"Detritus Of The Final Age"
Note : 13/20
Bien que l’année 2020 fut une année très particulière, elle fut tout de même riche en sorties musicales, dont certaines sont à marquer d’une pierre blanche !
Cette fois-ci, c’est Harlott qui régale avec "Detritus Of The Final Age", sorti le 13 Novembre chez Metal Blade. Leur précédent opus ne m’avait pas marquée outre mesure, mais voyons ce que vaut celui-ci.
Il démarre d’ailleurs d’un bon pas avec "As We Breach", morceau à la structure assez variée, qui alterne un rythme en mid-tempo et des passages frénétiques, le tout dans une atmosphère sombre et malsaine (un simple coup d’œil à la pochette suffit pour nous faire une idée du thème… !). C’est donc une composition fluide et plutôt réussie qui annonce la couleur musicale de l’album, semblant légèrement différent du précédent. "Bring On The War" le représente également bien, nous retrouvons cette pesanteur pleine de menaces, à mi-chemin entre du thrash 90’s et du heavy, notamment avec le refrain porteur d’une mélodie entêtante, hélas presque désagréable. Cependant, malgré tous ces éléments, ça ne prend pas. C’est un souci inhérent à "Detritus Of The Final Age". nous avons affaire à des titres sympathiques mais loin d’être accrocheurs et encore moins transcendants.
Cela me peine car l’effort est là, l’album est fluide, le fil conducteur est travaillé et il y a une véritable recherche dans la diversité des morceaux.
Ainsi, un titre comme "Slaughter" à la rythmique et au chant ultra énervés à la saveur très old school constitue l’enchaînement plus que surprenant de la composition "Nemesis", OVNI de huit minutes aux influences aussi variées que déstabilisantes. Je dois reconnaître qu’elle attise vivement la curiosité, le travail de structure mérite que l’on s’y attarde. Même si là également le charme n’opère pas, il faut rendre à César ce qui appartient à César !
Malgré son étrangeté, elle se fond parfaitement dans le cadre de l’album, entre quatrième dimension et post-apocalypse. Plus immersive encore, "Grief" fait son entrée avec un riff lourd comme un trente-six tonnes, porté par une mélodie glauque, presque funeste. Le chant litanique appuyé par des chœurs renforce l’effet dérangeant et presque théâtral à la sous-Savatage. Harlott porte le coup de grâce avec "Miserere Of The Dead", avant-dernier titre de l’opus. Et quel titre ! Une fois encore celui-ci avoisine les dix minutes et sa construction est aussi déviante et décousue qu’une poupée désarticulée. Cependant cela fait son petit effet et si "Miserere Of The Dead" ne marque pas les esprits par son excellence, il frappe au moins par son audace.
Néanmoins nous terminons sur une note fade, voire molle quand retentit "The Time To Kill Is Now", reprise de Cannibal Corpse. Vous l’aurez compris, c’est une cover sans grande saveur dont on se serait bien passé pour conclure cet album… !
Hélas, avec "Detritus Of The Final Age" Harlott n’arrive toujours pas à convaincre. Si quelques morceaux tirent leur épingle du jeu (ils sont très minoritaires) le reste ne présente pas grand intérêt, si bien que l’attention doit être volontairement maintenue et l’esprit pleinement alerte pour trouver un peu de sens à ce que l’on écoute.
Il serait malhonnête de dire qu’Harlott est un groupe mauvais, cependant il fait partie sans distinction de l’immense panier de la scène thrash des années 2000 sans parvenir à se démarquer…
"Extinction"
Note : 14/20
Harlott est un groupe de thrash metal formé en 2006 en Australie. Il est composé de Andrew Hudson (guitare, chant), Ryan Butler (guitare lead), Tomas Richard (basse) et Tim Joyce (batterie).
Leur troisième album, "Extinction", est sorti le 7 Avril chez Metal Blade Records.
