Le groupe
Biographie :

Graveworm est un groupe de black metal symphonique italien formé en 1992, qui a évolué au fil des années vers un style plus gothique / dark metal, avec quelques influences death metal notamment au niveau du chant. Leur premier album "When Daylight’s Gone" sort en 1997 sous le label Serenades Records, lequel sera réédité en 2001 chez Last Episode. Suit en 1999 l’album "As The Angels Reach The Beauty", beaucoup plus symphonique que son prédécesseur, dont la pochette a été réalisée par le célèbre dessinateur espagnol Luis Royo. Malgré avoir tourné avec des groupes tels que Children Of Bodom, Vader ou encore Cradle Of Filth, le groupe peine à se faire connaître et ce n’est qu’à la sortie de l’opus "Scourge Of Malice" en 2001 qu’il obtiendra enfin la reconnaissance musicale qu’il attendait. Les Italiens signent dès 2003 avec le label Nuclear Blast. "Engraved In Black", leur quatrième album, est leur premier sorti sous ce label, le début de la notoriété pour eux. "(N)Utopia" marque un tournant musical : les éléments death notamment au niveau de la voix s’ajoutent aux éléments gothiques et doom metal. Suivent ensuite "Collateral Defect" en 2007 et "Diabolical Figures", sorti en 2009 chez Massacre Records. "Fragments Of Death" sort en Octobre 2011 chez Nuclear Blast. En Mai 2014, le groupe entre en studio afin de préparer un nouvel album. "Ascending Hate" sort le 19 Juin 2015. "Killing Innocence" sort en Avril 2023 chez AFM Records.

Discographie :

1997 : "When Daylight’s Gone"
1999 : "As The Angels Reach The Beauty"
2001 : "Scourge Of Malice"
2003 : "Engraved In Black"
2005 : "(N)Utopia"
2007 : "Collateral Defect"
2009 : "Diabolical Figures"
2011 : "Fragments Of Death"
2015 : "Ascending Hate"
2023 : "Killing Innocence"


Les chroniques


"Killing Innocence"
Note : 19/20

Le retour de Graveworm est acté. Créé en 1992 en Italie, le groupe composé de Stefan Fiori (chant, Dragonbreed), Stefan Unterpertinger (guitare), Eric Righi (guitare), Florian Reiner (basse, Ontborg) et Moe Harringer (batterie, Mammon) annonce après huit années de silence la sortie de "Killing Innocence", son dixième album, chez AFM Records.

L’album débute par "Escorting The Soul" et son introduction mélancolique qui accueille des riffs pesants entre black, death et metal gothique, créant une atmosphère pesante. Les hurlements s’intègrent à la perfection à ce mélange solide tout comme les orchestrations imposantes, que l’on retrouve également sur la martiale "We Are The Resistance", un titre assez lancinant qui multiplie les éléments mélodieux pour créer un contraste avec une rythmique accrocheuse. "Wicked Mind", le titre suivant, proposera des éléments old school plus agressifs, laissant le blast répondre à des riffs saccadés et des hurlements massifs tout en conservant les claviers inquiétants avant qu’"If The World Shut Down" ne nous enveloppe dans sa noirceur. Bien que très brut, le son est presque apaisant, mais il se renforcera lorsque la batterie accélèrera, puis le groupe nous présente à nouveau ses sonorités imposantes et théâtrales avec "Dead Words", une composition qui laisse les éléments les plus lourds nous étouffer avant de placer quelques mélodies entêtantes en arrière-plan tout en développant l’approche lancinante et maussade.

Les hurlements résonnent dans notre esprit jusqu’à ce que "Where Agony Prevails" ne vienne faire renaître la violence viscérale et effrénée, tout en la nuançant de temps à autres avec des leads aériens et des claviers majestueux. Les racines gothiques sont à l’honneur sur "A Nameless Grave", un des morceaux les plus simple mais extrêmement accrocheur, complété par les éléments mélancoliques du groupe qui prennent vie entre les riffs agressifs, puis le son s’apaise pour laisser "End Of Time" nous envoûter avec une douce introduction. La quiétude s’enflammera avec l’apparition de la saturation, mais même si la violence vient la côtoyer, l’ambiance générale restera assez pesante jusqu’à ce que "Wrath Of Gods" ne vienne placer ses tonalités épiques à pleine vitesse. Les orchestrations tiennent parfaitement leur rôle dans cette charge ravageuse, guidant des riffs rapides et efficaces à travers une tornade de double pédale régie par les parties vocales massives, puis la tout aussi imposante "In Honour Of The Fallen" vient refermer l’album avec des sonorités sombres mais agressives, qui laissent parfois les leads mélodieux apporter une touche plus aérienne à la base pesante.

