Le groupe
Biographie :

Hail Spirit Noir est un groupe de black / rock metal progressif / psychédélique grec formé en 2010 et actuellement composé de : J. Demian (basse, guitare / Blackdrawn, Dol Ammad, Dol Theeta, Synesthesia, Wardrum, Transcending Bizarre?, ex-Desertomen, ex-Out Of The Lair), Theoharis (guitare, chant / Transcending Bizarre?, ex-Rex Mundi, ex-Final Answer), Haris (clavier / Transcending Bizarre?, ex-Katavasia), Foivos (batterie / Agnes Vein, Freefall, Katavasia, Circle Of Mushrooms, Sicks Daze), Sakis Bandis (clavier / Horizon's End, Kosta Vreto, Stargate, Uthull) et Cons Marg (chant / Cubical Sphere, Dustynation, Gallows Tree, Until Rain, Epic Rock Choir). Hail Spirit Noir sort son premier album, "Pneuma", en Mars 2012 chez Code666 Records, suivi de "Oi Magoi" en Janvier 2014, de "Mayhem In Blue" en Octobre 2016 chez Dark Essence Records, et de "Eden In Reverse" en Juin 2020 chez Agonia Records.

Discographie :

2012 : "Pneuma"
2014 : "Oi Magoi"
2016 : "Mayhem In Blue"
2020 : "Eden In Reverse"


La chronique


Vous scrutez le ciel la nuit à la quête de choses bizarres ou d'ovni à repérer ? Alors vous avez dû voir atterrir "Eden In Reverse", dernière bizarrerie en date de Hail Spirit Noir. Ces Grecs évoluent dans un mélange atypique de black, de rock psyché et d'influences 70's en tous genres. L'ouverture d'esprit est exigée à l'entrée et le voyage est souvent hypnotique et halluciné.

D'ailleurs, "Darwinian Beasts" ouvre l'album avec ses deux petites minutes au compteur et confirme que le groupe n'a pas viré mainstream avec ces ambiances hypnotiques une fois de plus avec des arrangements élecetroniques pas loin d'être kitsch et renvoyant clairement aux années 70 voire même 80 cette fois. C'est "Incense Swirls" qui ouvre vraiment le bal avec un riff assez dissonant en guise de comité d'accueil qui montre que si les racines black metal sont toujours là, elles se fondent cette fois discrètement dans le décor. Les morceaux sont une fois de plus assez longs et le groupe prend un malin plaisir à développer ses ambiances vénéneuses même si cette fois plus aériennes. Les arrangements electro s'invitent sur tout l'album et donnent un air parfois planant, parfois contemplatif. "Eden In Reverse" sent l'introspection à plein nez et ces sept nouveaux morceaux sont d'autant plus riches en ambiances fortes. On sent que Hail Spirit Noir a mis un peu de côté son côté black rock très Satyricon dans l'esprit pour développer quelque chose de plus posé, de plus sombre. "Incense Swirls" développe une certaine mélancolie mêlée à de la contemplation, une ambiance difficile à cerner et une musique qui ne se laisse pas facilement saisir malgré une apparence mélodique relativement accrocheuse. "Alien Lip Reading" confirme cette orientation et le chant de Cons Marg garde les intonations chaleureuses et graves que Theoharis nous faisait entendre sur les trois précédents albums. Si la musique du groupe était déjà singulière par le passé, elle semble cette fois être hors du temps malgré ses influences années 70. Le chant sur l'entame de "Crossroads" prend même des allures de psalmodie avant que le morceau ne parte en gros rock occulte qui tache avec un refrain aussi accrocheur que beau.

Une personnalité qui était déjà bien affirmée s'émancipe encore plus sur "Eden In Reverse" et nous fait découvrir un Hail Spirit Noir peut-être plus contrôlé, un peu moins fou mais d'une profondeur incontestable et à la noirceur plus prononcée. On entendait déjà des passages magnifiques sur les précédents méfaits du groupe mais cette fois les Grecs frappent en plein cœur et ont décidé qu'ils nous avaient assez embrouillés avec leurs tours de passe-passe. La musique est un peu plus dépouillée, plus pure, les sonorités black sont méchamment en retrait même si quelques blasts se font entendre, le chant black a d'ailleurs totalement disparu mais malgré tout ça, ces quarante-trois minutes recèlent de détails qui ne se révèleront qu'après de multiples écoutes. Ceux qui aimaient la folie imprévisible des trois premiers albums seront peut-être déçus au premier abord mais je les invite à persévérer, ce que le groupe a perdu en folie apparente il l'a gagné en profondeur. De toute façon, cette évolution s'est faite progressivement et le groupe affinait et épurait sa musique à chaque sortie, je pense donc que tout le monde savait que "Eden In Reverse" pousserait le bouchon plus loin dans ce sens. Toute considération de goût mise à part il faut avouer que ce nouvel album est très réussi, que l'esprit du groupe est toujours là et que Hail Spirit Noir a décidément beaucoup de choses à nous dire. C'est en fin d'album avec "Automata 1980" que les vieux délires reviennent, les trois premières minutes du morceau sont aussi glauques que bruitistes et jouent avec nos nerfs avant que le groupe ne démarre vraiment. Encore une fois, je pense que le public sera divisé mais la sincérité de la chose ne fait aucun doute et le travail a été sacrément bien fait. Un mot aussi sur la production de l'album qui fait plaisir à entendre avec un son assez organique, chaud et loin des productions froides et synthétiques auxquelles on est habitués ces derniers temps.

Un nouvel album qui continue l'évolution que tout le monde avait senti et qui montre un Hail Spirit Noir plus sombre, un peu moins fou, plus contrôlé mais toujours aussi atypique. "Eden In Reverse" est peut-être plus introspectif que ses grands frères mais la patte est toujours là malgré un changement de forme et une disparition du chant black. Un album qui risque de diviser les amateurs de Hail Spirit Noir, même une division avait déjà eu lieu avec "Mayhem In Blue". Les plus persévérants verront de toute façon que ce nouvel album est aussi sincère que bon.


Murderworks
Décembre 2020


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.facebook.com/pages/hail-spirit-noir/260062670728238