Ce matin, je me baladais dans la rue quand soudain un illustre inconnu est apparu devant moi à une intersection en criant “Je suis une tortilla”. Fort de cette péripétie matinale, je m’en rentre chez moi, verse mon café, coupe ma baguette, prends mon journal, vois un titre comme suit “Haute-Savoie : des bouquetins de nouveau abattus pour préserver le reblochon”, recrache mon café, me lève chercher une lavette en pestant contre la débilité de l’humanité et nettoie mon bordel. Bon, après tout, même si le fromage est un art, je me suis dit que la journée étant quand même vachement bien spéciale et que chroniquer un disque tout aussi spécial se révélerait approprié.

Me voilà donc, tout penaud avec l’entrejambe encore fumante de mon accident de Nespresso, devant ce disque "Leaving" de Hauméa. Journée à retourner se coucher, j’avais besoin d’un truc qui me fasse au moins retrouver un tant soit peu de courage d’aller éteindre les conneries qu’on entend dans le petit écran. Je dois d’ailleurs avouer qu’à l’écoute de "Sick", mon cul s’est relativement levé pour pousser le “off” de l’ex-tube cathodique dans un temps record. J’avais écouté rapidement "I Know Them" donc je m’attendais à un truc prog entre anglais et français sur toute la longueur. Et, pas du tout ! "Sick" propose un rock bien couillu et bien bas en accordage qui m’a directement secoué bien loin de la sieste tout aussi dominicale que matinale que je m’étais projeté.

Bon d’accord, j’allais quand même pas retourner me pieuter à coq +2h, mais quand même. La suite de ce "Leaving" est variée, "Breath", par exemple, tend dans un côté plus posé, à l’instar de ces pseudo-ballades rock 2000’s quin’en sont pas réellement une. Je viens de me rendre d’ailleurs compte que j’ai failli causer de Nickelback avant que "Breath" parte chanter en allemand avec une palette plus vocale bien plus diversifiée. L’exploration, c’est d’ailleurs ce qui caractérisera pas mal de titres de "Leaving" après le très rock’n’roll sudiste 70’s "Erasing Us From Life". Quelque part entre le rock racé, le stoner, le psyché, l’alternatif, le prog voire tout un amas de clins d’oeil musicaux que chacun pourra découvrir, "Bones", "I Know Them", "Lorelei" et "Marbre", le reste des sept titres de "Leaving", se passent de chronique pour mériter une écoute.

En définitive, Hauméa réserve son lot de surprises. Ce “norman rock band” propose un EP qui a de la suite dans les idées et des idées pleins les cheveux ! "Leaving" fait part autant de gros riffs que de passages plus aérés, d’effets que de distorsion pure et de chant typiquement “rock” que d’escapades vocales vers des ailleurs musicaux. Avec "Leaving", Hauméa enclanche son départ sonore avec un nouvel EP que chacun devrait essayer de suivre !