Pour ceux qui ne les connaissent pas encore, Graveworm sont passés maîtres dans l’art de mêler mélancolie et puissance brute. Le très longtemps attendu "Killing Innocence" satisfait toutes nos attentes, que ce soit en matière de quiétude, d’intensité ou de rage.


Matthieu
Juin 2023




"Ascending Hate"
Note : 15/20

Le groupe germano-italien Graveworm revient avec un nouvel album sorti en Juin 2015, "Ascending Hate", quatre ans après le mitigé "Fragments Of Death" sorti en 2011 chez Nuclear Blast, délaissant par ailleurs la grosse écurie pour AFM Records. Il marque aussi le retour de Stefan Unterpertinger, membre fondateur et ancien compositeur principal du groupe après une dizaine d'années d'absence. Les fans du groupe et de son black metal symphonique empreint de sonorités gothic / thrash / dark ont pu être déçus par les derniers albums, suite au très bon "Scourge Of Malice" notamment, sorti en 2001, qui a contribué à la notoriété du groupe. Laissons présager que ce nouvel opus soit de meilleure qualité que ses prédécesseurs.

On commence l'écoute avec "The Death Heritage", qui démarre sur une intro à la guitare sèche avant d'envoyer la sauce sur un death metal violent mais mélodique, au chant hargneux et avec une batterie ultra rapide et efficace. Le tout est ponctué de passages symphoniques sur des notes au piano intervenant régulièrement tout au long de la piste. Graveworm semble avoir évolué vers un style différent des précédents albums, laissant le gothic / black metal symphonique de côté pour s'orienter vers un style plus death mélodique. Les riffs ici sont accrocheurs, l'ensemble est efficace pour l'instant, un bon début malgré un léger sentiment de "déjà entendu". De nombreuses cassures au niveau de la rythmique apparaissent également sur plusieurs morceaux, pouvant rappeler des légères sonorités metalcore, comme sur "Buried Alive" notamment. En effet, les riffs saccadés se font nombreux sur cette piste, et se révèlent accrocheurs. Un titre à la fois death, à la rythmique plus lente, et symphonique au niveau du violon et du piano qui se veut bien présent en deuxième partie de piste. Un morceau certes assez basique dans l'ensemble mais qui reste efficace et n'empêche pas de donner envie de remuer la tête en rythme à son écoute. "Blood Torture Death" sonne quant à lui très death mélodique de par ses riffs de guitare typiques du genre que l'on retrouve chez des groupes tels que Mors Principium Est ou Dark Tranquillity. Les premières notes me font d'ailleurs tout de suite penser au In Flames des années 2000. Un titre rapide et efficace, avec des parties plus lentes et mélodiques sur les refrains. "To The Empire Of Madness" démarre d'emblée sur un riff accrocheur que l'on retrouve sur l'ensemble de la piste, pour autant, cela reste un morceau de death mélo certes violent et efficace, atténué par une mélodie à la guitare sèche en fin de piste, mais encore une fois assez basique dans l'ensemble. Un sentiment de répétition se fait ainsi ressentir à l'écoute des premiers morceaux, qui ne semblent jusque là pas se démarquer les uns des autres et assez similaires aux précédents à mon sens. Dommage car il y a un réel potentiel ici, tant dans la technique des musiciens, qui est relativement bonne, que dans la composition.

