Soyez les bienvenues au pays des leprechauns roux buveurs de Guinness ! La fratrie irlandaise O’Sullivan dévoile son tout premier album après l’avoir largement mérité pour avoir eu la motivation de démarrer une ascension musicale en partant d’un simple rêve dans sa ville d’origine Killarney.
Balancé entre les nuances bleues et orangées, le visuel de la pochette semble promettre un rock apaisant teinté de noirceur. En dehors de ces couleurs, pas mal de choses semblent se confronter sur cet artwork : le feu de la forêt face à l’eau du lac, l’arbre sinistre du premier plan et la souche arrachée face aux multiples arbres pleins de feuilles du second plan, la minuscule personne seule face à l’immensité du décor, l’homme face à la nature… De ce côté, c’est une réussite. Sans compter que le visuel peut se rapporter à certains titres de morceaux comme "Forest Ablaze", "The Lake" et "Wander" ou même aux paroles comme "Walking through snow" au début de "Safe Haven". On voit donc très vite avec ces continuités que Greywind s’est investi à fond dans sa tâche qui consistait à créer une œuvre avec un véritable sens.
Avant de trop m’avancer, je vais parler musique. C’est bien beau d’avoir une jolie pochette mais on ne juge pas un livre à sa couverture. Le premier titre, "Afterthoughts", se fait entendre avec la guitare mélancolique de Paul mais c’est surtout la sœurette Steph qui va retenir mon attention. Disons que sa voix est à la hauteur de son physique (la beauté c’est subjectif blablabla…). Celle-ci se fait d’abord très enfantine et aigüe mais également très juste avec un bel appui sur les mots, sans doute causé par l’accent irlandais. Le refrain vient donner à Steph la maturité nécessaire pour laisser sa voix unique exploser dans ce morceau qui a réussi à me faire entrer dans la sphère Greywind.
Le morceau suivant, "Forest Ablaze", se fait directement plus énergique dès les première paroles : "I don't know what to do !" et avec le titre "Circle", Steph montre qu’elle peut chanter une ballade avec plus de solidité.
La cohésion fraternelle semble déjà évidente à cette étape de l’album. Greywind nous offre un rock super efficace dans lequel on ressent tout leur désir de partager la musique. "Safe Haven" prouve que le groupe place la barre là où je l’attendais en visionnant le clip de "Afterthoughts". Certains passages peuvent sembler trop pop comme le début de "The Lake" avec ses "La la la la la" répétitifs et les couplets de certains morceaux qui cassent tous les liens avec l’instrumentale rock mais le duo se rattrape toujours avec les refrains toujours très bien appuyés par la guitare de Paul qui sait passer de l’émotion à la puissance suffisamment bien pour constituer des morceaux complets et qui vont à l’essentiel sans aucune fioriture.
Pour ne pas leur donner totalement raison, il y a une fioriture. Il s’agit d’un crissement insupportable qui introduit "Car Spin". Ça n’apporte rien mais c’est heureusement très court et on oublie vite cette douleur auditive avec le morceau qui s’avère être très bon. Les premiers mots sont tout de suite accrocheurs : "I wake when the car spins / It's already done / Your lips kiss the pavement / I wake with no one". Avec ce titre, le chant de Steph se fait plus adulte sans perdre la moindre once d’émoi. Ce morceau se place sans doute comme l’un des meilleurs de l’album.
La piste suivante, "Stitch On My Wings", témoigne tout de même des compétences de Steph et de son frangin qui ne manquent pas d’inspiration avec ce morceau qui s’impose comme un des plus reposants de l’album mêlant efficacité et simplicité avec le refrain. Les derniers titres, "Desolate", "In Autumn" et "Wander" sont tous les trois très tranquilles également. Ceux-ci viennent clôturer l’album avec ses dix titres.
Pour en voir un peu plus sur le groupe, je ne peux que vous conseiller d’aller voir les clips de "Car Spin", "Circle", "Forest Ablaze" et "Afterthoughts" (si vous n’en avez pas marre du stéréotype de la nana qui court dans la forêt).
En parlant de stéréotype, nos deux jeunes irlandais ne sont ni des leprechauns, ni des roux (pour ce qui est de savoir s’ils sont buveurs Guinness, l’histoire ne nous le dit pas), mais ils nous offrent un album poétique avec une sincérité indéniable. Greywind est désormais un des groupes de rock à surveiller de près dans les prochaines années.
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