Le groupe
Biographie :

Haunter est un groupe de black / death metal américain formé en 2013 et actuellement composé de : Mark Cruz (batterie / Calico Bonnet), Enrique Bonilla (guitare / ex-Cosmic Behemoth, Calico Bonnet), Bradley Tiffin (chant, guitare / Entheogen, Sleep White Winter, Will Of The Whore, ex-Cosmic Behemoth, ex-Devoted Iota Elusion, Bone Sairement, Calico Bonnet) et Cole Tucker (basse / Sex Chamber, Uruk, Calico Bonnet, Temple Of Angels, ex-The Leash). Haunter sort son premier album, "Thrinodίa", en autoproduction en Mai 2016, suivi de "Sacramental Death Qualia" en Septembre 2019 chez I, Voidhanger Records, et de "Discarnate Ails" en Mai 2022 chez Profound Lore Records.

Discographie :

2016 : "Thrinodίa"
2019 : "Sacramental Death Qualia"
2022 : "Discarnate Ails"


La chronique


Après "Thrinodίa" en 2016 et "Sacramental Death Qualia" en 2019, les Américains de Haunter sont de retour avec leur troisième album "Discarnate Ails" et le voyage promet d'être mouvementé. Le groupe a pratiqué jusqu'à maintenant un black / death metal assez profond, complexe et touffu aux relents progressifs et ce nouvel album ne présente que trois morceaux pour une demi-heure de musique !

"Overgrown With The Moss" qui ouvre l'album n'est déjà pas loin des onze minutes donc vous savez que Haunter n'a pas décidé de se diriger vers la simplicité et l'accroche facile. Des arpèges inquiétants en son clair nous accueillent en douceur mais avec tout de même ce sentiment de menace et d'oppression en filigrane qui nous annonce que "Discarnate Ails" ne nous veut pas du bien. Au bout d'une minute trente, c'est un black metal épique qui prend le relais avec une double grosse caisse en soutien de mélodies lumineuses et de riffs dissonants. Un contraste intéressant qui se voit brisé par un passage bien plus brutal et encore plus dissonant et donc malsain. C'est comme ça que ça se passe tout le temps avec Haunter, quand vous croyez avoir saisi son propos il vous file entre les doigts, vous passe dans le dos et vous balance un gros coup de pied au cul. Les structures bougent en permanence, les ambiances passent de l'ombre à la lumière en un rien de temps et c'est dans cette façon de créer des morceaux à tiroirs que le côté progressif se sent. Pour le reste, c'est bien de l'extrême à cheval entre le black et le death parfois puissant et mélodique, parfois sauvagement brutal et dissonant. Certains passages évoquent d'ailleurs les premiers Opeth avec ces mélodies lumineuses, voire stellaires, qui constellent certains passages de leur éclat. De brefs rayons de lumière qui font du bien au milieu de cette fournaise suffocante qu'est "Discarnate Ails" avec une intensité et une brutalité distordues qui peuvent parfois renvoyer à Ulcerate. Le death metal prend d'ailleurs plus de place sur ce premier morceau et certains riffs se font bien gras et techniques.

La production se fait elle aussi plus grasse et bourdonnant cette fois et donc plus death metal elle aussi, avec toujours une puissance à décoller le papier peint et une clarté suffisante pour discerner tout ce qui se passe dans ce chaos sonore. Notons aussi la superbe pochette réalisée par Saprophial qui résume bien le chaos et la désolation qui vous attendent sur ce troisième album en plus d'en mettre plein la vue. Après un "Spiritual Illness" plus court et donc plus intense et frontalement brutal, c'est le pavé de quatorze minutes "Chained At The Helm Of Eschaton" qui clôt l'album sur un labyrinthe sonore malsain au allures de bourbier en fusion. Là encore, on passe d'une ambiance à l'autre sans prévenir, on change de rythme et de structures comme de chemise et on tabasse brutalement tout ce qui bouge. On retrouve cette brutalité massive et ces sonorités death metal abrasives qui vous poncent les tympans au papier de verre. Quelques voix claires en choeur apportent brièvement un semblant d'humanité à ce magma sonore, amplifiant d'autant plus ce climat malsain et étouffant lorsqu'elles disparaissent quelques secondes plus tard. Malgré ces changements de ton brusques et ces structures en mouvement constants, aucun passage ne semble tomber comme un cheveu sur la soupe, on sent que Haunter travaille ses morceaux et ne laisse rien au hasard. "Discarnate Ails" va vous demander de l'attention et une bonne paire d'écoutes avant de vous laisser entrer dans son monde malgré sa courte durée. Votre persévérance sera récompensée par un album profond plus riche qu'il n'y paraît et qui se permet en plus de développer des ambiances évocatrices.

Haunter nous délivre un troisième album plus death metal, toujours aussi brutal, malsain et dissonant. "Discarnate Ails" est exigeant et intense et il va falloir y mettre de la bonne volonté si vous voulez comprendre où il veut en venir. Une fois que vous y serez arrivés, vous pourrez profiter du plaisir masochiste de vous faire malmener par un album aussi brutal et intense.


Murderworks
Juillet 2022


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.facebook.com/hauntertx