"Downfall Of Heaven" est brutal à souhait sur les parties de batterie qui tabassent vite et fort, ça blaste à fond, c'est saccadé aussi par moments, le chant sonne un peu black sur certains passages, le piano / violon et les riffs mélodiques viennent adoucir l'ensemble. Bref, ça change de ce qu'on a pu entendre jusqu'à présent, c'est puissant et efficace. "Stillborn" est un peu plus lourd et sombre sur certains passages, mais se révèle un titre de death mélo aux ambiances limite gothique / doom, aux sonorités parfois modernes, mêlant chant death et black. Le violon et le piano ajoutent un aspect symphonique un peu morne au morceau, qui reste bon dans l'ensemble. "Liars To The Lions" se veut rentre dedans de par sa batterie qui blaste dès les premières notes et ses riffs aussi bien mélodique que black. La mélodie au piano qui l'accompagne calme quant à elle un peu le jeu et apporte une touche de symphonique à l'ensemble. Piano qui réapparaît dès les premières notes de la piste suivante. "Rise Again" sonne presque comme une ballade black / death mélo, les choeurs et la "bande son" de cris torturés et autres armes à feu renforcent le côté tourmenté ressenti, à la fois sombre, beau, mélancolique. C'est intense, puissant, sombre, torturé, mélodique, efficace, sublime, enfin un titre qui se démarque des autres morceaux entendus jusque là, un des meilleurs titres de l'album, on aime. On change d'ambiance et revient sur quelque chose de plus brutal et puissant aux ambiances lourdes parfois sur "Sons Of Lies", qui reste un titre death assez basique mais accrocheur dans l'ensemble. L'album se termine avec "Nocturnal Hymns Part II (The Death Anthem)" et évolue dans le même style death mélodique que l'ensemble des pistes présentes ici. L'aspect symphonique ressort à nouveau avec la présence légère de choeurs / clavier et du violon ici et là, créant une cassure en milieu de piste avec un solo de basse qui termine l'écoute sur une ambiance lourde et sombre mélodique à la guitare.

Il aura fallu quatre ans à Graveworm pour nous sortir quelque chose de nouveau, contrairement au rythme habituel d'une sortie tous les deux ans, évoluant par là même vers un style différent des précédents opus, désormais plutôt orienté death metal mélodique. "Ascending Hate" est pour moi un niveau au-dessus de "Fragments Of Death" et un album de qualité. Les fans du genre apprécieront, c'est bien fichu dans l'ensemble, efficace sur certains morceaux, un renouveau musical plutôt réussi je dirais, mais qui manquerait peut-être d'originalité après plusieurs écoutes notamment sur les premiers morceaux, qui peinent un peu à se renouveler et mériteraient plus de sortir des sentiers battus. Graveworm est sur la bonne voie, attendons de voir ce qu'il va nous proposer lors de sa prochaine sortie musicale.


Alexandra
Juillet 2018




"Fragments Of Death"
Note : 13/20

Deux ans après leur dernier opus "Diabolical Figures" sorti en 2009, les Germano-Italiens de Graveworm sont de retour avec un nouvel album, "Fragments Of Death". Au fil des albums et principalement sur leurs derniers en date, Graveworm s’est peu à peu orienté vers des sonorités un peu plus brutales et death, notamment au niveau du chant, mettant peu à peu de côté les sonorités "gothiques" de leurs débuts. Les voici faire un retour aux origines du groupe, avec un album beaucoup plus sombre et axé sur le côté "dark" de leur musique, le thème de celui-ci étant la mort sous ses multiples formes, l’artwork de la pochette et son titre "Fragments Of Death" en sont d’ailleurs bien représentatifs. En effet, la pochette est assez sombre et mystique, représentant un ange de la mort sur un fond gris/ bleuté, des petites pièces de puzzle tombent comme pour faire un rappel aux "fragments de mort" du titre de l’album. Voyons donc ce que vaut celui-ci.

Ca démarre fort dès le premier morceau avec un titre violent qui envoie la sauce d‘entrée de jeu. "Insomnia" mélange habilement un black / death rapide et brutal accompagné d’un gros chant "growlé", à un son plus mélodique par la suite, reconnaissable à travers le clavier et quelques riffs mélo. Le tout tranche avec la batterie et sa double pédale de grosse caisse rapide et efficace, voilà qui s’annonce plutôt bien. On enchaîne avec un titre plus lent cette fois. "Only Dead In Your Wake" mêle chant black et death, on y retrouve des sonorités plus symphoniques mises en avant grâce au clavier en arrière plan, tout comme sur le titre "Old Forgotten Song" tout à la fois mélodique sur les parties de guitare et symphonique sur celles au clavier. Ainsi, après avoir fait ressortir le côté "death" de leur musique au fil des albums grâce au chant "growlé" notamment, on revient aux sonorités dark / goth sur cet album, dont le côté sombre se fait de plus en plus ressentir au fur et à mesure que les titres défilent. "Absence Of Death" démarre sur des parties mélodiques avant d’enchaîner sur des parties plus gothiques / dark metal toujours accompagné par un chant death, dans la continuité du titre précédent. Un morceau toutefois assez répétitif à mon sens, pas très inspiré, on a vite envie de passer au suivant. On continue avec "Living Nightmare" qui démarre sur une sorte de death mélo plutôt moyen, on se lasse assez vite bien qu‘il y ait de la technique et un bon niveau de ce côté-là chez Graveworm, les parties de guitares et au clavier étant assez répétitives. Un titre énergique mais qui manque de peps et d’inspiration, dommage, allez hop, suivant !

