"Asian Chaos"
Note : 18/20
Amateurs de virtuosité, Gyze revient ! Créé en 2009 sous le nom de Suicide Heaven puis
renommé en 2011, le groupe japonais a été fondé par Ryoji (chant /guitare / claviers) et son
frère Shuji (batterie). Shogo (basse / chant) quittera la formation quelques temps après le
changement de nom, laissant la place à Aruta (basse / chant). Cependant, des soucis de
santé conduiront Shuji à céder son poste à Han-nya en 2019, mais le combo sera
également rejoint par Shinkai (guitare), le professeur de guitare de Ryoji ! Côté
discographie, on peut dire que les nippons sont productifs, car ils disposent avec la sortie
d’"Asian Chaos", leur dernier album, de quatre albums et deux EPs ! Mais pour le moment,
prenons le temps de headbanguer ensemble.
L’album débute avec "Far Eastern Land", un titre instrumental à la fois doux et mélodieux, qui
montre bien les influences du groupe. Un peu de saturation certes, mais toujours cette
mélancolie et cette rythmique traditionnelle, qui nous lâche soudainement sur "Asian Chaos".
Cette fois, c’est la fureur qui est mise en avant avec un blast impitoyable et les hurlements
de Ryoji, doublés par une voix claire, mais également sa capacité à aligner des leads en
quasi-permanence sans jamais paraître redondant. Et si un solo de guitare ne vous suffit
pas, ajoutez un piano endiablé derrière. A noter la délicate touche de voix féminine sur la
deuxième partie du morceau. Vous pensiez avoir connu la folie des Japonais ? Faux !
"Eastern Spirit" va en remettre une couche, avec toujours cette rapidité et cette virtuosité qui
se mêle à une rythmique très efficace et entraînante.
Petit interlude au clavier pour "King Kamuy" qui nous offre à nouveau une dose de
dépaysement avant d’enchaîner avec "Dragon Calling", une nouvelle tranche de furie. Jamais
à court d’inspiration, les guitaristes enchaînent les notes avec une facilité et une cohérence
déconcertante, pendant que la session rythmique se charge de nous faire bouger la nuque.
Même constat pour "Camellia", un morceau plus doux, qui met en avant la basse, et qui
contraste énormément avec les hurlements emplis de rage du frontman, tandis que
"Japanese Elegy" est presque inquiétante. L’introduction m’a fait frémir, et le reste du
morceau m’a laissé une impression de noirceur à peine perceptible. Contraste total donc
avec "The Rising Dragon", un titre réalisé avec la collaboration de Mark Hudson
(DragonForce) qui double les hurlements du chanteur. Et cette association death mélodique
ultra rapide avec un chant power metal rend parfaitement bien !
On revient sur un son un peu plus brut et des hurlements saccadés pour "The White
Territories". Même lorsque le refrain tente d’adoucir le mélange, c’est la hargne du groupe qui
ressort, avant de s’apaiser sur le final. Passons à "1945 Hiroshima", un morceau qui mélange
également culture et ardeur avec des riffs accrocheurs et bien sentis. Ce morceau efficace
fait une fois encore la part belle aux doigts habiles du frontman grâce à ces leads acérés.
Si vous pensiez que c’est la fin, détrompez-vous, car le groupe a également choisi d’ajouter
quelques titres en bonus : "Asian Chaos (Far Eastern Mix)", avec donc quelques petits
changements qui n’entachent en rien l’idée originale de ce morceau, "Chopin Revolutionary
Etude", une reprise de Chopin à la sauce Gyze, tout en technicité donc, mais aussi "Forever
Love" sur la version japonaise, une reprise des mythiques X Japan. Difficile de reprendre un
mastodonte à l’identité aussi marquée, mais les Japonais réussiront tout de même à injecter
leur ADN dans ce morceau doux et sentimental que vous avez probablement déjà écouté
des dizaines de fois si vous adulez autant que moi le metal k aponais.
Que dire d’"Asian Chaos" à part qu’il repousse encore les limites de la créativité de Gyze,
déjà violentées par l’album précédent ? Si certains n’accrocheront pas aux leads incessants,
les autres y trouveront une diversité incroyable qui empêche les compositions de tourner en
rond. L’ajout du deuxième guitariste permet à Ryoji de se lâcher pleinement, et c’est
appréciable. Un retour en France imminent ? J’ose l’espérer, car le show de 2017 était tout
bonnement incroyable !
"Northern Hell Song"
Note : 18,5/20
Au Japon, le climat de la petite île d'Hokkaido située au nord du pays est très similaire au climat que
l'on peut retrouver en Scandinavie. C'est pour cette raison que Gyze a décidé de créer "Northern Hell Song", son troisième album. Créé en 2009 sous le nom de Suicide Heaven, Gyze change de nom en
2011, sort un EP puis accueille Aruta à la basse, pour accompagner Ryoji (chant, guitare, claviers) et
son frère Shuji (batterie). Ensemble, ils composent sans relâche et sortent leur premier album en
2013, qui sera suivi d'un EP l'année suivante, puis de leur deuxième album en 2015. Après avoir joué
dans quelques festivals en Europe et écumé les salles japonaises, ils se remettent à la composition.
