Le groupe
Biographie :

Hateful est un groupe de death metal technique italien formé en 1997 et actuellement composé de : Marcello Malagoli (batterie, chant / Blood Of Seklusion, Laetitia In Holocaust, ex-Lost Breed, ex-Valgrind), Massimo Vezzani (guitare / Voids Of Vomit, ex-Shadowfost, ex-Valgrind) et Daniele Lupidi (basse, chant, guitare / Voids Of Vomit, ex-Blood Of Seklusion, ex-Recreant). Hateful sort son premier album, "Coils Of A Consumed Paradise", en Mars 2010 chez Horrors Of Yuggoth, suivi de "Epilogue Of Masquerade" en Juin 2013 chez The Spew Records, et de "Set Forever On Me" en Septembre 2020 chez Transcending Obscurity Records.

Discographie :

2010 : "Coils Of A Consumed Paradise"
2013 : "Epilogue Of Masquerade"
2020 : "Set Forever On Me"


La chronique


Hateful est un groupe plutôt discret, leur actualité est assez peu médiatisée et j’ai l’impression que la sortie de ce nouvel album chez Transcending Obscurity, label qui ne cesse de s’imposer dans le paysage de l’underground metallique, va permettre à cette formation italienne d’aller plus loin. Responsable de deux démos, d’un split avec Hellspawn et l’excellent Impureza, groupe qui pratique un death assez proche de Nile, sauf qu’à la place des délires égyptiens, ils ajoutent des éléments issus du flamenco, ainsi que de deux albums, Hateful nous offre aujourd’hui "Set Forever On Me", un disque de death metal assez conventionnel et prog sur les bords. Composé de membres de Valgrind, le groupe entretient une imagerie assez traditionnelle, autant dans les visuels que leur logo, très droit et lisible. D’ailleurs, il faut admettre que le nom peu original de cette formation a été également utilisé par d’autres, ainsi, il existe un groupe de black metal et un groupe de punk rock qui utilisent le même blaze. Ici, c’est le Hateful qui pratique du technical death dont nous allons parler et d’ailleurs, profitons-en pour faire un peu le point sur cette appellation litigieuse. En effet, si on compare Hateful à Archspire ou Equipoise, niveau technique ces groupes ne jouent pas dans la même catégorie. Hateful pratique un death certes alambiqué, mais loin des capacités de nombreuses formations actuelles qui sont cataloguées ainsi. "Set Forever On Me" use des recettes empruntées à des groupes plus old school (Anata, Death, Suffocation ou encore Atheist et Gorgust).

Ainsi, nous sommes loin des codes actuels du death technique, ne vous attendez pas à des salves de sweeping d’arpèges diminués et de tapping à huit doigts sur basse slappée. Ici, la technique n’est pas utilisée comme une finalité, ce n’est pas l’axe principal sur lequel se fixe la musique, mais elle s’inscrit bel et bien dans une démarche compositionnelle. De ce fait, je rapprocherai plus la musique d’Hateful du mouvement progressif, plutôt que de celui de la pyrotechnique. En témoigne "On The Brick Of The Ravine", premier titre, qui s’engage avec beaucoup d’efficacité en mettant l’axant sur les dissonances et la construction des riffs, qui évoluent sans cesse, sans pour autant sombrer dans la démonstration abusive et indigeste. On peut y entendre un petit côté Coroner dans la manière de traiter les décalages et les accents. Les autres titres suivent cette ligne directrice, avec en filigrane cette sensibilité old school, autant dans le son que dans l’interprétation. Le chant lui-même possède ce petit charme d’antan, entre le guttural et le crié, pas forcément très profond mais suffisamment assumé pour soutenir l’ensemble avec beaucoup d’aplomb.

Au travers des onze titres, Hateful utilise une recette certes un poil éculé, à savoir un va-et-vient constant entre des passages harmonisés légèrement dissonants et des riffs plus incisifs, le tout soutenu par une basse assez clinquante qui laisse à la batterie suffisamment d’espace pour qu’elle puisse s’exprimer pleinement. La majorité des titres sont plutôt courts et le format de l’album n’excède pas les trente-huit minutes mais on a le sentiment lors de l’écoute qu’il se passe bien plus de choses que l’on peut en entendre en si peu de temps. C’est sans doute dû à la direction des morceaux qui restent assez imprévisibles, en ce sens, le groupe se rapproche d’une démarche à la Obscura ou à la Spawn Of Possession, en moins démonstratif tout de même. Un titre comme "Will-Crushing Wheel" illustre assez bien cette initiative, qui allie mélodie et passages complexes tout en gardant un élan rythmique qui permet à l’auditeur de se défouler dessus. Un fait assez drôle, c’est que, contrairement aux deux formations précitées, qui, dès les premières écoutes dévoilent toute leur virtuosité, chez Hateful, il faut plusieurs passages pour se rendre compte de la virtuosité des musiciens. Il s’avère que plus on s’imprègne de la musique d’Hateful, mieux on l’apprécie, de ce fait, ce disque est paradoxalement moins accessible que ce qu’il peut bien laisser entendre.

"Set Forever On Me" se révèle finalement bien plus intéressant que ce que la première lecture peut laisser penser. Cela est certainement dû à la tentative de préserver une esthétique proche de celle des mid-nineties, ainsi, Hateful s’inscrit dans une démarche peu représentée de nos jours dans le death. En effet en 2020, soit tu fais du revival death des catacombes en t’inspirant d’Immolation et d’Autopsy en y ajoutant un peu de doom oppressif, soit tu tapes dans le slam beatdown ultra lourd, en essayant de dépasser la pesanteur riffesque de Whitechapel, qui est déjà trop gay pour tes goûts musicaux qui sont entièrement dédiés à Vulvodynia. Du coup, qui reste-t-il dans la catégorie revival technical death post-90 ? Bref, les guéguerres de genre ne nous intéressent pas et finalement ce sont ceux qui pratiquent la musique la plus poussiéreuse qui s’avèrent être actuellement les plus originaux. Hateful propose avec son troisième album une bonne dose de death bien ficelé, nuancé, peut-être pas forcément très créatif mais réellement prenant, si tant est que l’on s’investisse un minimum dans l’écoute.


Trrha'l
Décembre 2020


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.facebook.com/hatefuldeathmetal