Havenless est un groupe de death metal progressif originaire de Toulouse. Ils avaient déjà fait parler d'eux il y a deux ans avec leur très bon EP, "The Architecture Of Plauge" ainsi que grâce à quelques belles dates dans le Sud de la France dont la première partie de Negura-Bunget à la TAF de Montpellier.
Après le départ de leur batteur et l'arrivée à ce poste de Romain Choisi, les voilà partis en Italie, durant l'été 2014, pour enregistrer leur premier album, "The Crimson Lines"...
Cette album suit la ligne directrice tracée par le premier EP mais il est plus épuré, plus clair, plus travaillé et plus accessible dans le bon sans du terme.
La pochette est particulièrement soignée. Il s'agit d'une femme, allongée sous la pluie, la gorge ouverte, regardant, dans un dernier souffle de vie, deux silhouettes au loin...
C'est donc par le son de cette même pluie que l'album s'ouvre. Nous avons affaire à une intro assez atypique. En effet, la musique n'y est que peu présente, elle n'apparaît que très brièvement pour mieux disparaître et laisser la place à de nouveaux bruitages : des murmures inquiétants, des souffles et autre voix lointaines sur nappes de claviers...
Cette mystérieuse brume est vite dissipée car "Sons Of Raging Season" démarre en trombe, avec une efficacité remarquable. Le chant tarde à rentrer mais c'est loin d'être un défaut. Ca permet au morceau de mieux s'installer et d'initier déjà quelques changements fulgurants dans les riffs et les rythmiques de batterie.
Changement est un mot qui caractérise bien la musique d'Havenless. Rien ne reste jamais pareil et rares sont les passages qui reviennent dans un morceau. Chaque piste du disque pourrait se prendre comme la continuité de la précédente. Rien n'est laissé au hasard et bien que ce soit une musique très technique, c'est bien la technique qui est au service de la musique est non l'inverse.
Globalement tout est bien senti, bien amené, et Fred (guitare / chant) a énormément joué sur les ambiance durant la composition de ce disque. Le troisième morceau, "Nightwalk For Tragedy" voit apparaître un passage en chant clair, ce qui est une première pour le groupe. Et ça passe plutôt bien. La voix claire n'est pas d'une originalité folle, mais elle intervient à un moment judicieux, accordant à l'auditeur une petite pause pour mieux relancer le morceau.
"Orphans Of Magic" est une pièce aux multiples facettes, là encore très changeante et qui, non-content d'avoir une structure des plus alambiquée, se voit dotée d'un final éblouissant de musicalité et de maîtrise instrumentale...
"Coldshape", le morceau suivant est un instrumental. C'est la pièce la plus courte de l'album mais aussi le premier morceau électroacoustique d'Havenless. Sur une rythmique de guitare acoustique vient se poser avec grâce un solo en son clair qui n'est pas sans rappeler le son de Mikael Akerfeldt d'Opeth. Ce morceau aux allures jazzy et vieux prog' tombe à pic dans la progression de l'album. Il en est son centre, son pivot. Il est la pause pour mieux repartir sur les quatre morceaux suivants.
Ceux qui ont écouté le premier EP ne seront pas réellement dépaysés par la longue "House Of The Bleak", si ce n'est par son pont acoustique et le petit passage en voix claire. Il s'agit probablement d'un des meilleurs morceaux du disque.
L'intro de "In The Soreness Chamber" rappelle étrangement celle de "Bleak" d'Opeth (sur "Blackwater Park"). Un morceau, là aussi, composé et exécute de main de maître, voyant même apparaître quelques blasts, parsemés ci et là, tout au long de la pièces.
"Lamentation" est le morceau qui fut révélé à l'auditeur avant la sortie du disque. Sa mélodie d'introduction, assez accrocheuse et son pont très prog' en font (encore) un morceau de grande qualité.
"Shade In The Moor", véritable pavé d'un quart d'heure, clôture le disque de très belle manière.
Après une lointaine introduction au piano, les éléments qui constituent la musique d'Havenless se retrouvent tous là. Des riffs alambiqués, des parties et des structures complexes, des ponts acoustiques très atmosphériques et cette voix gutturale toute particulière.
Un riff très rentre-dedans et d'une grande efficacité relance le morceau à sa moitié pour mieux repartir sur un pont où chaque instrument s'en donne à cœur joie. Un petit interlude en voix claire survient et le morceau s'envole sur un magnifique final acoustique, dans un esprit très Pink Floyd et à l'ambiance aérienne...
Comme dit ci-avant, tout est très travaillé, très réfléchi, même la patte sonore, ce qui, de nos jours et assez rare malgré les apparences. Nous n'avons pas affaire à un son de batterie compressé et triggé ni à des guitares au son passé à l'ordinateur, ce n'est pas un son actuel lambda. Ici l'ensemble sonne naturel, peut-être même un peu old scool, ce qui ajoute au charme du disque.
"The Crimson Lines" est un album d'une grande qualité. Havenless met la barre très haut pour un premier opus. Il a un sans, une continuité, c'est un véritable voyage musical.
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