Le groupe
Biographie :

Gwar est un groupe de musique thrash / metal / punk américain formé en 1985 par un collectif de musiciens et artistes de l'Université du Commonwealth de Virginie à Richmond. Le nom n'a pas de signification particulière. Le groupe est particulièrement connu pour ses costumes directement inspirés de films de science-fiction et horreur, ses paroles très vulgaires et sa mise en scène morbide recréant de manière semi-humoristique des actes de scatologie, sadomasochisme, nécrophilie, pédophilie, zoophilie, des rituels de danse païens et d'une manière générale tout autre thème violent et / ou politiquement controversé. L'origine, selon Dave Brockie, en est la vision de films retraçant les actes barbares commis lors de la deuxième guerre mondiale par les Nazis. Ces films violents qu'il a vu lors de sa jeunesse l'ont marqué et l'ont questionné sur la violence du genre humain qui va jusqu'à se détruire lui-même (à revoir dans l'émission Tracks) dans une logique qui n'est pas celle du règne animal. Il va donc créer à son adolescence un concept qui ira au delà de l'imaginable et qui démontrera de manière crue (au premier regard) la stupidité et l'extrême violence de ses pairs. Au second voire troisième degré, on se rend compte que la démarche est plutôt intelligente et subtile, et qu'au-delà de la boucherie et du grand guignol, le concept apporte plus de questionnements que de dégoût.

Discographie :

1988 : "Hell-O"
1990 : "Scumdogs Of The Universe"
1992 : "The Road Behind" (EP)
1992 : "America Must Be Destroyed"
1994 : "This Toilet Earth"
1995 : "Ragnarok"
1997 : "Carnival Of Chaos"
1999 : "We Kill Everything"
2001 : "Violence Has Arrived"
2004 : "War Party"
2006 : "Beyond Hell"
2009 : "Lust In Space"
2010 : "Bloody Pit Of Horror"
2013 : "Battle Maximus"
2017 : "The Blood Of Gods"


Les chroniques


"The Blood Of Gods"
Note : 16,5/20

En v’là ti un album qui tomberait pile poil pour l’Halloween qu’on dirait par chez moi. Ce qui ne serait pas tellement erroné puisque Gwar est ce groupe dont la glorification du gore et l’apologie du grotesque sont les maîtres-mots. Quoi qu’il en soit, outre ses prestations scéniques, Gwar est également renommé pour ses paroles obscènes, ses discours politiques ou moraux, ses décapitations de personnalités (du pape à Hitler en passant par Obama) mais surtout pour distiller un mélange crossover-heavy-shock-thrash’n’roll. Gwar c’est donc plus de trente ans de carrière plus d’une quinzaine de sorties (studio, lives et compilations comprises). Et faut dire qu’en trente ans, il s’en passe des choses, à commencer par le trépas d’Oderus Urungus (Dave Brockie pour les intimes), chanteur historique de la formation virginienne. D’ailleurs, suite à la révélation du fait que Balsac The Jaws Of Death (Mike Derks à l’état civil) était atteint de la myélofibrose, les mauvaises langues se demanderont si ce n’est pas un peu risqué d’officier au sein de Gwar. Quoi qu’il en soit, pour en revenir à nos monstres dévergondés et engagés, "The Blood Of Gods" est non seulement le quatorzième album de Gwar, mais surtout le premier suite au décès de son leader historique.

C’est donc Blothar (Michael Bishop IRL), bassiste historique de la formation qui s’est chargé de reprendre le micro pour continuer de faire vivre la voix de Gwar. Alors qu’est ce qui change entre "The Blood Of Gods" et le reste de la discographie ? Ben le chant, normal... Hormis cela, absolument rien : Gwar reste Gwar ! Bien entendu, même si Blothar nous propose une voix un peu plus couillu que notre cher Oderus Urungus, les mimiques, les changements d’intonation, le jeu de cordes, les lyrics complètement Gwaresques restent les mêmes ("War On Gwar", "Swarm"). Pour le reste, l’instrumental balance toujours une distorsion dont les potards sont réglés au maximum et qui, de surcroit, font osciller la tête dans tous les coins. En cela, les rythmiques galopent au heavy, trinquent au hard et combattent dans une pirouette de thrash, de doom ou encore de crossover débridé ("Fuck This Place", "Phantom Limb"). Toutefois, ne le cachons, pas "The Blood Of Gods" est bien plus rock’n’roll que certains albums de la discographie de Gwar, ce qui n’est absolument pas pour déplaire. Les ambiances évidemment sont présentes, qu’elles soient totalement décalées ou plus horrifiques ("The Sordid Soliloquy Of Sawborg Destructo"). Peu importe, dans son concept, "The Blood Of Gods" annonce juste une énorme bataille grandguignolesque avec son lot de bastons, de membres arrachés et surtout de patates dans la gueule. Et même là-dedans, ça ne manque pas de passer quelques passages bien revendicatifs ("El Presidente" et son "I want to kill the president and I don't need a gun. I want to fuck the government, I want to fuck a nun" aux airs de Famille Adams). Mais alors que reste-t-il dans la mort, le sang et au-delà les limbes ? Eh bien une bonne bouffée de rock’n’roll qui rassurera le plus grand nombre quant à l’avenir de Gwar ("I’ll Be Your Monster", "Death To Dickie Duncan"). J’allais dire "quant à la bonne santé de Gwar" mais... Quoi qu’il en soit, "The Blood Of Gods" laisse présager que le sang n’a pas fini de couler sur les setlists de Gwar et durant ses prestations live. D’ailleurs, il serait fort probable d’assister à de nouvelles décapitations, éviscérations, démembrements et autres joies moyenâgeuses ("Crushed By The Cross", "Viking Death Machine").