"The World Will Die In Flames" est orienté quant à lui plus black metal dans les guitares ainsi qu’au niveau du jeu de batterie, avec quelques passages assimilables au death mélo. Le clavier fait lui aussi ressortir cet aspect de leur musique, on reconnaîtra également la présence d’orchestrations symphoniques. Un titre toutefois assez "plat", qui manque un peu de relief malgré quelques passages plus variés et énergiques. "Anxiety" relève enfin le niveau de l’album. Voilà un titre varié qui avec le mélange du chant guttural alterné au chant clair, dont la voix est agréable à l’oreille et le chant juste, associé à une ambiance plus sombre sur l’ensemble du morceau, rendent le titre très intéressant à écouter et nous plonge dans l’univers du groupe. Pour moi probablement l’un des meilleurs titres de cet album. La piste suivante est à la fois très mélodique et sombre ("See No Future"), avec pas mal de passages mélodiques au clavier et à la guitare, décidément c’est assez répétitif encore une fois, à l’instar des précédents titres, comme une impression de tourner en rond. Petit moment d’accalmie avec "The Prophecy" sur un titre aux ambiances dark / goth, où le violoncelle, qui rappelle fortement Apocalyptica, accompagne la batterie sur ce titre plutôt apaisant.

"Remembrance" tranche avec le précédent, beaucoup plus rapide et brutal, avec certains aspects mélodiques, le tout associé au chant death pour un titre plutôt orienté black / death une nouvelle fois, à l‘instar de "Only Dead In Your Wake". "Old Forgotten Song" démarre sur une intro très mélodique à la guitare, simple à retenir, et reprend un peu le même schéma musical que "The World Will Die In Flames" au niveau des sonorités death mélo et symphoniques au clavier, un morceau assez "mou" dont la mélodie est simple, pas assez recherchée. Heureusement, la piste suivante ("Where Angels Do Not Fly") se révèle plus énergique et efficace, c’est rapide, carré, le death mélodique est mêlé au côté black sympho sur la batterie, avec présence de la double pédale à grosse caisse. Les riffs sont certes ici encore simples à retenir mais l’ensemble est harmonieux. "Fragments Of Death" s’achève avec "Awake" en bonus track, sur un titre rapide et bien black / death constitué de quelques bons riffs, le tout accompagné par la forte présence de la batterie qui martèle fort et vite, associé au petit côté symphonique du morceau présent en intro avec le violon.

"Fragments Of Death" se veut plus sombre que ses prédécesseurs, avec un côté assez calme et très mélodique, le tout tranchant avec des sonorités beaucoup plus death sur les guitares et au niveau de la voix. Dans l’ensemble, malgré quelques titres accrocheurs et plus efficaces ("Insomnia", "Remembrance", ou "Where Angels Do Not Fly") et le superbe "Anxiety" qui se démarque des autres pistes grâce à son ambiance très sombre, le tout associé au mélange chant clair / chant growlé, "Fragments Of Death" se révèle être assez en dessous de ce qu’a déjà pu nous proposer Graveworm auparavant. Je pense notamment aux albums "Scourge Of Malice" et l‘excellent "As The Angels Reach The Beauty" qui nous proposaient du Graveworm au meilleur de sa forme. Un album qui s’essoufle sur la longueur et dont on finit par se lasser en l’écoutant d’une traite et ce à plusieurs reprises. Dommage car le potentiel du groupe est là, la technique aussi, mais le manque d’inspiration et de "pep’s" sur "Fragments Of Death" se fait fortement ressentir, le tout paraît trop linéaire, et l’on sent que les Italiens peinent un peu à se renouveler. On espère que le combo saura rebondir et faire mieux à l’avenir en nous proposant un prochain album à la hauteur de ce qu’ils ont déjà été capables de faire auparavant.


Alexandra
Septembre 2012


Conclusion
Le site officiel : www.graveworm.de