Le groupe
Biographie :

Heaven's Cry est un groupe de metal progressif québécois formé en 1994 et composé d'un nouveau line-up depuis 2011 : Rene Lacharite (batterie / ex-Necrotic Mutation), Éric Jarrin (guitare / ex-Despised Icon, ex-Necrotic Mutation), Sylvain Auclair (chant, basse / ex-Utopy) et Pierre St. Jean (chant, guitare / NonHuman Era). Après "Food For Thought Substitute" en 1996 et "Primal Power Addiction" en 2002, "Wheels Of Impermanence" voit le jour en Septembre 2012 chez Prosthetic Records. Le quatrième album, "Outcast", sort en Juin 2016, toujours chez Prosthetic Records.

Discographie :

1996 : "Food For Thought Substitute"
2002 : "Primal Power Addiction"
2012 : "Wheels Of Impermanence"
2016 : "Outcast"


Les chroniques


"Outcast"
Note : 15/20

Quatre ans après "Wheels Of Impermanence", Heaven's Cry est de retour avec "Outcast", quatrième album pour le groupe québécois officiant dans un registre metal progressif teinté de rock. Le précédent album montrait de belles choses avec toutefois un tracklisting en dents de scie, on va voir ce que donne le petit nouveau.

Déjà, ce qui surprend dès "The Human Factor", c'est que la production a gagné en puissance. Les guitares ont plus de patate, la batterie aussi et la basse est bien présente, le tout baigné dans un son puissant, clair et chaud. Ce premier morceau démarre avec des parties bien techniques mais embraye bien vite sur des lignes de chant très mélodiques, des arpèges du même tonneau créant une ambiance assez planante et quelques passages plus puissants et accrocheurs, et un refrain qui me fait penser à du Ayreon. Un équilibrage plutôt efficace pour une entrée en matière convaincante qui montre que le groupe a fait des progrès dans sa façon d'agencer ses différentes facettes, pourtant ce morceau fait tout de même huit minutes et il est facile de se perdre quand on compose ce genre de titre. "Outcast" suit dans une veine plus rock prog avec des riffs plus groovy et pas mal de contretemps placés un peu partout, classique mais efficace et plutôt accrocheur là aussi. Un morceau dont la fin assez technique n'est pas sans rappeler cette fois le Dream Theater de "Six Degrees Of Inner Turbulence". La suite se corse avec "The Day The System Failed", un pavé de plus de quatorze minutes dans la plus pure tradition du prog et donc LE morceau qui va malmener ceux qui ne sont pas familiers du genre. Touffu, complexe, varié, ce pavé est un véritable morceau à tiroirs qui n'oublie pas l'émotion en route et trouve le moyen de créer des ambiances prenantes tout en étant techniquement impressionnant.

Le reste de l'album est à l'avenant, on navigue entre metal et rock progressif, ambiances planantes ou riffs plus durs, une alliance constante de la puissance et la mélodie. Par rapport au précédent album, je dois que Heaven's Cry a cette fois le don de constamment trouver des mélodies efficaces, là où "Wheels Of Impermanence" présentait quelques moments un tout petit peu en dessous du reste. "Outcast" est bien mieux équilibré je le redis, la mélodie, la technicité et la puissance se passent le relais naturellement, ne donnant jamais l'impression qu'un passage tombe comme un cheveu dans la soupe. Tout est intelligemment amené et on se dit jamais que tel passage est dispensable ou n'a rien à faire là. Il faut dire aussi que Heaven's Cry ne tombe jamais dans la démonstration à outrance malgré le niveau technique assez relevé, les passages les plus ardus ne sont pas là pour épater la galerie et servent toujours les morceaux d'une façon ou d'une autre. Une fois de plus, malgré quelques riffs metal, ce n'est pas cette facette de la personnalité du groupe qui prend le dessus, le côté rock prog est toujours plus prononcé et la mélodie et le groove ont une très grande place dans la musique du groupe. Les lignes de chant sont d'ailleurs très inspirées sur ce nouvel album, là encore bien plus que par le passé d'ailleurs.

Nouvel album plus équilibré et plus maîtrisé que "Wheels Of Impermanence", le groupe ayant cette fois bien mieux ajusté les ingrédients qui façonnent sa personnalité. Un bon opus de metal progressif mélodique et parfois planant, s'inspirant des classiques sans jamais les plagier et fournissant au final une bonne dose de plaisir musical.