Avec déjà deux albums à son actif, Harlott revient en cette année 2017 avec un nouvel opus, qui par son visuel et son titre annonce très vite la couleur musicale. Cet album semble être la continuité de la carrière du groupe, axée sur la vague "thrash old school 2.0". Ça va sûrement faire très mal !
Le titre éponyme "Extinction" commence avec une intro à la guitare claire qui entretient l’excitation jusqu’au riff à la basse au son crade et rouillé, ponctué par une batterie forte. Dès la seconde où la voix de Andrew vient se poser, la violence à la Exodus / Steve Zetro Souza vient nous frapper en pleine tête. Tout y est, la rythmique, le phrasé, les riffs entraînants… l’influence est hélas un peu trop évidente pour être ignorée. On ne s’éloigne pas une seconde du titre de thrash préconçu, effréné et rentre-dedans. Ce n’est pas un reproche, sans être non plus une louange ! Car on aurait aimé percevoir une empreinte personnelle du groupe… Enfin, poursuivons notre écoute.
Après le titre "First World Solutions" sponsorisé Kreator et qui est pour moi clairement dispensable, on enchaîne avec "The Penitent", retenant davantage mon attention. Harlott fait cette fois dans le thrash groovy mais non moins tapageur. Ce titre est parfait pour le pit, les guitares à la limite du death déchirent tout, Tim Joyce et Andrew Hudson semble se livrer à un concours de celui qui fera le plus de bruit ! Il marque un tournant pour poursuivre sur une partie instrumentale mélodique et plutôt bienvenue, qui couvrira une bonne partie de ce titre.
Dans la même veine nous retrouvons "No Past" et "Conflict Revelation", aux refrains hyper groovy et catchy. La puissance rythmique est là aussi indéniable, elle nous mène à la baguette dans différentes ambiances et ressentis. L’air de rien, cela nous prouve que Harlott n’est pas que bon à faire du thrash tournant à 100 à l’heure, mais également des compositions qui sont d’un certain point de vue plus travaillées et mélodiquement plus avancées.
Je dois avouer que je suis surprise par la tournure que prend "Extinction", car celui-ci s’annonçait comme étant plutôt mitigé. Les compositions s’ouvrent petit à petit à de nouvelles influences, et ce n’est pas prêt de s’arrêter là avec "Violent Conspirator", morceau d’à peine deux minutes à la puissance d’un Nuclear Assault qui nous retourne la tête bien comme il faut.
L’effet de surprise se poursuit, "And Darkness Brings The Light" rompt brutalement avec le morceau précédent en changeant totalement d’atmosphère. Nous avons là un morceau de pas moins de sept minutes, où la voix rampe le long des riffs languissants. Il est en équilibre entre deux forces, le thrash incisif et celui plus lent, voire mélodique. Le phrasé impeccable rend le refrain efficace et lui apporte une touche relativement moderne. Les guitares ont droit à leur petit moment privilégié, à travers des solos plus que convaincants. Une vraie dose de fraîcheur dans cet album !
Et c’est reparti pour la tempête quand démarre "Final Weapon". A l’image de "Violent Conspirator", il est court et efficace, tout en préservant dans son rythme un certain groove.
C’est quand nous sommes réellement comblés que "Extinction" touche à sa fin, hélas… "Epitath" sonne le glas dans une atmosphère lourde, qui rappelle le son des derniers albums desAméricains Overkill et Exodus. Les rythmes sont changeants et entraînants, et les nombreux riffs qui ponctuent ce morceau fonctionnent à merveille. "Epitath" se termine comme il avait commencé, dans un nuage de guitare claire, s’élevant petit à petit jusqu’à disparaître. Une très belle conclusion.
Ainsi s’achève "Extinction", et je dois dire que je suis partagée. Il est rare que sur douze titres, tous fassent l’unanimité. Et en effet, cet opus n’y échappe pas, nous aurions clairement pu nous passer de plusieurs de ces morceaux, trop banals et passe-partout… Cependant nous n’allons pas totalement cracher dans la soupe, car on retrouve notamment dans la seconde partie de l’album de très bonnes compositions, qui sont déjà plus recherchées et caractérielles. J’espère que nos thrashers de Harlott continueront sur cette lancée !
