"A Dark Poem Part I: The Shores Of Melancholia"
Note : 16/20
Green Carnation écrit son nouveau chapitre. Créé en 1990 mais mis en pause après seulement une démo puis ressuscité, le groupe norvégien mené par Tchort (guitare, The 3rd Attempt, Blood Red Throne, ex-Carpathian Forest, ex-Emperor), Kjetil Nordhus (chant, ex-Tristania, ex-Subterranean Masquerade), Bjørn Harstad (guitare, ex-In The Woods…), Stein Roger Sordal (basse, ex-In The Woods…), Jonathan Alejandro Perez (batterie, Trail Of Tears, ex-Sirenia) et Endre Kirkesola (clavier) annoncent la sortie de leur septième album, "A Dark Poem Part I: The Shores Of Melancholia"
Kenneth Silden a enregistré les claviers avant de quitter le groupe.
L’album débute avec un riff assez sobre sur "As Silence Took You", première composition assez lancinante capable de parties intenses comme d’une sobriété mélancolique sur certains passages ou de moments imposants lorsque les deux univers s’allient. Le chant de Kjetil est toujours aussi captivant, mais il laisse volontiers place au groove de la rythmique qui nous mène après un dernier refrain vers "In Your Paradise" qui ne tarde pas à énergiser la rythmique en créant des patterns entêtants, permettant au vocaliste de se diversifier un peu, se montrant même assez sombre par moments comme sur ce "I see it in your eyes" intense. On retrouve également des tonalités cybernétiques sur ce titre, ainsi que la flûte d’Ingrid Ose, qui nous accompagnera également sur "Me My Enemy", morceau d’abord instrumental mystérieux où le chant se fait attendre mais qui illumine peu à peu les riffs, offrant même un final assez rassurant et réconfortant malgré le thème de la chanson.
Grutle Kjellson (Enslaved) rejoint les musiciens avec ses hurlements sur "The Slave That You Are", morceau qui emprunte au black metal sa rage, et créant un véritable contraste avec la douceur des refrains où Kjetil répond à son invité avant un break qui réunit les deux vocalistes. On trouvera également des traces de doom avant le final qui débouche sur "The Shores Of Melancholia" qui, bien que la composition porte à merveille son nom, nous propose également quelques touches enjouées et entêtantes, mais le titre est relativement court, et il nous abandonnera sur "Too Close To The Flame". Le titre dure neuf minutes au cours desquelles il passe d’un ton menaçant avec quelques choeurs hurlés à des passages plus complexes, des moments plus lents, des percussions d’Henning Seldal ou encore des riffs saccadés qui portent les claviers puis il prend soudainement fin après un dernier adieu.
Bien qu’assez peu amateur de metal progressif, je trouve qu’"A Dark Poem Part I: The Shores Of Melancholia" est très varié, ce qui rend l’écoute agréable. Green Carnation ne s’enferme pas dans les clichés et propose ici un rythme accrocheur.
"Leaves Of Yesteryear"
Note : 16/20
Nous n'avions pas de nouvelles de Green Carnation depuis "Acoustic Verses" en 2006 et beaucoup se demandaient si nous allions en réentendre quelque chose. La réponse est arrivée avec "Leaves Of Yesteryear" qui constitue une sorte de prise de contact puisque ce n'est pas à proprement parler un nouvel album.
Pour faire simple, on y trouve trois nouveaux morceaux, un réenregistrement de "My Dark Reflections Of Life And Death" tiré du premier album "Journey To The End Of The Night" et une reprise du "Solitude" de Black sabbath. Pour resituer le contexte aux plus jeunes, Green Carnation a été formé avant In The Woods... et a repris le flambeau quand ces mêmes In The Woods... sont entrés en sommeil après "Strange In Stereo" (je ne le dirai jamais assez, cet album est un chef d'oeuvre). Le truc surprenant c'est que Green Carnation a certes sorti une démo en 1991 mais que le premier album n'est arrivé qu'en 2000 puisque les membres étaient justement partis former In The Woods... (ça va, vous suivez ?). Du coup, maintenant, les deux sont de retour avec évidemment des line-ups déifférents et c'est plutôt une bonne nouvelle, on se retrouve avec deux bons groupes au lieu d'un. Bon, sachant que Green Carnation avait commencé avec gothic / doom assez proche d'In The Woods... sur son premier album et qu'il s'en était allé plus tard vers des terres plus rock / goth / catchy? la question est de savoir ce que ça donne aujourd'hui ! Commençons par le réenregistrement de "My Dark Reflections Of Life And Death" qui est plutôt fidèle à la version d'origine en dehors du fait que cette version enlève deux petites minutes aux dix sept minutes quarante-cinq d'origine et quelques différences au niveau des arrangements. Cette nouvelle version est un peu plus directe, plus catchy, un peu plus épurée, moins planante et expérimentale mais pour le reste c'est très proche de l'original. Même constat pour la reprise de Black Sabbath qui est elle aussi très proche de l'original mais cela semble être une constante avec les groupes qui reprennent ce morceau puisque celle de Cathedral sur le tribute "Nativity In Black" l'était tout autant.
Il reste donc le gros de ce nouvel album / EP à savoir les trois morceaux inédits, "Leaves Of Yesteryear", "Sentinels" et "Hounds". C'est le titre éponyme qui ouvre la danse et on retrouve un Green Carnation plus proche de ses racines doom / gothic sans pour autant faire un véritable retour en arrière. Il y a tout de même une envie de redécouvrir leur passé et je pense que le réenregistrement d'un morceau de leur premier album en est une indication. On retrouve en fait une sorte de fusion de leurs deux facettes avec d'un côté un tempo assez lent proche du doom / goth du début avec des mélodies très mélancoliques, et d'un autre côté des lignes de chant très accrocheuses qui pourraient éventuellement vers les albums suivants. Toujours est-il que la balance pèse plus vers la période des débuts que vers les deux derniers albums et on peut dire que Green Carnation a réussi à renouer avec ses anciens amours sans renier ce qu'il est devenu ensuite. Ces trois morceaux sont d'ailleurs assez longs et se rapprochent là encore du doom puisque ça tourne autour des huit et dix minutes, sauf pour "Sentinels" qui ne fait que frôler les six minutes et qui est clairement le morceau le plus accrocheur de ces trois inédits. "Hounds" fricote lui aussi avec le doom tout en gardant des lignes de chant très mélodiques et accrocheuses pour au final créer un petit pavé de dix minutes qui passe comme une lettre à la poste. Encore une fois, on se retrouve avec une fusion très équilibrée et très efficace des deux facettes du groupe et ça fait plaisir à entendre.
Un nouvel album particulier dans la forme mais qui confirme que le groupe est de retour en forme et pour un moment, du moins je l'espère. Nous savons tous que ces gens ont beaucoup de choses à dire musicalement alors messieurs continuez à nous sortir des pépites et si l'envie de faire ressortir quelques vélléités expérimentales vous reprenait, ne vous gênez surtout pas !
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