Grafvitnir est un groupe de black metal suédois qui nous présente ici son cinquième album studio. Et moi j’arrive la bouche en coeur sans en avoir écouté aucun. J’ai donc voulu en savoir plus en lisant avec attention le kit de promotion de l’album... et j’ai fini en haussant les sourcils, pas plus avancée qu’avant d’ouvrir le fichier, mais avec une certitude : "Ah ! ça va être de l’occulte, c’est perché, ça peut être sympa !". Oui, mes réactions sont totalement normales, je vous remercie pour la sollicitude.

Et... que dire ? Déjà, il est bon de signaler que l’album comprend 10 morceaux pour une durée d’environ 40 minutes. Ce qui donne quand même des titres assez courts, qui s’enchaînent, sans laisser le temps à l’auditeur de respirer. Les moments de "paix", toute relative bien sûr, sont rares et l’un d’entre eux nous est offert dans l’introduction du premier morceau "Niddhögg". Des rafales de vent annonçant un temps bien pourri, et directement Grafvitnir lance les hostilités. Et... dès les premières notes, j’ai tout de suite eu Dissection en tête. Il y a une influence largement remarquable sur le travail des Suédois. Les riffs ont vraiment une saveur de Dissection, et je pense que ça en ravira plus d’un. Petite note sur les vocaux d’ailleurs : ils sont stridents au possible, ça fait un moment que je n’en ai pas entendu de pareils. Tout l’album s’annonce comme un long tour de grand-huit qui nous impose looping sur looping, bosse sur bosse, le tout à grande vitesse. Grafvitnir se repose sur une formule très efficace : agression auditive totale au niveau des percussions, et riffs incisifs. Pas de clavier ou d’autres instruments à ambiance. On n'a pas le temps pour ça, il faut carburer. Et force est de reconnaître que la recette fonctionne car on ne s’ennuie pas une seule seconde. On est littéralement plongés dans l’univers du groupe, et on subit de plein fouet cette allégorie du climat extrême de l’hiver scandinave où les loups hurlent à la mort (comme sur "Vargavinter"). Comment ça, c’est un cliché ?

Il n’y a pas de temps mort dans l’album, et même les petites interludes instrumentales à la "Crossing The Abyss" trouvent leur place dans le schéma global de la structure proposée par le groupe. Bon, pour le coup côté occulte pur on repassera, mais je ne suis pas contre l’escapade nocturne en forêt que les Suédois nous proposent. Le seul défaut que je peux éventuellement formuler c’est qu’effectivement les morceaux sont pour la plupart tous basés sur le même modèle, font plus ou moins la même longueur, et sont un peu tous placés sur le même rythme. En fin d’album, j’étais un peu fatiguée mentalement, mais je ne sais pas si je dois placer le blâme sur mes oreilles qui n’ont plus écouté de black metal depuis un petit moment, ou sur le groupe qui a littéralement craché son venin pendant 40 minutes. Probablement un peu des deux ?

Je suis ressortie satisfaite de cette écoute, contente d’avoir trouvé un nouveau groupe à écouter. Je pense que le risque principal de cet album était de tomber dans un hommage trop flagrant à Dissection. Là, même si on sent clairement que Grafvitnir abrite des fans dévoués, ils ne font jamais l’erreur de tomber dans le copier-coller bête et basique. C’est un bon album de black, avec de bonnes influences, qui ne ment pas sur ce qu’il propose et qui va droit au but. A recommander aux fans de black pur et dur.