Une fois "Northern Hell Song" terminé, le groupe embarque pour une tournée européenne aux côtés
de Battle Beast et Majesty. Prenez une veste, et suivez-moi !
On commence une fois encore sur les chapeaux de roue avec "Pirates Of Upas" et sa guitare lead
démentielle, sur une rythmique puissante. La voix de Ryoji est toujours aussi exceptionnelle, et est
parfaitement secondée par les choeurs d'Aruta. Les riffs s'accélèrent un peu avec l'introduction
d'"Horkew", et un lead perçant supporté par des hurlements en fond nous prouvera que les musiciens
sont réellement doués. Quelques claviers prendront le temps de nous mener jusqu'à "Dead Bone
Blue", nettement moins rapide, mais toujours aussi technique. Les hurlements de Ryoji se nuancent
un peu, et certains deviennent plus graves.
Nouveau titre mené par la double pédale de Shuji, "Black Shumari" nous fait comprendre à quel point
Ryoji est un virtuose. Cet homme est visiblement capable de sortir des leads à la demande, chose que
l'on retrouvera sur "Perryi Rain Dragon", avec une bonne dose de claviers pour réhausser les tonalités
épiques. La rythmique se retrouve donc à la charge d'Aruta, dont le son de basse est
particulièrement bon ! Petite pause instrumentale avec un son clair, Mayoi est une réelle invitation
au voyage. Fermez les yeux, et imaginez une mer calme pendant toute la durée de ce titre...
Attention toutefois au naufrage en écoutant l'intro de "Bloodthirsty Prince", car une tempête de riffs et
de cris fonce droit sur vous, avec toujours des leads que l'on sent inspirés de la musique classique. Il
est possible que je me trompe, mais c'est à mon avis le death mélodique finnois qui a dicté la
composition de "Kamuy" et sa rythmique torturée. Quelques inspirations venant du folk metal
viendront clore ce titre et "Brown Trout" débutera. A nouveau, les trois musiciens rivalisent
d'ingéniosité pour garantir une puissance dans la rythmique et placer quelques sonorités
atmosphériques.
Le riff d'introduction de "Frozen Dictator" laisse espérer une composition d'une violence inouïe, et c'est
exactement avec ce genre de titre que les Japonais s'apprêtent à nous rouler dessus. Je dis en effet
rouler, car la vitesse des riffs donne réellement cette impression de rouleau compresseur qui
s'arrêtera à peine pendant "Northern Hell Song". Beaucoup plus axé sur l'aspect mélodique, ce titre est
également beaucoup plus lourd que les autres compositions. Ryoji abusera encore une fois de ses
cris perçants qui durent pour nous faire comprendre à quel point le chant est un instrument
supplémentaire qu'il manie également à la perfection.
Les claviers de la guitare de Ryoji s'apaiseront pour donner naissance à la dernière composition de
l'album, "Snow~Upas". La batterie de Shuji s'invitera pour rythmer un peu cette ballade
atmosphérique, et l'album se termi... Ah non, il reste le titre bonus ! Comment oublier cette
déferlante qu'est la reprise de "Moonlight Sonata" ? Si Beethoven savait que sa composition donnerait
naissance à une reprise pareille, nul doute qu'il serait fier de l'évolution de la musique. Ce titre sonne
vraiment comme une composition original de Gyze, preuve supplémentaire de leurs influences réellement variées.
Ainsi s'achève une heure passée en compagnie de cet excellent album. Nul doute qu'il ouvrira des portes supplémentaires au groupe, que j'ai eu l'honneur de voir pour l'un de leurs premiers shows en France. En plus d'être d'une sympathie sans bornes, ils sont réellement proches de leur public, une qualité qui a tendance à se perdre dans le milieu. Les portes des salles françaises vous sont grandes ouvertes messieurs !
"Black Bride"
Note : 17/20
Je suis certain que vous avez déjà vu ces vidéos de jeunes Japonais qui vous mettent tellement mal à l'aise en maîtrisant un solo de dingue à seulement 7 ans alors que vous n'arrivez pas à placer cette foutue note depuis deux ans... Eh bien si vous leur mettez vingt ans de plus, ils s'appellent Gyze ! Depuis 2009 (sous le nom de Suicide Heaven jusqu'en 2011), Ryoji (guitare / chant / claviers) et Shuji (batterie) se déchaînent sur leurs instruments. Si Aruta (basse / choeurs) n'est arrivé qu'en 2011, il possède la même motivation. Après deux démos, c'est leur premier EP qui sort en 2011, puis l'album "Fascinating Violence" en 2013. Forts de ce succès, ils enchaînent avec un autre EP en 2014 puis le merveilleux "Black Bride" en 2015, qui leur permettra entre autres un passage dans certains festivals européens pendant l'été 2016. Vous avez aimé le death mélodique scandinave depuis ses débuts ? Alors fermez les yeux et laissez moi vous conter l'épopée nipponne...