Alors oui, la différence de vocales s’en ressent, mais l’esprit, l’inspiration et le résultat reste le même. "The Blood Of Gods" est simplement la transition entre un avant et après règne du grand Oderus Urungus. Bête, simple, méchant mais terriblement efficace et réussi ! Comme quoi, un groupe peut survivre après l’extinction de la voix qui l’a porté pendant ving-cinq ans. Bref, Gwar aura prévenu la faucheuse : "If You Want Blood (You Got It)" et If You Want Rock’n’Roll (You Got It Too) !


Rm.RCZ
Janvier 2018




"Bloody Pit Of Horror"
Note : 09/20

Moi y'a un truc que j'ai jamais compris, c'est cette volonté assumer du public de Gwar de ranger bien consciencieusement le groupe dans la catégorie thrash alors qu'il était évident pour nombre d'auditeurs et de fans de la formation déjantée que les morceaux typiquement "thrash" du combo ne se comptaient que sur les doigts d'une main salement amputée. Ah ouais, mais on note que j'ai causé au passé. Bien vu ! En effet depuis un "We Kill Everything" où le groupe se délaissa sans trop de remords de ce qui faisait son originalité pour se ranger du côté de groupes plus "mainstream" (notez tout de même les guillemets, invention géniale s'il en est), les albums de Gwar se suivent... et se ressemblent...

Et oui, hormis les deux tentatives de sortir la tête de l'eau -si claire et si limpide - que sont "Lust In Space" et "Beyond Hell", cela fait bien dix putains d'années que Gwar a décidé de mettre de côté sa folie punk, bordélique, boueuse et plaisante à la fois pour se "recentrer" (notez les guillemets, encore) sur des bases plus métalliques à leur goût. C'est le piège dans lequel tombent par moments des groupes qui arrivent à durer sur une longue période : faire exactement ce que le public attend d'eux. C'est le cas de ce qui suivit le minable "We Kill Everything" : l'insupportable "Violence Has Arrived" dans lequel le groupe n'est plus qu'une parodie de lui-même (et une parodie même pas marrante en plus, un comble pour LE groupe parodique par excellence). Et depuis, plus rien. Des riffs attendus, des lyrics qui ne choquent plus que ma grand-mère et ne font rire que mon voisin -un débile profond de toutes façons- couplés à une efficacité, certes présente mais ayant écrasé une personnalité unique qui est complétement effacée, les costumes ne suffisant pas à tout faire. Bref une bonne grosse traversée du désert de l'originalité mais grâce à laquelle le groupe renoua de plus en plus avec le succés, jusqu'à ce "Bloody Pit Of Horror".

Et, surprise, le titre d'ouverture, "Zombies March !", semble renouer avec ce que Gwar sait faire de mieux : des harangues et des breaks sympatoches, des vocaux hasardeux et un joyeux foutoir mais qui reste gâché par un son lissé au max. On s'attend à du bon Gwar mais le second titre, poussif et plat nous déçoit rapidement et annonce ce qui va suivre : ce "Bloody Pit Of Horror" sera attendu, pas très inventif et finalement, très convenu ("Beat You To Death" allant jusqu'à ressembler étrangement au "Trapped Under Ice" des Metallica !). Sans être complétement mauvais, l'opus reste surtout décevant quand on a fait partie de ceux qui, devant "Beyond Hell" et "Lust In Space" se sont permis de rêver à un "Hell-O !" bis.

Mais hélas, mille fois hélas, les riffs, les compos et la pauvre personnalité du reste de l'opus ne fera que confirmer ce fait : Gwar s'est gentiment rangé dans le rayon "Metal" du Virgin du coin, ses armures en latex brillent de mille feux et MTV leur déroulera sûrement un de ces quatre le tapis rouge. Les fans s'arracheront leurs t-shirts et leur musique à présent attendue et fade trouvera un très grand public. Et c'est tant mieux pour eux, ça fait plus de vingt années que les gars rament dans leurs armures pour se faire reconnaître. Il est juste navrant que pour ce faire, il faille se délester de la partie la plus intéressante du groupe : sa personnalité ! Un opus qui vaut le détour dans tous les cas (c'est quand même du Gwar !), mais qui marque le vrai début de la fin inévitable. Abyssus abyssum invocat...


Groumphillator
Novembre 2010


Conclusion
Le site officiel : www.gwar.net