Murderworks
Août 2016




"Metafiction"
Note : 14/20

Retour sur les terres du prog avec le troisième album des Québécois de Heaven's Cry, "Wheels Of Impermanence" qui fait suite à "Primal Power Addiction" sorti il y a 10 ans quand même ! Pas très productif comme groupe, mais bon comme on dit le principal c'est la qualité et non la quantité.

Signalons d'abord que la musique de Heaven's Cry est plus proche du rock prog que du metal, ce qui ne les empêche pas de ressortir de temps en temps les gros riffs qui envoient du bois, histoire de dynamiser un peu le tout. Mais on est majoritairement en présence de morceaux très mélodiques et accrocheurs et de durée assez courte, aux environs des 4 ou 5 minutes en général. On est donc loin du metal prog et des morceaux de 15 minutes qui changent de rythme toutes les 30 secondes (que j'aime beaucoup aussi), ici même si les musiciens n'ont rien à prouver techniquement ils savent se tenir et se contentent de servir la musique sans chercher à s'afficher. Tout ça contribue à faire en sorte que même si les morceaux sont techniquement pointus, ils n'en restent pas moins assez directs, on n'a pas besoin de les décortiquer pendant des heures pour comprendre ce qui s'y passe. Heaven's Cry privilégie l'efficacité et la mélodie et ça lui réussit plutôt bien, le groupe montre un certain talent dans la composition. L'album passe tout seul, les 45 minutes passent vite et certains passages sont de toute beauté. Je pense en particulier au titre éponyme qui se montre poignant et riche en émotions tout du long.

Alors certes, on va me dire qu'à l'écoute de tout ça on ne trouve rien de vraiment neuf, et je répondrai que ça ne nuit pas à la qualité des compositions. D'autant que malgré ça le groupe n'est pas pour autant une copie d'autres noms, on reconnaît certaines influences des classiques du prog mais Heaven's Cry a sa patte. Le seul point faible que je pourrais pointer et le fait que certains morceaux sont plus faibles que d'autres, aucun n'est mauvais mais certains mettent la barre tellement haut que le reste paraît moins intéressant à côté. En fait, je trouve que le groupe perd un peu en impact quand il durcit un peu le ton ou devient un peu plus technique, alors que dans les morceaux mélodiques, il a une capacité à produire des mélodies magnifiques qui me fait regretter que le reste ne soit pas tout à fait dans le même registre. Alors c'est sûr que ça permet de varier les plaisirs, et comme je le dit les titres moins basés sur l'émotion sont loin d'être mauvais. C'est juste que personnellement je vais avoir tendance à me repasser une sélection de morceaux en particulier, j'en trouve simplement certains plus marquants que d'autres.

Mais globalement c'est un bon album qu'on a là, "Wheels Of Impermanence" est inspiré même sur les morceaux que je trouve un peu en dessous. Je pinaille sur certains points mais je le répète l'album passe tout seul, d'autant que le prog orienté rock n'est pas le style le plus populaire par chez nous donc quand on a un bon album sous la main il ne faut pas le laisser passer. En plus tout ça est servi avec un son qui colle parfaitement au style, tout en clarté et contrairement au piège dans lequel tombent beaucoup de groupes du genre, quand les riffs deviennent plus durs on se rend compte que dans la plupart des cas le son de celles-ci est trop faibles pour des riffs si agressifs. Heaven's Cry a évité cet écueil, et même quand ça tape un peu plus ça colle toujours. En même temps on a un membre qui a joué chez Despised Icon et un qui a enregistré la basse sur le "Outer Limits" de Voivod, donc ils savent y faire.

Au final, voilà un bien bon album de rock prog, sachant que ce n'est pas le créneau le plus chargé ça fait toujours plaisir à entendre. Des mélodies à tomber, de bons riffs, des structures et rythmiques variées, bref plein de bonnes choses à se mettre dans les esgourdes. Rien de révolutionnaire ou de foncièrement nouveau, mais 45 minutes de qualité en ces temps pas franchement favorables au prog ça ne se refuse pas.


Murderworks
Mars 2013


Conclusion
Le site officiel : www.heavenscry.com