Le groupe
Biographie :

Harkonin est un groupe de black / thrash metal Américain formé en 2002 et actuellement composé de : Jason Barron (chant / Fistula), Matt Coyle (guitare / Fistula), Scott Fogelbach (guitare), Tom Quach (basse / Fistula, Warghoul) et Clayton Gore (batterie / Eulogy, Alas, Null Dynamo, Nuclear Törmentor). Le dernier album en date est sorti en Août 2010 chez Battlegod Productions.

Discographie :

2003 : "Seductress Of The Unlight"
2005 : "Sermons Of Anguish"
2006 : "Ghanima"
2010 : "Detest"


La chronique


Mis à part quelques groupes qui font parler d’eux (Black Anvil, Inquisition...), les USA ne sont réputées pour être la "Mecque" du black metal, loin de là même. Pourtant, sur une scène qui s’améliore de jour en jour, il faudra aussi compter sur Harkonin, un groupe qui nous pond son quatrième album. Je ne ferai pas durer le suspense, j’ai écouté l’album d’un coup, 64 minutes au total... et l’ennui n’a pas trouvé sa place ! Tout semble dit. Je vais quand même faire l’effort de développer car il y a quelque chose de bien étrange sur cette galette. En effet, on n’y trouve aucun riff accrocheur, caractéristique pourtant récurrente chez quasiment tous les grands et même les plus brutaux ! La question est donc la suivante, quel est leur secret ?

Dans un registre black / death plus inspiré des groupes modernes de metal extrême (sans parler du metalcore, deathcore ou mathcore, j’entends !), les riffs ne sont pas spécialement originaux mais bien choisis et la batterie arrive à accompagner tout cela avec une intelligence et un sens de la création remarquable. De plus, les morceaux n’ont de cesse de varier pour tenir la longueur. Sous couvert d’une production qui tend à étouffer tout en diffusant un certain malaise, les ricains arrivent à faire passer toute leur passion, leur détermination et ça, ça n’a pas de prix. Au fur et à mesure de l’écoute, on voit des passages mid-tempos aussi froid que sec, (bien à l’Américaine, comme le Metallica de la grande époque), des variations de rythme puis on sort la double pédale ("Chaos Anthem" condense tout cela).

"Insurrection" nous montre un aspect bien plus martial, plus guerrier de Harkonin, qui donne envie de rejoindre une horde d’orques et de combattre au nom du Malin, sous un son encore plus compact que les morceaux précédents. Puis on passe à un "The Sleeper Has Awakened", avec une approche plus black et débridée, à la manière d’un Carpathian Forest, mais toujours avec ces variations de riffs et cette touche, ce feeling plus death. Puis on s’essaie à une approche plus brutale et sombre avec "Exhauster Of Souls" qui se rapprocherait de "Insurrection". Et puisqu’on parle du pays de l’oncle Sam, autant saupoudrer ses riffs d’une approche à la thrash Bay Area à la Testament, Megadeth ou Slayer avec le morceau "Disease" toujours en ne se limitant pas à une recette, en ajoutant donc des riffs à la mitraillette bien black, bien noirs sur un mid-tempo avant l’accélération et le retour du thrash. Des riffs maîtrisés bien entendu (ce qui n’est pas gagné à tout le monde). Et un petit solo bien chaotique, méchant ! Vient en final le morceau éponyme qui commence sur une partie en guitare claire magnifique, comme avait l’habitude de faire... les groupes de la grande époque du speed. Puis viennent les riffs metal sur un mid-tempo avec un sampler de fond presque imperceptible mais mettant l’ambiance. Puis un "putain de solo" conclut ce "putain" d’album sous les feus de la double pédale.

J’ai volontairement gardé pour la fin "Black Storm Jackals", ce long morceau de plus de 10 minutes qui est complètement maîtrisé, avec des riffs un peu moins complexes que les autres et une fureur complètement relâchée au début avant de progressivement céder la place à des dialogues à la guitare aussi calmes que macabres, sous les coups d’une batterie qui semble se démanger en attente d’un déchaînement prochain, avant de laisser la place en fondu à ce qui pourrait être le thème principal d’un film d’horreur. Je n’en dirais pas plus sur ce morceau. J’ajouterai que le chant, qu’il soit black ou death, sans être le meilleur du monde, prend aux trippes, ce n’est pas plus compliquer que ça !

En conclusion, cet album est un excellent condensé de metal (extrême ou pas). On a le sens des variations, de ne jamais laisser place à l’ennui avec une approche très Metallica, un mix black / death digéré avec des passages thrash, des passages plus calmes, une agression énorme. Avec une approche similaire à notre Svart Crown national mais encore plus poussée, Harkonin a toutes les armes en main pour faire son trou s’il continue sur cette lancée. J’ai même pensé aux Polonais d’Hate à certains moments. Evidemment pour l’originalité ou l’accessibilité (dans le sens où il n’accroche pas du premier coup, on ne parle pas non plus d’un album complexe et accessible pour un cercle restreint de personnes), on repassera, cet album n’est pas un classique, loin de là, disons juste qu’il talonne de près les grands de l’underground. Cet album est pour ceux qui sont blasés de chercher des trucs nouveaux et soi-disant originaux et qui veulent voir ce qu’on peut faire avec des bons riffs bien extrêmes, ceux qui veulent que le sang et la sueur coulent, ceux qui aiment le metal dans sa définition la plus simple du terme : solo, technique, violence, intelligence, complet, noirceur, énergie et bière !


Robin
Avril 2011


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.harkonin.com