On attaque sans plus tarder avec "Black Bride", le titre éponyme. Le son est d'une propreté sans faille qui colle parfaitement aux riffs rapides et tranchants des japonais. La voix s'intègre parfaitement au mix, la basse est tout autant audible que les blasts sont furieux. Hâte de vérifier si ce n'était qu'un coup de chance ? Alors laissez l'introduction épique de "In Grief" vous convaincre. Une demi-minute n'est même pas passée que Ryoji entame un solo démentiel, avec le soutien rythmique de ses camarades. Si ce sont ces tonalités épiques et motivantes que vous aimez, alors n'attendez pas plus longtemps pour lancer "Honesty", avec un refrain aux choeurs du plus bel effet signés Ettore Rigotti (Disarmonia Mundi, The Stranded) sous le pilonnage de la double pédale de Shuji. "Insane Brain" jouera la carte de la douceur pour créer une atmosphère qui survivra sans problème à l'arrivée de la violence. Une fois encore, les passages lead s'enchaînent sur une rythmique qui laisse toute la place à la basse d'Aruta de s'exprimer. Retour aux tonalités motivantes sur la divine "Black Shadow", alors qu'on sentira un son bien plus lourd sur "Winter Breath". "Twilight" débute par une guitare lead que l'on croirait empruntée au power metal, mais finit par revenir rapidement au death metal mélodique avec la voix de Ryoji, plus en forme que jamais. Une fois encore, c'est avec un son plus lourd que les autres baptisé "Satanic Loop" que les Japonais ont décidé de nous assommer, à grand renfort de blast beat. Retour dans un univers japonais, "Nanohana" (écrit en kanjis) tentera de nous dépayser quelque peu avec ses sonorités propres au metal japonais, preuve que l'on peut concilier sans aucun souci les deux musiques. "Julius" passerait presque pour un titre d'entrée en scène, avec son introduction aux claviers avant la tempête qui arrivera presque sans que l'on s'en rende compte, plus violente que jamais. Petite pause douceur avec l'instrumentale "Asuhenohikari" et son absence de saturation qui nous mèneront tout droit vers la fin de l'album après un arrêt brutal. Sauf si vous avez l'édition spéciale bénéficiant de la piste bonus "Gnosis" ! Ajoutant quelques murmures aux éléments qui font la puissance du groupe, cette chanson est originale et comporte également un passage acoustique surprenant après une heure en compagnie des Japonais.
Convaincus ? Pas encore ? Alors attendez "Northern Hell Songs" qui sortira en Mars 2017, pendant leur tournée européenne avec le poids lourd du heavy / power finlandais, Battle Beast ! Pour la date parisienne, c'est au Petit Bain que la tempête frappera, vous êtes prévenus !
"Fascinating Violence"
Note : 12/20
Ce mois de Juin 2013 permet d’accueillir en nos pages le groupe de death mélodique japonais Gyze (précédemment nommé Suicide Heaven) et son premier album, "Fascinating Violence". La biographie disponible ne me renseignant malheureusement pas le moins du monde sur l’histoire du groupe, me voilà forcée à me baser sur mon unique source afin de tenter de cerner au mieux le trio : le disque sujet de cette nouvelle chronique.
Laissez-moi vous planter le décor. "Fascinating Violence", c’est : une part de death, une part de speed, trois voix qui se mêlent, et, surtout, une guitare particulièrement mise en valeur et dans les compositions, et dans le mix. Ce dernier élément étant, sans l’ombre d’un doute, le point fort du groupe, le choix de se fier (aveuglément ?) aux capacités de Ryoji était évidemment la meilleure des solutions : les mélodies frappent, les cordes chantent (mieux que les vocalistes), les soli s’implantent fièrement tout au long de l’album. Pour sûr, à ce niveau-là, le niveau est indéniable ! Et plus que le niveau : la gestion.
Le reste peine malheureusement à maintenir la qualité. Oh, certes, Ryoji et Shogo se plaisent à se servir de leurs différences de timbre vocal pour apporter à "Fascinating Violence" un soupçon de variété. Cette caractéristique intéresse tant Gyze que les Japonais ont décidé d’inviter Claudio Ravinale, chanteur des Italiens de Disarmonia Mundi. Soit, un invité, c’est très bien. Sauf qu’étant donné que Monsieur Ravinale apparaît sur pas moins de neuf morceaux (sur un total de onze), la question de la légitimité se pose : n’est-il en réalité plus qu’un simple guest ? Ou Gyze craignait-il de manquer de substance sans sa présence apparemment indispensable ? Pour ma part, je n’ai tout simplement pas relevé d’intérêt réel à ses apparitions, mais peut-être est-ce leur régularité presque effarante qui a finalement effacé toutes traces de curiosité ?
Pour le reste, "Fascinating Violence" ne comporte pas de défaut majeur (si ce n’est ce son de batterie indigeste), mais ne possède rien non plus qui lui permettrait de se distinguer aux yeux du public. Ca s’écoute, c’est techniquement de correct à très bon, mais ça s’oublie aussitôt le disque arrivé à sa fin. Un album moyen à ne conseiller qu’aux férus de death mélodique.