Le groupe
Biographie :

C’est en 1995 que Graupel est formé par Zingultus (Nagelfar, Graven et Endstille). Après des progrès créatifs et des modifications de personnels, le groupe se stabilise pour la sortie d’une demo, limité à 500 exemplaires qui sera épuisée, autour de Gnarl (guitare – Verdunkeln), Greuel (basse) et Ratatyske (batterie – Verdunkeln). Durant la période de conception de leur premier CD, Greuel quitte le groupe, par manque de temps à lui consacrer. Hiemos (ex-Stronghold) prend le rôle de bassiste. Certains problèmes au sein du groupe retardent la production de leur second album qui sort cependant en 2010 sous le nom de "Am Pranger...".

Discographie :

2001 : "Als der Nebel..." (Démo)
2004 : Split CD avec Encomium
2005 : "Auf Alten Wegen..."
2006 : "Lauschangriff (split CD avec Endstille)
2010 : "Am Pranger..."


La chronique


Composé de ce qui semble être la fleur du black metal Germanique, Graupel me semblait un bon moyen de (pré)juger cette scène qui, d’après mes connaissances, ne possède ni la réputation d’être particulièrement heavy (comme la Suédoise, qui semblait pourtant être la jumelle métallique de celle de la patrie des Teutons), crue et minimaliste (comme la Norvégienne), lyrique (comme l’Italienne) ou venimeuse, complexe et agressive (comme la Française...). Pourtant, il me semble percevoir une certaine identité dans Graupel, quelque chose qui le rattache à l’Allemagne. Explications.

Tout commence avec une pochette qui en dit long sur le groupe : true black à la Norvégienne et la nostalgie d’un certain passé crasseux (Ah, les années 1100 où nos parents jetaient leurs ordures par la fenêtre pour faire profiter les voisins de restes des mets de la soirée de la veille lors du couvre-feu, nous allions admirer le week-end quelques pendaisons par de superbes journées pluvieuses. Bref, c’était le bon temps...). Et on ne s’y trompe pas. Alors mettez votre côte de maille, ressortez vos fléaux d’armes, barbouillez vous le visage de corpse paints à la mode teutonique-cadavérique puis ajoutez un peu de terre et de boue pour compléter le tout. La musique de Graupel pourrait vous faire faire un (non)sacré voyage.

Une voix caverneuse, des guitares crades comme la mort mais organiques et audibles, une batterie qui s’impose comme un cauchemar qui ne nous quitte pas au réveil, voilà comment nous sommes accueillis, autour d’un riff pas très rassurant dans le sens où il est répétitif, monocorde et sans leads lui donnant la moindre profondeur. Vous voyez, le genre de riff qui donne l’impression d’entendre une ouverture d’un jeune groupe ou de troisième zone. Bienheureusement, quelques secondes suffisent à nous faire ravaler nos "putain" de préjugés grâce à quelques effets dans le jeu de guitare (un slide bien placé et tous les petits succubes tombent comme des fleurs fanées) et une voix caverneuse et bourrée d’echo alléchante. Les principaux riffs sont en général aussi chaotiques que crédibles (comme sur "Daemonicum") et parfois même épiques ("Ekel") tout en restant particulièrement noirs. A cela s’ajoute de petits interludes ambient nous plongeant dans la joie et la douleur des temps anciens, qu’ils soient acoustiques ("Herkünfte Schatten") ou fait de nappes de claviers purement ambient auxquelles on ajoute des effets ("Kalte Fessel"). Ce sont tous ces petits éléments qui permettent à Graupel d’introduire avec un certain talent une ambiance capable de nous envoyer au Moyen Âge. Si certains voient des points communs avec Emperor dans mes descriptions, ils y sont. Car c’est de la même manière que les Norvégiens nous firent découvrir les terres enneigées que les Allemands nous font aujourd’hui voyager. Le chaos, les ambiances, le côté épique mais aussi les voix claires tout à fait malsaines.

Alors OK, Graupel n’a pas la qualité de "In the Nightside Eclipse", il n’y a pas de claviers, c’est quand même plus brutal et moins élaboré que la musique des Scandinaves et il y a certains défauts bien présents comme des transitions qui n’arrivent pas toujours à être passionantes. Certes "Am Pranger..." n’est pas particulièrement innovant comme "In the Nightside" avait pu l’être en 1993. Mais qu’importe ? La qualité est au rendez-vous, Graupel a une âme pourrie par les famines du passé et le voyage est passionnant. Ayez le courage de voler vers l’Est et de vous enfoncer dans le passé et de vous endormir sous l’outro de dark ambiant quasiment silencieux qui vous assurera de doux et désolants cauchemars. Bonne nuit, je vous laisse avec "Am Pranger...".


Robin
Janvier 2011


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.myspace.com/graupel666