"Proliferation"
Note : 16/20
Initialement paru de façon indépendante début 2015, "Proliferation", le deuxième album des Australiens de Harlott a tapé dans l'œil de Metal Blade et se voit coller l'étiquette de la guillotine pour cette ressortie, avec une nouvelle pochette à l'appui. Metal Blade a eu le nez creux en signant Harlott, car ce deuxième album a largement le potentiel pour sortir le quatuor hors de son insularité et a tout pour ravir les thrashers les plus exigeants.
Avec une production en béton armé, "Proliferation" est tel un fusil sniper chargé de douze munitions mortelles qui touchent leur cible à tous les coups. Imprégnés de la musique de ses glorieux aînés que sont Metallica, Exodus, Heathen, Evile ou Onslaught, mais suffisamment hargneux et sanglant pour faire oublier leurs influences, les kangourous de Harlott proposent un thrash brutal et speed à la limite du retrait de permis. Ils déversent un flot de riffs ultra efficaces et de soli tellement furieux, des rythmiques si épileptiques et urgentes qu'il nous faut, après une écoute entière, bien nous assurer que ce n'est pas un train qui nous est passé dessus. Les tempi sont toujours, à l'exception de quelques intros, bloqués sur Mach 2 et il faudra vous accrocher pour tout comprendre. La débauche d'énergie envoyée par ses jeunes fous furieux est sidérante.
L'introductif "Proliferation" fait penser a du Metallica première époque, mais très vite, le tempo s'accélère et ne ralentira plus. Le morceau suivant, "Denature", évoque Exodus ou encore Hatriot, le groupe que Zetro a formé avec ses fils durant son absence de la bande à Gary Holt. "Denature" sonne donc comme du Exodus joué avec une empreinte moderne et plus jeune. Le death s'invite à l'occasion de quelques riffs comme sur "Systematic Reduction" ou "Legion" (c'te cri de malade ! ) et donne une saveur agréable au tout. "Restless" porte bien son nom : un missile ! Le refrain fait pensé fortement à "Devils In The Mist" d'Overkill. "Civil Unrest" montre un riff renversant tandis que "Cross Contamination" ne fait aucun quartier.
Chaque titre, une fois maîtrisé, se démarque de la masse, soit par une paire de riffs assassins fonctionnant à merveille, soit par une mélodie vocale marquante, soit les deux. La qualité globale des arrangements permet néanmoins d'apprécier des compos bien pensées et fluides qui s'immiscent très vite dans nos esprits. Le groupe est très doué pour composer des excellents titres de fast-thrash metal allant droit au but, sans détour et sans complication (les compos oscillent entre 1min34 et 5min). L'exécution se veut précise et chirurgicale, voire même clinique. Autre force du combo, les refrains sont généralement bien troussés ("Restless", "The Fading Light", "Lord Of War").
On félicite au passage Andrew Hudson, le chanteur, qui abat un boulot incroyable sur l'album. Son débit de paroles est hallucinant et la puissance vocale ne baisse pas pour autant. Il fait penser au travail d'un Tom Araya sur "Hell Awaits" et "Reign In Blood" où la règle du jeu était de réciter dix lignes de textes en 6 secondes et demie. Vraiment impressionnant de maîtrise. On n'imagine pas la gageure que cela doit être en live en reproduire fidèlement ce mitraillement de syllabes. Par ailleurs, on n'a pas juste affaire a un flot débile de mots ; de vrais fluctuations et mélodies sont présentes et montre un réel travail, subtil mais indéniable, sur les arrangements vocaux ("Legion", le refrain de "Lord Of War").
En résumé, Harlott propose avec "Proliferation" une arme de destruction massive et totale. Le groupe sera en tournée avec Annihilator en automne, ne les ratez pas, vous pourriez le regretter. En attendant, procurez cet album et apprenez les morceaux par cœur, ce sera sûrement utile pour piger ce qui vous arrivera dans le pit.