pour créer des vagues de violence cinglantes, entrecoupées de moments plus planants où les influences DSBM sont exploitées pour alimenter la détresse jusqu’à la libération.

Seulement cinq morceaux sur ce nouvel album, mais Hell Is Other People réussit à nous captiver grâce à son océan de mélancolie glacial. "Moirae" est un album prenant qui ne souffre d’aucune pause, et qui se savoure comme un souvenir douloureux.